Le pitch : deux astronautes américains se retrouvent en perdition autour de notre planète suite à la destruction de la navette spatiale, touchée par une pluie de débris.
Après avoir cassé la baraque aux USA, le film de Alfonso Cuaron a pris d'assaut le box office français. Avec 3,5 millions d'entrées en 4 semaines, Gravity a prouvé qu'il était à la hauteur d'un point de vue commercial.
Mais qu'en est-il du film en lui même ? Simple : c'est un chef d'oeuvre !! Un film extraordinaire, qui donne l'impression d'avoir été tourné dans l'espace par une équipe de la NASA ou de l'ESA ! Un tourbillon d'émotions d'une heure 30 , servi par une 3D époustouflante et sans aucune fausse note (à part peut-être une apparition surprise qui laisser croire pendant quelques minutes que le sérieux technique a été mis au placard. Et encore) , une histoire passionnante dont la simplicité entraîne le spectateur chanceux dans une immersion proprement hallucinante !
Le film démarre par un plan séquence incroyable où la caméra tourne autour de la navette, de Hubble, des acteurs , le tout avec la Terre en arrière plan. Elle se rapproche du chantier spatial, s'en éloigne, adopte le point de vue des protagonistes, plonge vers l'horizon, revient vers la scène, frôle Sandra Bullocks et virevolte autour de Clooney, sanglé dans son "fauteuil" spatial... Le tout servi par une musique qui donne également le ton.
L'émerveillement est total, la 3D est d'ores et déjà au top d'Avatar et on est plongé dans le film, avalé par l'écran. La luminosité de la Terre permet d'accentuer encore la réussite des images. C'est simple, à part 2001, peu de films ont tenté d'aller aussi haut que Gravity. Et combien y sont arrivés ? Quelques séances d'Outland ? Une partie de 2010 ? Les scènes d'approche d'Avatar ? What else ?
Et quand le film a bien émerveillé, montré la beauté de la Terre vu de l'espace et ce rêve d'enfant qu'est le spationaute, tout un coup, l'histoire dérape, le danger surgit via la voix off (de Ed Harris en VO !!) : des débris spatiaux vont détruire la navette, tuer l'équipage et lancer les deux héros dans le vide cosmique, sans aucun espoir de s'en sortir.
Intervient alors la deuxième longue séquence du film : Sandra Bullocks est projeté dans le vide, son affolement devient palpable, la caméra entre et ressort de son casque, inversant le point de vue du spectateur avec le sien. Les images deviennent plus chaotiques, la Terre s'assombrit quand l'actrice le soleil se trouve masqué, la peur est là et bien là. De sublime , Gravity devient hallucinant et tient toutes, je dis bien toutes ses promesses...
A partir de là, de sauvetage en sauvetage, d'incendie en apesanteur dans l'ISS , de pilotage de Soyouz ou de capsule chinoise, le film se déroule sur un rythme d'enfer, toujours servi par une 3D de haut, de très haut niveau. Et pas uniquement pour des plans chocs qui en mettent plein la vue. Mais aussi sur des choses simples : une larme qui flotte devant le spectateur, un objet qui dérive devant vous, un casque qui tourne sur lui même lors d'un "strip tease" spatial rappelant celui de Sigourney Weaver dans Alien... Alfonso a tout compris du médium et de cette technique. Il ne sert pas de la 3D comme un gadget, mais la 3D sert son histoire, ses images, ses plans... Bref, c'est un outil au même titre que les lumières, le son, les effets visuels.
Techniquement, Gravity atteint des sommets que seuls Bay ou Cameron atteignent. Et pour 55 millions de dollars seulement !! Que ce soit les vues de la Terre (mention spéciale à cette vision du Nil éclairant le désert), la destruction des différentes stations spatiales, l'apesanteur, on est bluffé par le travail sur les images. Comme je l'ai écrit plus haut, on croirait Gravity filmé dans l'espace, sans aucun trucage. A ce niveau de réussite visuelle, on ne peut que haïr un peu plus les réalisateurs qui se contentent de lumière fade, de cadre figé ou d'approximation dans leur travail. Le numérique permet décidément tout, mais il ne convient vraiment qu'aux exigeants. Et Cuaron est exigeant !!
Menant tambour battant son héroïne vers le final, Gravity ne laisse que peu de répit au spectateur, mais s'offre le luxe d'étoffer son histoire de révéler ses failles, sa tristesse et c'est finalement dans cette envie de vivre qu'elle trouvera les ultimes forces pour rejoindre notre planète, dans un final largement à la hauteur du film.
Et quand le générique de fin explose dans les enceintes, on se dit qu'on vient d'avoir la chance d'assister à un moment rare, celle où un film vous a touché à la fois l'âme et les sens.
Ce n'est pas donné de vivre cela tous les jours !!