J'arrive enfin au bout de cet énorme making of qui, mine de rien, s'est consacré quasi uniquement sur le tournage. Certes, on y a parlé d'extension 3D ou de créatures en image de synthèse, mais le gros de ces 5 heures, c'est ce qui se passe devant la caméra.
Les modules 9 et 10 sont axés sur la fameuse descente en tonneau, bien plus complexe dans le film que dans le livre. D’ailleurs on apprend que La communauté de l’anneau devait comporter une poursuite sur la rivière avec la communauté (moins Gandalf) attaquée depuis la rive par des Orcs. Comme le dit Jackson, il a juste suffit de reprendre les stoyboards. Ce qui est le plus fou est que les décors de cette scène furent montés, mais détruits par des intempéries. Cela rappelle un peu la séquence de wagonnets d’Indy 2 qui aurait du être dans Les aventuriers…
Le premier de ces modules s’intéresse au tournage en extérieur, dans le décor naturel magnifique d’une petite rivière. Tout serait idyllique sauf que à cette époque de l’année, l’eau y est glaciale. Et malgré toutes les précautions prises (tonneaux lestés, combinaisons isothermes…), il est clair que cette partie du tournage ne fut pas une partie de plaisir d’autant plus que les costumes se gonflent vite d’eau. Ainsi, Bombur pèsera jusqu’à 170 kg. Mais la beauté des images valait tous ces sacrifices. Et vu la bonne humeur sur le tournage, il aurait été dommage de tout faire en CGI.
Puis la suite du making of s’intéresse à la même séquence, mais en studio. Après avoir construit une espèce de piscine en circuit fermé, afin de bien contrôler le débit de l’eau, mais aussi la quantité à balancer sur les acteurs, Jackson conclut donc cette séquence qui aurait dû être le final du premier film. Comme toujours, la différence entre ceux qui a été filmé et le résultat à l’écran est incroyable. La production est certes énorme, les moyens colossaux, mais il faut une sacré dose de talent pour agencer tout cela. Et du talent, Peter Jackson en a à revendre.
Pour donner plus d’impact à la scène, on le voit aller filmer une vraie chute dans laquelle ont été balancés des tonneaux vides. Les effets visuels rajouteront plus tard les nains.
Le module se conclut par le travail de Légolas lors de la fameuse poursuite : cascades sur fond vert, combat avec des ennemis invisibles (enfin, presque, disons plutôt des Orcs tout vert !!) et la fin du travail de la seconde équipe, avec un Andy Serkis tout ému de la chance qu’on lui a donnée.
Le module 11 s’intéresse au retour à Bree,suite à la décision de faire 3 films,de modifier la structure de l’histoire et de rajouter une séquence d’introduction tirée des appendices du retour du roi, Pour ce faire, il fallu refaire les décors de Bree presqu’à l’identique que dans La communauté, Jackson reprit son fameux rôle de l’homme à la carotte et plaça sa famille dans les caméos, ainsi que celle de son scénariste. Mais alors que le Bree de la communauté était un puzzle de décor, ici, c’est un véritable pub, dans une petit dédale de rue , composé de maisons de Lacville redécorées, qui donne me à la rencontre entre Gandalf et Thorin. Comme toujours, le soucis du détail est permanent et les acteurs prennent un grand plaisir à cette scène très simple, mais qui donne énormément de détail sur l’histoire.
Une autre séquence non prévue au départ est au coeur du 12e mondule , celle avec les forges d’Erébor. On peut donc voir la construction de ces 20 minutes d’actions additionnelles avec un tournage à l’aveugle, des idées qui arrivent au fur et à mesure et la construction de la séquence pas à pas (Ainsi la statue qui fond fut imaginée par Alan Lee en quelques dessins) et un travail dans des temps très courts. En fait, la décision de rajouter cette grosse scène, qui devait devenir le climax de La désolation fut prise en mai, pour une sortie en décembre ! Soit 6 mois ! Et ce qui devait être juste le tournage de plans additionnels se transforma en une course contre la montre à tous les niveaux. Il est intéressant de voir que Jackson tourna déjà des plans très génériques voire bateaux, puis les monta afin d’avoir plus d’idées. Cela lui permit de créer une véritable course poursuite mortel dans les labyrinthes d’Erebor. L'un des clous de ce module est de voir le réalisateur seul dans l'espace de capture Mocap jouer avec sa caméra en imaginant les mouvements de Smaug. Comme il le dit, cela lui rappelle sa période Super 8 (et nous permet de voir une image du tournage de Bad Taste)
Cela permet aussi d’avoir un gros zoom sur le son, avec un mixage en catastrophe, où 3 monteurs travaillent de concerts des heures durant afin de livrer à temps, soit quelques jours avant la sortie du film, la scène terminée. Le moment où le réalisateur a l’idée de couper la musique sur la phrase de Smaug « Je suis la mort » est immortalisé dans le making of.
Ce module est absolument ahurissant : voir une production à 500 millions de dollars se permettre une telle improvisation a tout de même quelque chose de terrifiant. Et montre que la décision de faire 3 films ne fut pas que dictée par l’appât du gain et qu’elle compliqua terriblement la production du Hobbit.
Enfin, un tout petit module « …dans le feu » donne un aperçu très court de La bataille des 5 armées. On peut y voir quelques scènes de la destruction de Lacville ainsi que l’affrontement entre les nains, les hommes, les elfes et les orques. 4 minutes qui mettent vraiment l’eau à la bouche !
5 heures de très haute volée donc, qui devraient couvrir de honte tous ces éditeurs sans vergogne qui nous balancent des featurettes de 5 minutes sur des films énormes ! N’est-ce pas Disney ? Comparez donc les making of des films Marvel avant qu’ils ne passent dans le giron de la firme à la souris et ceux sortis dernièrement. Et craignez pour le making of du prochain Star Wars !! Vous n’aurez pas droit aux merveilleux reportages de Lucasfilm.
Jackson lui sait en donner au public et au cinéphile pour son argent. Sa passion est à l’écran dans ces reportages. Et rien que pour cela, on ne peut que le remercier.
La suite avec le deuxième Blu-ray de bonus !!!