Le pitch : afin de lutter plus efficacement contre les menaces qui pourraient peser sur la Terre, Tony Stark et Bruce Banner mettent au point une riposte robotique nommée Programme Ultron. Mais cette dernière va acquérir une autonomie qui va le pousser à vouloir éradiquer l’humanité.
Après l’énorme succès du premier Avengers (mine de rien, 3e recette mondiale après Titanic et Avatar), la pression qui pesait sur toute l’équipe créative, Joss Whedon en tête, était énorme. Si on y ajoute que les films Marvel qui avaient succédé à la première réunion de l’équipe (Iron Man 3, Thor 2, Captain America 2) avaient TOUS mieux fait que leur opus précédent et que même Les gardiens de la Galaxie avait été un succès sans précédent, la barre devenait incroyablement haute.
Du coup, et c’était sans doute la meilleure option, Whedon ne s’est pas contenté de faire une séquelle basique, mais il a préféré partir dans une direction quelque peu différente. Tout d’abord en y introduisant de nouveaux personnages , au premier rang Vif-Argent et La sorcière rouge. Puis en liant ses évènements à ceux intervenus à la fin du soldat de l’hiver. Et enfin, en prenant le temps, après une énorme séquence d’ouverture, de développer son intrigue. Du coup, on pourrait ergoter sur le fait que le 2e acte se déroule quelque peu lentement, même si un combat épique entre Hulk et Iron Man donne sa dose d’action aux fans !
On sait que Marvel développe son univers cinématographique de manière très précise, en prenant soin de bien lier les films entre eux que cela soit par des personnages (apparition ici du Faucon) ou des évolutions de la situation (les Avengers oeuvrant pour éliminer l’Hydra qui contrôlait le Shield). Il est d’ailleurs amusant de voir que la version grand écran de Marvel est en train de devenir plus rigoureuse que celle des Comics où, à coup de Relaunch, de ré-écriture des origines ou de changement de direction totalement incongrus, la maison des idées en train de rendre son univers totalement incompréhensible.
Rien de tout cela au cinéma donc. Les films s’emboîtent les uns dans les autres, les évènements des uns ont des répercutions dans ceux des autres, de nouveaux personnages remplacent les anciens…
La gageure d’Avengers est de faire exister 6 personnages fort différents, sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. Dans ce 2e opus, chaque avengers a son moment fort, mais l’accent a été mis sur Oeil de Faucon. On sait que Jeremy Renner avait été déçu du traitement de son personnage dans le premier film et de sa manipulation par Loki. Ici, on pénètre dans sa vie de « tous les jours », même si ses origines sont encore floues. Cela offre une pause rafraîchissante dans un déluge d’effets visuels impeccables et oblige les autres personnages à se poser de véritables questions sur leurs motivations, leurs faiblesses, leurs angoisses. Une scène, visible dans l’une des bandes-annonces, montre d’ailleurs les héros dans l’intimité de l’appartement de Stark tentant de soulever le marteau de Thor.
Bien entendu, le spectateur vient voir ce type de film pour admirer les exploits surhumains. Il est clairement servi ! De l’assaut de la forteresse de l’Hydra, en passant par le combat Hulk/Iron Man, la naissance d’Ultron, l’apparition physique de Vision (impeccable Paul Bettany qui, jusque là, se contentait d’être la voix de Jarvis) jusqu’à l’incroyable combat final, qui réussi à surpasser la bataille de New York , on en a vraiment pour son argent. Le montage est en grande partie responsable de cette réussite. Les séquences sont lisibles et Whedon multiplie les plans iconiques comme celui , lors de la séquence d’ouverture, où au ralenti, les Avengers se lancent à l’assaut dans une image que l’on croirait sortie de la BD !
Mais l’aspect le plus réussi du film est bel et bien Ultron ! Si dans le Comics, ce robot maléfique a été créé par Hank Pim (l’homme fourmi), présenté comme un génie égal à Tony Stark, dans le film c’est bien Iron Man qui, par mégarde, provoque son apparition. A l’instar du Skynet de Terminator, Ultron comprend rapidement que l’humanité menace la planète et qu’il faut donc la détruire. Et si sa première incarnation, faite de bric et de broc, est encore bien chancelante, au fur et à mesure que le film avance, son apparence physique va aller croissante et sa malfaisance ne fera que grandir. La voix de James Spader, acteur trop peu présent sur le grand écran (personne n’aura oublié le rôle de Daniel dans Stargate), offre toute la majesté qui sied à Ultron.
On pourra ergoter sur le fait que le film passe un peu trop vite sur certains aspects d’Ultron voire que ce dernier ne donne pas toute sa mesure et sa toute-puissance. Mais en ce cas, l’espoir serait-il possible ? Il est également dommage que le destin d’un des personnages soit expédié si rapidement. Quelques raccourcis du scénario sont aussi à noter (notamment le retour de Nick Fury) et je regrette certaines « trahisons » par rapport aux comics. Cela dit, pas sûr que le grand public s’en rende compte.
L’ère d’Ultron remporte donc son pari. Certes, l’effet de surprise n’est plus maximum et la partie centrale un peu lente empêche le film de décoller complètement. Mais en tout état de cause, on ne peut que louer Marvel de vouloir toujours tirer son univers vers le haut, de ne pas se contenter du minimum et de jouer la carte de la cohérence. Cette 2e phase étant désormais terminée, il va être intéressant de voir comment Marvel va organiser ses films pour arriver aux deux volets du Gant de l’infini, le prochain Avengers et dont on a un petit aperçu dans la traditionnelle scène post-générique.