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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 08:10

Le ptich : un jeune garçon, fan du héros d’action Jack Slater incarné par Arnold Schwarzenegger, se retrouve propulsé dans l’opus cinématographique n°4 de son idole !

 

John Mc Tierman est sans doute l’un des plus grand réalisateur d’action de tous les temps. Predator, Piège de Cristal, Une journée en Enfer, Le 13e guerrier, A la poursuite d’Octobre rouge… Excusez du peu. Même ses films « mineurs » comme Thomas Crowne, Rollerball ou Basic sont des films monstrueux ! C’est simple, à part Cameron et Bay, personne, je dis bien personne, ne lui arrive à la cheville.

 

Last action Hero est à la fois son meilleur film et sa plus grande malédiction. Son meilleur film parce qu’il brasse et met à terre tous les thèmes qu’il a contribué à créer, s’autorisant même deux autocitations, une visuelle (la chute de Jack Slater dans le vide), l’autre orale (quand Danny dit « A la fin de Piège de Cristal… »). Sa plus grande malédiction parce que son échec aux USA (à peine 50 millions de dollars, pour un budget frôlant les 90, somme énorme en 93) face aux dinosaures de Spielberg a condamné Mc Tierman  à prendre moins de risque. Et même si Die Hard 3 constituera un autre sommet, les années qui suivront ne lui permettront pas de rester au premier plan.

 

Mais revenons à Last Action Hero. L’objectif premier du film est bel et bien de tordre le cou au genre, de le confronter à ses propres clichés. Et pour cela, Arnold prendra aussi un risque insensé ! Alors qu’il trônait au sommet du monde avec Terminator 2, il choisit de revenir à l’écran avec une comédie d’action. Bruce Willis (Le dernier Samaritain) et Sylvester Stallone (le remake d’Oscar, Arrête ou ma mère va tirer) s’y étaient cassé les dents. Mais Schwarzenegger avait réussi à imposer des films comme Jumeaux ou Un flic à la maternelle. Associé à celui qui a conforté à crédibiliser son image avec Predator, le film ne pouvait qu’être réussi : il propose une histoire à la fois complexe et simple, des scènes d’actions bigger than life où tout est exagéré, et ce dès les premiers moments du film, une succession délirante de guest stars et des plans typiques du cinéma de McTierman. Enfin, l’humour n’y est jamais bébête et Arnold prend un malin plaisir à se moquer de lui, faisant preuve d’une très grande dérision et d’une vision lucide sur son cinéma, son image à l’écran et les films qui l’ont rendu célèbre.

 

Mais le public américain ne l’a hélas pas compris. Vendu comme un film d’action de plus, ce qu’il n’est nullement, Last Action Hero n’a pas su capitaliser ses atouts. Et face à des productions plus directes, comme Cliffhanger, La firme ou Le fugitif, il a rapidement coulé. Heureusement, l’Europe a permis de sauver les meubles avec un accueil plus favorable.

 

Pourtant, cette Rose pourpre du Caire puissance 10 tient du prodige ! Miracle d’écriture, avec une succession de scènes à la fois parodiques (Hamlet version Arnold, démentiel !!) et culturellement bien ancrées cinématographiquement. Les références abondent et ne se contentent pas de plagier les derniers films en date. Ainsi, on peut saisir des moments volés au Parrain, au Septième sceau, à Amadeus, ET, Basic Instinct, T2… La liste est incroyablement longue et témoigne de la volonté acharnée de McTierman de tordre le cou au genre qui l’a rendu célèbre. Même Will le coyote est invité à ce festin esthétique et culturel !! Et c’est là qu’on se rend compte que le créateur de Piège de Cristal a été fortement influencé par le cinéma européen.

 

Bien évidemment, le film déménage et les scènes tournées à Los Angeles, sous une lumière magnifique, témoignent du sens époustouflant du cadrage de McT ! On est clairement dans le film hollywoodien typique des 80’s avec des dialogues improbables, des situations délirantes et plus qu’exagérées, des personnages taillés à la serpe et un environnement artificiel au possible. Ainsi quand Danny compare le commissariat où officie Jack Slater avec celui , réel, où il a dû faire sa déposition, le film met astucieusement en concurrence les deux univers. Cette dualité est renforcée par le travail sur l’ambiance : festive, colorée, chaude dans celui de Jack Slater, blafarde, pluvieuse et triste dans celui de Danny.

 

Mais c’est dans sa dernière partie que Last Action Hero atteint des sommets, quand Jack rencontre Arnold, quand la créature rencontre son créateur et tente de comprendre pourquoi les scénaristes lui font autant de mal. La grande scène d’action lors de la première et le combat final où s’entrechoquent les deux mondes constitue sans doute le travail le plus imposant du réalisateur. Tout y est parfait, que cela soit la dramaturgie, les effets visuels, l’ambiance sous la pluie ! Mc Tierman tient ici une pierre angulaire, la clé de voûte d’un film qui se refuse à toute médiocrité.

 

Analyser Last Action Hero prendrait des pages. Je l’avais d’ailleurs fait dans les années 90 dans un fanzine papier qui eut une brève existence (et dont je ne possède hélas plus un seul exemplaire). Je m’étais même amusé à rependre certains dialogues fabuleux comme la scène où Danny explique au commissaire que Jack est son meilleur ami, surtout depuis que « votre femme vous a quitté pour le nain unijambiste ». Ce passage, somme toute anodin, témoigne de la volonté de ne rien laisser au hasard, de n’avoir aucun plan, aucune scène sans une idée, sans une référence. Rien n’est gratuit dans Last Action Hero, y compris les nombreux faux raccords qui jalonnent le film, le plus facile à déceler étant le moment où Slater rentre dans son appartement sous un soleil éclatant et que la baie vitrée révèle alors une pluie battante.

 

Alors même si le film n’a récolté « que » 49 millions de dollars aux USA,   même si on attend depuis 20 ans une version vidéo digne de ce nom, avec au minimum un making of, même si McTierman semble avoir renié le film, Last Action Hero demeure au panthéon du cinéma ! Un divertissement d’une intelligence rare, trop intelligent peut être, et sans aucun doute le rôle le plus complet d’Arnold avec True Lies !

 

Un jour peut être, le film débarquera dans une version digne de ce nom. En attendant, il nous reste toujours cette version basique pour nous émerveiller et se dire qu’Hollywood peut réserver de sacrées surprises, même si le public ne s’en aperçoit pas toujours.

 

Last Action Hero (*****)
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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