Le pitch : alors que le monde s'interroge sur les vraies motivations de Superman, Bruce Wayne qui a vu certains de ses immeubles détruits et ses employés gravement blessés durant la bataille de Métropolis, cherche à détruire l'homme d'acier. (attention, cet article contient quelques spoilers).
Coïncidence (?), les deux films de super-héros les plus attendus de l'année tournent chacun autour d'un affrontement fratricide en deux figures légendaires. Et en attendant la chronique de Civil War (sans doute demain) et une comparaison entre les deux longs métrages, voici donc ma vision de ce Superman vs Superman.
Premièrement, je tiens à dire que, si je mets 4 étoiles au film, c'est que je le considère comme excellent et que je ne comprends absolument pas les critiques délirantes qui se sont abattues dessus. Certes, le film est loin d'être parfait et l'affrontement tant attendu n'est, finalement, pas très long. De plus, la volonté de DC de créer son propre univers cinématographique à l'instar de celui de Marvel se heurte ici à un obstacle de taille : la maison des idées a 9 ans d'avance sur la Distinguée Concurrence et les 2H38 de film ne suffisent pas à les rattraper. Du coup, si certains personnages comme Flash ou Aquaman sont brièvement mis en avant, c'est un peu trop artificiel. Wonder Woman a droit à une présence plus importante, mais là aussi, on sent trop le "On doit démarrer au plus vite notre univers". Là, où Marvel avait pris son temps et 3 films avant de lancer Thor, tout en parsemant les premiers métrages (Iron Man, Hulk, Iron Man 2) de clins d'oeils, DC n'a pas vraiment le choix et se doit d'accélerer la découverte de son univers. Notons quand même que l'origine de Batman est revue (mais pas corrigée) à travers quelques images. Pour le reste, le personnage (excellent Ben Affleck) découle tout droit de celui recréé par Christopher Nolan.
Voilà pour le (gros) défaut du film. Pour le reste, autant dire que Zack Znyder a relevé le défi avec brio et que Batman Vs Superman vaut largement mieux que la réputation calamiteuse qu'une critique lui a collée. Reprenons un par un les choses qu'on lui a reprochées et démontons les !!
Le film manque d'humour !
Hé oui, comme les Comics DC depuis près de 30 ans désormais. On ne se gondole pas dans la batcave ou dans la forteresse de la solitude. Finis les personnages secondaires rigolos (Superdog, vous connaissez), les blagues idiotes... Et comme Znyder n'est pas Schumacher, son Batman est tourmenté, violent, névrosé, injuste même. Il s'inspire directement du personnage ré-écrit par Frank Miller. Quand à Superman, Man of Steel avait déjà mis de côté l'image amusante bien assumée par Christopher Reeves. Désormais, Ka-El a retrouvé son statut de demi-dieu venu parmi les hommes (une scène extraordinaire où, après avoir sauvé une fillette, Superman est entouré par la foule qui cherche à le toucher, de la même façons qu'on touchait les saints au Moyen Age). Et vous avez déjà vu des Dieux se marrer, vous ?
En fait, la seule "touche" d'humour tombe même à plat : une phrase échangée entre Batman et Superman à propos de Wonder Woman "Elle est avec toi - Non, je croyais qu'elle était avec toi". Et on peut même estimer que Lex Luthor est un peu trop cabotin. Bref, les journalistes voulaient du fun, mais c'est impossible avec DC.
Zack Znyder ne sait pas quoi faire de Superman !!
Bien au contraire. Si Richard Donner avait bien saisi l'essence du personnage et si Bryan Singer avait, à mon humble avis, réussi à prolonger la vision du réalisateur de l'Arme Fatale, Znyder a parfaitement réussi à ancrer Superman dans notre époque et surtout dans la façon dont DC l'utilise. Je le redis, Superman est un demi-dieu envoyé par son père pour sauver les hommes. Et le film va justement montrer que malgré sa puissance, il doute car la moindre de ses actions a des conséquences. Entre les hommes qui espèrent qu'il viendra les sauver et ceux qui sont victimes collatérales de ses interventions, Superman n'est pas neutre. Le monde l'adule, mais une partie en a peur. Si on ajoute que les politiques cherchent, au mieux, à le contrôler (voire à créer une arme pour le détruire), on comprend encore mieux son dilemne.
Alors non, Zack Znyder et David Goyer savent très bien quoi faire de l'homme d'acier. Et la toute fin du film montre qu'ils ont osé briser le tabou qui avait déjà été brisé dans la série durant les années 90 : la mort du superhéros et ses funérailles nationales !
La dernière partie du film est une bouillie sonore et visuelle !!
On touche là à la mauvaise foi pure et dure ! Le film est "vendu" sur l'affrontement entre les deux personnages et l'histoire amène ce combat par petite touche, faisant s'opposer Clark Kent et Bruce Wayne avant que leurs alter-égos masqués prennent le relais. Et la haine accumulé par le caped crusader envers le Kryptonien est telle que l'issue est quasi fatale, d'autant que Luthor tire les ficelles de cette rancoeur fondée sur une profonde méprise, même si les actes de Superman lors du premier film ont eu des conséquences terribles.
Et quand l'affrontement arrive, le visuel devient forcément plus héroïque et s'inspire directement du Comics book dans sa façon de placer les personnages. L'affrontement se devant d'être dantesque et Znyder connaissant tous les codes du Comics book (mine de rien, c'est quand même la 4e fois qu'il s'y colle) va bien plus loin que n'importe quel film du genre. Réalisateur ne refusant aucune scène énorme, il ne va pas laisser passer sa chance. Tant pis si la critique y voit de l'esbrouffe.
Mais malgré ceci, cette partie est parfaitement lisible ! Et l'arrivée de Doomsday puis de Wonder Woman ne complique pas le film mais, bien au contraire, en accentue la puissance et l'ancre encore plus dans la représentation en 3D d'images dessinées. On ressent la force de chaque coup, on souffre avec les 3 héros, d'autant plus que Doomsday est fidèle à la représentation faite dans le fabuleux arc "La mort de Superman" (récemment réédité en 2 tomes !!), un être que chaque coup renforce.
On le voit, l'amateur de DC aura retrouvé dans ce film tout ce qui fait l'essence de la Distinguée Concurrence. Et l'arrivée d'une Wonder Woman qui enterre la cruche ridicule de la série télévisée des années 70-80 montre que le trio Nolan-Znyder-Goyers prend cet univers très au sérieux.
Le critique qui ne connait du Superman que les films de Donner et qui n'a jamais ouvert un Comics de sa vie sera sans doute déçu. Sans doute, ce premier aperçu du DC Cinématic Universe s'adresse un peu trop aux fans, mais après tout, ce sont bien eux qui font vivre les personnages depuis plus de 70 ans !! Est-ce trop demander qu'on nous rende hommage en nous offrant ce que l'on espère voir à l'écran ?