Le pitch : 15 ans après la destruction mystérieuse d’une centrale nucléaire au Japon, un physicien qui a perdu sa femme dans cette catastrophe tente de découvrir la vérité.
16 ans après la dernière et excellente version de Roland Emmerich, Godzilla revient donc sur les écrans afin de commettre des destructions massives. Et comme à la grande époque des Kaïju, il n’est pas seul et va devoir affronter plusieurs de ces congénères.
Dit comme cela, on pourrait presque résumer le film. Car après une première demi-heure d’exposition, le film démarre sur une trame relativement simpliste, pas si spectaculaire que promis (le réalisateur a pris le parti de souvent filmer du point de vue des personnages, les créatures sont donc juste entr’aperçues) et surtout plombé par un élément de scénario totalement irréaliste. Mais j’y viendrais.
Il est d’ailleurs amusant que la critique continue à casser le Godzilla d’Emmerich alors que ce dernier film offrait tout ce qu’il promettait : des scènes spectaculaires, un monstre visible sous toutes les coutures, de l’action dans le plus pur style pop corn et même un rebondissement bienvenu sous la forme des Mini-Godzilla. Quand aux personnages, n’en déplaisent aux fans du Emmerich bashing, ils avaient une véritable existence et des motivations claires.
Vous l’aurez compris, j’ai été quelque peu déçu par ce Godzilla 2014. Il est vrai que j’en attendais bien plus et il a , de plus, l’inconvénient de sortir un an après Pacific Rim, film pas totalement réussi certes, mais au moins, on sentait l’amour de Del Toro pour les Kaïju. Ici, on la désagréable impression d’être face à un blockbusters cynique, réalisé non pas par passion, mais par pur mercantilisme. Ce n’est pas un défaut en soi (certains films commerciaux sont passionnants à voir), mais ici, malgré le côté réaliste et psychologique, la machine tourne un peu à vide. D’ailleurs d’un point de vue recettes, en valeur absolue, le film d’Emmerich a bien mieux marché.
En fait, le principal défaut du film est de ne pas avoir de point de vue clair. Qui est le héros ? L’ingénieur américain qui perd sa femme dans un « accident » nucléaire ? Son fils qui entre dans l’armée pour faire le deuil de ce drame ? Godzilla lui même , venant d’on ne sait où et qui va se battre contre les deux autres monstres sans que l’on sache pourquoi ? Le film d’Emmerich présentait tous ces points de manière bien plus claire et donnait des réponses.
Autre soucis de Godzilla 2014, l’abracadabrantesque origine des monstres. Peut-on sérieusement penser que des autorités quelconques vont « élever » un Kaïju ? Certes, il faut un point de départ, mais dans le même ordre d’idée, la faille du pacifique était une explication bien plus crédible. Il faut donc gober une énormité avant de rentrer dans le film. Pas facile.
Bien entendu, le film n’est pas un ratage, loin de là. Malgré des personnages bien moins développés que le marketing nous l’a fait croire, on s’attache à eux et à la façon dont ce combat de titans va affecter leur vie. Bien entendu, on n’échappe pas à certains hasards heureux (comme dans n’importe quel film de ce genre), mais globalement, on est quand même loin de personnages interchangeables.
Visuellement, le film souffle le chaud et le froid. S’il n’y a rien à redire sur les effets spéciaux, magistralement intégrés, le parti pris de montrer le film dans un style « réaliste » est parfois frustrant. Soyons honnête : dans ce genre de métrage, on veut voir du Kaiju piétiner de la cité urbaine. Or, ce n’est vraiment le cas que vers le dernier tiers. Dans les deux premiers actes, on devine plus souvent qu’on ne voit. Ce qui marchait très bien dans Cloverfield. Mais qui est moins efficace ici. De même, l’introduction de Godzilla dans le film d’Emmerich était , à mon avis, bien plus réussi, avec l’arrivée progressive des traces, des griffes… Le réalisateur allemand avait repris la trame ce qui lui avait si bien réussi dans ID4 quand il dévoilait peu à peu les Aliens.
Là, la progression est quelque peu artificielle et surtout , comme certains pistes de départ son abandonnées, on a un peu de mal à être étonné. Enfin, et je clouerai ainsi le bec à certains détracteurs d’Emmerich, cette cuvée 2014 présente des scènes « légèrement » copiées sur le film de 1998 comme, par exemple, le passage du monstre dans la ville vue de l’intérieur d’un building.
Heureusement, la dernière demi-heure offre enfin au public un spectacle digne de ce nom, où la dimension dramatique des affrontements, totalement absente chez Emmerich (cela avait été largement pointé à l’époque) est douloureusement présente. Quand des créatures de 100 m de haut s’affrontent dans une ville, cela fait des morts, des drames. Le parti pris « réaliste » se justifie alors que même l’apparition du souffle nucléaire de Godzilla ne distrait pas.
On notera également le clin d’oeil au nom japonais dans les derniers instants du film quand la créature est qualifiée de Roi des monstres par les médias.
En résumé, Godzilla 2014 est loin d’être le chef d’oeuvre vanté à droite et à gauche. Pour ma part, il n’arrive pas à la cheville du film d’Emmerich, mais une fois l’histoire en place, il se laisse agréablement regarder. Sans doute était-il plus spectaculaire au cinéma (je l’ai vu sur mon Home Cinéma perso, mais pas en salle) et en 3D, mais un très bon film doit pouvoir passer la barre de la maison.
Les résultats mondiaux, couplés à ceux des USA se montent à 524 millions, soit 2,5 fois son budget. Pas sûr cependant que cela soit suffisant pour envisager une séquelle.
Avec un scénario plus touffu cette fois ?