Le pitch : 20 ans après les évènements tragiques de Jurassic Park, le rêve de John Hammond est devenu une réalité : le monde entier se presse pour voir les dinosaures évoluer sur Isla Nubar à Jurassic World. Mais les visiteurs en veulent toujours plus. InGen crée alors une nouvelle espèce de dinosaure, l’In dominus Rex. Mauvaise idée car ce dernier va rapidement semer la panique dans le parc.
Autant le dire tout de suite, 14 après un 3e épisode sympathique mais qui ne faisait pas vraiment avancer la chose, je pensais que Jurassic World serait une honnête séquelle, avec de grosses séquences d’action. Les premières bande-annonces allaient d’ailleurs dans ce sens. Sauf que , quelques éléments ravivaient l’attente qui avait précédé Jurassic Park étaient présent dans les trailers, notamment ces passages où l’on voyait les visiteurs évoluer parmi les dinosaures. Et petit à petit, l’attente a grandi. Les premiers échos des internautes ayant vu le film étaient bien plus positifs que les critiques. Et au final, c’est avec la sensation de revenir 22 ans en arrière que l’on assiste à un spectacle total et à une réussite éclatante !
Colin Trevorrow a parfaitement assimilé les leçons de Steven Spielberg. Il présente rapidement ses personnages, fait un tour rapide du parc, expose les enjeux (la création du nouveau dinosaure) en quelques scènes puis introduit le grain de sable dans la machine qui va faire que, comme d’habitude, rien ne se passera comme prévu. Mais à la différence de la première trilogie, le spectateurs aura eu une petite idée du rêve réalisé de John Hammond. A cet égard, la scène avec le dinosaure marin dévorant un requin est un sommet ! Le parc est devenu réalité, les visiteurs se pressent dedans et dépensent des fortunes. Les dinosaures sont devenus des attractions que l’on peut câliner ou chevaucher pour les plus petits, et pour les plus grands de formidables machines à tuer.
Cette première partie permet donc de découvrir le nouvel environnement, les nouveaux personnages et les nouveaux enjeux. En plaçant la recherche d’un point de vue strictement mercantile, le script ne fait qu’entériner, hélas, une réalité bien ancrée dans notre société. Mais comme dans les films de Spielberg et Johnson, la nature aura fatalement le dernier mot et les Prométhée d’In Gen n’ont toujours pas appris de leurs erreurs.
Dès que In Dominus rex parvient à s’échapper, le film bascule dans le rollercoaster classique. Mais quel rollercoaster !! Les scènes d’anthologie se succèdent et la perfection des effets visuels immergent totalement le spectateur dans une course haletante. Et même si certains personnages sont trop rapidement esquissés (les militaires notamment), ils sont suffisamment charpentés pour que l’on s’y attache. Bien entendu, le duo Chris Pratt/Bryce Dallas Howard fonctionne sur le classique schéma chien/chat et l’on se doute bien que le couple sera reformé à la fin du film. Mais qu’importe, vu que c’est bien fichu et bien amené, on plonge.
Les seconds rôles ne sont pas en reste que cela soit les enfants (un classique de Jurassic Park que de mettre des gamins dans les pires situations) ou Omar Sy, dont le rôle n’est pas si tenu que cela, contrairement à certains articles que l’on peut qualifier de mensongers. L’acteur français s’en tire plutôt bien et ne semble pas écrasé par l’ampleur de l’entreprise. Au contraire, il évolue tranquillement dans cet univers très codifié et , avec de bons choix de carrière, pourrait vraiment faire sa place à Hollywood. Il a d’ailleurs bien compris qu’il lui fallait déjà passer par des rôles moins importants, comme sut le faire Antonio Banderas dans les années 90.
Les critiques ont fait la fine bouche et l’on peut les comprendre. Jurassic World ne propose pas une réflexion profonde sur notre univers. Mais à aucun moment , il n’en a eu la prétention. Comme pour les premiers films, le but ici est d’assouvir les pulsions primaires du spectateur, son cerveau reptilien en quelque sorte. On vient voir Jurassic World comme on monte dans Space Mountain : pour en prendre plein la vue !! Et ici, le pari est remporté plus que haut la main ! Entre l’attaque des ptéranodons sur une foule paniquée (et où une nurse se fera trucider de manière encore plus sadique que l’avocat du premier film), la chasse des Raptors, le combat final, les nombreuses courses-poursuites dans la jungle, le film en donne pour son argent !
Evidemment, à côté de blockbusters moins consensuels comme le dernier Mad Max ou Jupiter Ascending, on pourrait ergoter que le film manque de surprise et caresse le spectateur dans le sens du poil. Mais honnêtement, où est le problème ? Jurassic World ne se prend pas pour autre chose qu’il ne l’est, tout comme Jurassic Park n’a jamais cherché à être autre chose qu’un divertissement , une série B de luxe. Spielberg l’avait conçu pour pouvoir tourner La liste de Schindler tranquillement. Ici, le but d’Universal est de faire des entrées et d’offrir au public ce qu’il demande.
Mais, surprise, Jurassic World se permet aussi quelques pauses réussies, comme cette scène où Pratt et Howard assistent à la mort d’un brachiosaure ou ce passage dans les locaux désormais abandonnés du premier film. De nombreux clins d’oeil à Jurassic Park émaillent d’ailleurs le film. Les cyniques y verront un manque de renouvellement et une auto-satisfaction à se citer. J’y vois plutôt un bel hommage et une volonté de marcher dans les pas d’un géant du divertissement.
Comme en 1993 et 1997, on marche donc à fond ! On s’en prend plein les mirettes et on frissonne gentiment. Le triomphe absolu du film (524 millions de dollars en 5 jours !) se justifie car il est clair que le public espérait un film pareil depuis longtemps. Il réussit là où les récents Pacific Rim ou Godzilla ont échoué, à savoir combiner un spectacle total à une vraie ferveur populaire, dépassant celle des geeks et des fans de monstres. Jurassic World plait aux enfants et à leurs parents. Comme l’original de 93 !
Bien entendu, l’une des scènes augure forcément d’une séquelle désormais très attendue. Chris Pratt aurait déjà signé et il est certain que l’on reverra rapidement des dinosaures à l’écran. Mais quelle direction vont-ils prendre ? Il est encore trop tôt pour le dire.
Quoiqu’il en soit, savourons l’instant présent. Jurassic World est une belle réussite, que l’on aura plaisir à revoir sur grand écran avant de le dévorer en vidéo d’ici quelques mois.
Que les critiques se rassurent : le film n’a effacé de ma mémoire aucun vers de Victor Hugo, il n’a altéré aucun de mes souvenirs de Citizen Kane ou de La porte du paradis. Mais il m’a permis de passer 2 heures où seules les images à l’écran comptaient, une vraie récréation dans notre époque folle. Et rien que pour cela, sa mission est totalement remplie.