Le pitch : alors que Barde réussit à tuer Smaug, la compagnie des nains prend possession d'Erébor. Mais la fièvre de l'or va alors plonger Thorin dans la folie.
Et c'est dans le fracas de la guerre que se conclut la trilogie du Hobbit ! Une conclusion à la hauteur du livre et qui le dépasse même par le luxe de détail et de sous-intrigues se terminant, ainsi que l'amorce des pistes qui conduisent au Seigneur des anneaux !
Désamorçons tout de suite une première polémique. Oui, la mort de Smaug est expédiée en quelques minutes. Mais d'une part, quelles minutes !!! et d'autre part, il en est de même dans le roman. Quand j'ai lu Le Hobbit pour la première fois, il y a plus de 35 ans (après avoir lu Le seigneur des anneaux), j'avais déjà été extrêmement déçu car je m'attendais à ce que Smaug apparaisse plus vite et qu'il ait un rôle plus important. Mais tout comme Sauron, on en parle souvent, mais on le voit peu. En fait, en étant réducteur, Smaug n'est qu'une péripétie parmi d'autres, au même titre que la rencontre avec Béorn ou le combat avec les Araignées.
Peter Jackson a donc choisi de s'en tenir au livre : Smaug sème la mort avant de périr de la main de Barde et de la dernière flèche noire. Mais cette amorce du film est tellement bien filmée, tellement menée de main de maître qu'en rajouter n'aurait eu que peu d'intérêt. Le seul reproche que l'on pourrait faire c'est que ce départ très abrupte prouve que le cinéaste avait bien l'intention de ne faire que deux films. La toute première scène de Lacville suit exactement le cliffhanger qui voyait Bilbo s'épouvanter en voyant l'envol du dragon.
Toute proportion gardée, on se trouve donc face à une scène obligatoire, permettant de clore un fil de l'histoire, de la même façon que Le retour du Jedi s'imposait le passage chez Jabba afin de récupérer Yan Solo.
Une fois Smaug mort, il reste donc à Jackson de conclure les deux derniers évènements de sa trilogie. Si la libération de Gandalf surprend quelque peu (l'arrivée du trio Elrond-Saroumane-Galadriel est quelque peu artificiel, et il est clair que la version longue en rajoutera, notamment avec Saroumane), la fameuse bataille des cinq armées vaut à elle seule la vision du film.
Pendant presque une heure, et après avoir pris son temps pour mettre les forces en présence, que cela soit les hommes, les elfes, les orcs et les nains, dans une débauche d'idées (Dàin chevauchant un porc !!!) et de visions grandioses, la grande bataille se déroule sous nos yeux sans aucun temps morts.
Mais avant cela, le film prend soin de plonger dans la folie de Thorin, de redonner la parole à Bilbo (très effacé dans les derniers actes du roman) et de se servir d'un petit flashback pour nous dire ce qui est arrivé à l'Arkenstone. Là aussi, Jackson suit le roman quasiment à la lettre. La performance de Richard Armitage en devient grandiose et toute la noirceur que l'on devinait dans les premiers épisodes éclate au grand jour. Thorin est pris du même mal que son grand père, devient aveugle à l'amitié et à ses promesses. Sur ce point, La bataille des 5 armées est une véritable réussite, d'autant qu'elle ne passe pas par des effets visuels ou des décors, mais uniquement par les yeux de son personnage.
Quand la bataille démarre, Elfe, hommes et nains se font face. L'arrivée des Orcs va remettre l'alliance traditionnelle au centre et les combats vont alors devenir un combat pour la liberté de la Terre du milieu ! Ce qui fait la force de cette partie du métrage, ce ne sont pas tant les chocs entre armées, l'arrivée des Mangeterre, la résistance des hommes dans Dale, c'est surtout le retour de Thorin à la raison et son duel avec Azog ! On passe d'un affrontement de masse à un combat mano à mano qui se concluera par la mort des deux protagonistes. Kili et Fili seront également victimes de cette bataille, une conclusion logique (elle est dans le livre), mais le soin qu'avait apporté Jackson à mettre en lumière la romance entre Thauriel et Kili pouvait laisser croire qu'il modifierait ce destin cruel. Le cinéaste montre ici son profond respect à l'oeuvre de Tolkien.
Tout comme il ose assommer Bilbo qui n'assiste donc pas à la victoire finale, voyant juste l'arrivée des aigles et de Béorn (une nouvelle fois très effacé dans la version cinéma, mais qui obtiendra sans doute plus de scènes dans la version longue). Là aussi, ce passage dans le livre est très frustrant, mais cela permettait à Tolkien de raconter la bataille par d'autres yeux que Bilbo.
Et quand la bataille s'achève, la menace est provisoirement levée, même si Gandalf soupçonne Bilbo de ne pas lui avoir dit toute la vérité. Il ne reste plus qu'à laisser chaque personnage reprendre le cours de sa vie , tout en achevant de tisser des liens avec Le seigneur des anneaux.
Au final, on est bien au delà d'une simple conclusion. Et sans atteindre la perfection du Retour du roi, La bataille des 5 armées confirme ce que l'on pressentait dès Un voyage inattendu : il fallait bien avoir une vision d'ensemble pour juger vraiment de cette trilogie.
Et même si je me permettrais quelques articles plus longs à ce sujet, pour moi, la conclusion est évidente : Le Hobbit version Jackson est une grande trilogie, un ensemble de film qui rend hommage et prolonge un petit livre génial destiné aux enfants. Mais, comme l'avait prévu CS Lewis dans une chronique restée célèvre, un livre que les enfants comprendront mieux encore une fois adulte.
Alors foin de cynisme. Jackson offre un dernier tour en Terre du Milieu. Il serait bien sot de ne pas se laisser embarquer. La bataille des 5 armées mérite bien son succès tout comme le cinéaste et son équipe méritent bien tous nos remerciements pour nous avoir offert un nouveau merveilleux voyage.