Le pitch : alors qu’il se rend à Istambul avec sa fille et son ex-femme, Brian Miles doit essuyer la vengeance du père d’un des voyous albanais qu’il a tué à Paris.
Après un premier épisode réussi , qui menait Liam Neeson dans une vengeance impitoyable dans notre capitale, le succès a logiquement commandé une séquelle. Et si on pouvait craindre une impression de déjà vu, le scénario a habilement esquivé ce soucis en inversant les rôles (cette fois c’est Miles qui est enlevé et c’est sa fille qui va l’aider - grâce aux indications de son père). Dégraissé jusqu’à l’os (quasiment aucune séquence inutile, de bavardage ou même de clichés touristiques sur Istambul destinés à gonfler le métrage), l’histoire avance donc de manière linéaire, mais sans temps morts, avec son lot de morts violentes, de cascades à l’ancienne et de course poursuite dans une cité tentaculaire.
A ce niveau, Taken 2 est une réussite. Bien entendu, comme pour le premier épisode, on peut quelque peu tiquer sur le facteur chance plutôt important de Miles ou son invulnérabilité quasi surhumaine, mais si l’on accepte cet état de fait, il n’y a aucune raison de ne pas se laisser entraîner dans cette chasse mortelle.
D’autant que Besson et Morel ont habilement modifié les enjeux. D’une part en plaçant l’action dans une ville que le héros maîtrise, mais pas le public. Et le public voit désormais par les yeux de sa fille. S’il est conscient de la situation du héros, il avance dans le noir quand à la résolution de sa libération comme sa fille qui doit faire une confiance absolue à son père. Et dans la dernière partie du film, quand Miles est libéré et qu’il peut laisser libre cours à sa colère, on se retrouve en terrain connu, celui du premier Taken.
Il fallait un acteur de premier plan pour incarner un tel personnage. On sait que Taken avait reboosté la carrière de Liam Neeson, carrière qui l’avait cantonnée , depuis La menace fantôme, aux rôles de mentor (il suffit de revoir Kingdom of Heaven pour s’en rendre compte, ainsi que sa participation vocale à Narnia). Or Neeson est un acteur solide, dont la présence à l’écran est énorme. Le retrouver dans un registre d’action n’est en aucun cas un contre-emploi. Dans les années 80, Neeson aurait fait des films comme Commando ou Piège de cristal. Ici, il est donc à nouveau parfait dans ce rôle d’ex-militaire rompu aux arts de combats les plus brutaux. Alors, bien entendu, les puristes pourront à nouveau trouver que sa progression contre les vilains est un peu trop « facile », mais après tout, un type surentraîné comme le sont les forces d’élite n’a-t-il pas quelques longueurs d’avance sur des voyous lambdas ?
Si la mise en scène de Pierre Morel est efficace, à défaut d’être très personnel, un autre atout du film est de bien utiliser le décor qu’est Istambul, ville énorme, à la frontière entre l’Europe et l’Asie. Il est amusant de voir que Skyfall y avait aussi planté ses caméras et le spectateur remarquera forcément les similitudes entre les deux films. Mais dans Taken, il y a une quasi unité de lieu : l’histoire commence dans l’ancien empire Byzantin (les Balkans) et y trouve sa conclusion. On notera un excellent travail sur la lumière orientale, qui donne un cachet très original au film.
Enfin, la voix off utilisée par Neeson lors de son « enlèvement » permet de donner à la fois des indices aux spectateurs mais aussi d’anticiper sur les évènements à venir. Cette idée brillante empêche les Deus ex Machina et surtout permet de plonger dans la tête du héros. On n’a pas uniquement affaire à un tas de muscles, mais bel et bien à une personne qui sait utiliser son cerveau.
Taken 2 est donc une séquelle réussie, divertissante et a su prendre le meilleur du premier film, tout en renforçant les qualités du héros. L’affrontement final où il donne le choix à son ennemi n’en est que plus prenant.
Le succès ayant été à nouveau au rendez vous, un troisième épisode sera mis en chantier. Et encore cette fois, le scénario saura éviter l’effet de répétition. Mais nous verrons cela un peu plus tard.