Le 5e module est consacré à la forêt noire. Là aussi, énormément d’écrans verts, même si leur nombre est moins important que chez les Elfes. La palme revient tout de même à la scène où Bilbo émerge de la canopée. A l’écran, une forêt immense baignée par une lumière rougeâtre , en réalité, quelques branches sur une petite plateforme qui tourne. On se rend compte du travail fabuleux accompli par Weta. Autre détail amusant, l’entrée dans la forêt avant que Gandalf ne s’en aille. Tournées à un an d’intervalle, les scènes n’ont pas bénéficié de la même météo et il a fallu ajouter de la pluie sur les premiers plans !!
Gros focus sur le tournage avec les araignées. Enfin, avec les accessoires plus ou moins « réalistes » pour figurer les araignées qui seront créées en image de synthèse. Acteurs se battant dans la vide, nains tirant des bouts de caoutchouc censés figurer des pattes, Bilbo enfonçant Dard dans des blocs verts… Tout y est ! Mais le clou est la scène où les nains sont engoncés dans les cocons et la toile : une scène pas très agréable à tourner et qui permet à Jackson de martyriser, selon ses propres mots, ses acteurs. Toujours cet aspect bon humeur du tournage. Mais chose étonnante, le module consacre au moins 5 bonnes minutes à l’addiction du réalisateur pour le thé. D’après l’un des intervenants, il en boit 22 tasses certains jours !!
L’un des grands ajouts de la version longue est la présence bien plus importante de Beorn, personnage que l’on retrouve, dans le roman en tout cas, lors de la grande bataille finale. Ce module est donc totalement consacré aux tournages des scènes de sa maison. Une partie fut tournée en extérieur dans un cadre magnifique rappelant quelque peu la Suisse. L’utilisation d’écran vert devant un tel paysage étonna d’ailleurs les acteurs, mais cela permettait d’avoir le cadre sous deux angles différents, notamment pour les scènes où Beorn coupe du bois (vu le nombre de prise, il a du mettre de côté suffisamment de stères pour passer 3 ou 4 hivers). Cette partie du making of vaut le coup d’oeil quand l’un des assistants de Jackson doit se rendre en catastrophe dans le patelin le plus proche pour y trouver un forgeron afin qu’il fasse une hache plus grande. Le tout dans la journée. C’est dans ces moments que l’on se rend compte que les responsables du making of ont absolument tout couvert et filmé !! Je n’ose imaginer le nombre d’heures de rush qui a fallu analyser pour arriver aux différents reportages.
Puis c’est au tour des scènes d’intérieurs, construites sur la même technique que celle de Cul-de-sac avec un décor sur-dimensionné pour les nains et un autre en vert pour Beorn. La prouesse technique est toujours aussi impressionnante car totalement invisible, même si l’acteur incarnant Beorn se désole de devoir parler à des balles de ping pong.
Enfin, un passage assez rigolo voit les acteurs « philosopher » sur le fait de jouer des scènes d’intérieur à l’extérieur et vice versa.
L’arrivée à la montagne solitaire est l’un des points d’orgue de ce deuxième épisode et, finalement, la seule vraie raison de la quête de Thorin. Une fois de plus, le travail sur les décors est magnifique, avec notamment la tête de la statue que, coïncidence (?), la ressemblance avec Thorin va sauter aux yeux lors d’un plan que Jackson va trouver un peu par hasard. Pour le reste, on est dans du classique : un décor bourré de détail, étendu en numérique, une vraie fausse porte avec le premier couloir d’Erebor tout aussi détaillé et qui permet aux nains d’être authentiquement émus quand ils reviennent dans leur foyer. Et un superbe travail sur les éclairages, que cela soit la rougeur d’un soleil déclinant ou la lumière froide d’une lune d’hiver. C’est l’occasion d’admirer aussi les dessins de Lee et Howe, indiscutables créateurs de cet univers imaginé par Tolkien.
La découverte de la tanière de Smaug devait être un choc pour le spectateur. Elle le fut. Mais sa conception n’est pas mal non plus. Alors que l’on aurait pu croire à de tout numérique, il apparait qu’une portion non négligeable du décor fut construit en dur, avec des éléments modulables, ce qui permettait de modifier les angles et les prises de vues. Mais quand , via un petit avant/après, on voit comment ce décor déjà conséquent devient minuscule dans l’extension 3D finale, on ne peut qu’être époustouflé par le travail de Weta. Une fois de plus.
Tout aussi étonné par le trésor lui même : des palettes, puis des sacs de sables, puis des éléments où sont collés fausses pièces et objets en or, puis 290 000 fausses pièces et enfin de véritables pièces qui avaient la fâcheuse habitude de s’enfoncer sous les fausses , justifiant le proverbe médiéval « La fausse monnaie chasse la vraie ». Chaque pièce, vraie ou fausse, bénéficiait d’un travail remarquable alors qu’on ne les voyait quasiment pas à l’écran. Il fallait de plus rechercher les vraies sous les fausses après chaque prise, car les Martin Freeman et les membres de l’équipe avaient bien du mal à marcher dans cette amas de pièces, s’enfonçant , trébuchant et tombant à qui mieux-mieux.
L’autre aspect de module, c’est évidemment Smaug. Même si le dragon a été reconstitué en image de synthèse, il fallait bien une voix pour donner la réplique au Hobbit. Et vu que Benedict Cumberbatch fut un temps retenu sur Star Trek (on le voit quand même dans le module), c’est une des assistantes de Jackson qui fut chargée de dire ses répliques. A ce moment, on ne peut qu’admirer le talent de Freeman, chargé de converser avec une créature invisible tout en regardant une sphère verte.