Le pitch : Alors que l’humanité lutte contre une invasion extra-terrestre en Europe, un soldat, initialement chargé de la communication, obtient la faculté de revivre toujours la même journée et va s’en servir pour changer le cours de la guerre.
Deuxième film de SF d’affilée pour Tom Cruise, après Oblivion et la preuve, une fois de plus, que l’acteur sait toujours choisir les projets les plus ambitieux et ne pas se contenter de formules toute faite. Et même si le public US n’a pas suivi autant que l’espérait Doug Liman (le film devrait tout de même atteindre les 100 millions), Edge of Tomorrow s’impose comme un long métrage ambitieux et à la hauteur de cette ambition.
Le principe de la journée éternelle avait déjà été appliqué à la comédie dans le film d’Harold Ramis, un jour sans fin. Ici, le thème est donc repris avec le même brio, et la répétition est faite sous suffisamment d’angles pour ne jamais lasser. Elle est au cœur du film jusqu’au 3e acte, plus court et permet de relancer sans cesse l’action et de faire avancer le thème.
Cette idée permet de voir sous tous les angles l’incroyable scène de débarquement ! Imaginez l’ouverture du Soldat Ryan mixée à Starship troopers, le tout dans un montage incroyablement lisible et vous avez une petite idée du choc ! La brutalité de la bataille, le caractère fuyant des aliens (sans conteste, une vraie réussite), l’utilisation du son et des plans plongeant le spectateur au cœur même des combats justifie à eux seuls la vision du film.
Mais le plus intéressant, au delà des effets visuels impeccables, c’est bien entendu l’évolution du personnage de Tom Cruise. Lâche, manipulateur, cynique et surtout totalement inadapté au combat, il ne devra sa survie qu’à un concours de circonstances. De là, ses multiples renaissances vont lui permettre de s’adapter, de s’aguerrir, de devenir une véritable machine à tuer. Et cerise sur le gâteau, l’effet de répétition induit un léger comique non négligeable. L’acteur investit son rôle (comme à chaque fois) et joue de sa performance physique, n’hésitant donc pas à se mettre dans des situations inconfortables, y compris vis-à-vis de son image. Mais cela fait bien longtemps qu’il se moque de ce qu’il peut renvoyer et ses choix de carrière, bien plus audacieux que ne veulent l’admettre les critiques, restent toujours impeccables.
A ces côtés, Emily Blunt trouve aussi un grand rôle ! Parfaite dans le rôle de la guerrière étant passée par les mêmes affres que Cruise, elle joue donc le rôle du mentor indispensable pour survivre dans cette guerre. Et même si le happy end pourra en indisposer quelques uns, sa relation avec Cruise est d’une logique imparable. Là aussi, le principe de répétition va les amener à se connaître. Enfin, cela va surtout permettre à Cruise de la connaître.
Si le deuxième acte est le plus long, la conclusion du film, plutôt courte, ne permet pas de faire retomber le soufflé, au contraire. Se déroulant à Paris (avec quelques erreurs géographiques, nous dit-on), la conclusion du film ne cède pas à la surenchère du spectaculaire. Au contraire, elle en est presque soft par rapport au reste du métrage. Mais elle permet un achèvement logique de l’histoire et gomme en grande partie l’aspect très jeu vidéo du film. Car, mine de rien, le principe est le même. Quand on joue à Zelda, on progresse à partir de ses échecs. Chaque « mort » nous renvoie au départ (où à la dernière sauvegarde) et doit nous permettre d’éviter une erreur afin d’aller plus loin. Et la chute du boss final récompense alors le joueur.
Dans Edge of Tomorrow, ce procédé est évidemment présent. Mais la maîtrise cinématographique de Liman, le duo Cruise/Blunt, les effets visuels ahurissants évitent l’écueil et permettent au film de se hisser dans les très grands longs-métrages de SF !
Une fois de plus , après le magistral Oblivion, Tom Cruise a su tirer le meilleur parti de son projet. Qu’une partie du public n’ait pas pu le voir n’a aucune importance car l’acteur se retournera un jour forcément sur ses pas et il pourra être fier de sa filmographie. Et dans cette film, Edge of Tomorrow sera logiquement mis en avant !