Le pitch : 20 ans après la victoire de l’humanité sur les Aliens, la Terre est entrée dans une ère de prospérité et de paix, paradoxalement grâce à l’apport de la technologie extra-terrestre. Mais alors que la commémoration du 4 juillet approche, d’étranges signes attestant le retour de l’ennemi apparaissent….
Il faudra bien un jour que quelqu’un m’explique la haine viscérale qu’a la critique envers Roland Emmerich ? Parce qu’il veut faire du cinéma populaire et offrir au spectateur des longs métrages plaisants, rythmés, techniquement aboutis et dont le cynisme est absent ? Ou parce qu’il a eu le « malheur » de faire un film patriotique ?
Il est clair que le plus grand succès de Roland Emmerich , Independence Day (plus de 800 millions de dollars de recettes à une époque où la 3D n’existait quasiment pas et où une place de cinéma valait 6 ou 7 dollars) fut un cadeau empoisonné ! Car si les spectateurs se ruaient dans les salles, la critique vomissaient des torrents de bile sur le film. En cause, un président américain ressemblant à Clinton (mais Républicain - il suffit de décoder les dialogues de Vivica Fox) qui prend les commandes d’un chasseur pour repousser une invasion alien ne pouvait que rebuter tous ceux qui nous bassinent avec des idées d’égalité, mais qui crachent sur l’Amérique (le plus souvent sans y être allé) à longueur de leurs articles merdiques.
Car si Stargate et Universal Soldier avaient été plutôt bien accueillis (ce qui était d’ailleurs tout à fait logique, ce sont d’excellents films), tout ce que fera Emmerich ensuite sera sujet à critique. Que la technique de Godzilla soit nettement supérieur à tout ce que la Toho a présenté et que l’histoire y soit bien plus intéressante, que The Patriot résume de manière magistrale la naissance de l’Amérique et utilise le digital pour recréer le passé, que ses films catastrophes (Le jour d’Après, 2012) enterrent tout ce que pouvaient tenter la concurrence (comparez le au sympathique San Andreas et voyez la différence !!) ou que son chef d’oeuvre absolu Anonymous soit une véritable leçon de cinéma pour n’importe qui, rien n’y a fait. Et même quand il se prenait quelque peu les pieds dans le tapis avec White house down, mais sans jamais se prendre pour autre chose qu’un cinéaste populaire, les injures ne faiblissaient pas.
Avec ID4 resurgence, Emmerich ne fait que tenir une promesse faite au début des années 2000, donner une suite à son méga-hit, mais en laissant le temps véritable se dérouler. Le cinéaste a plusieurs fois qu’il espérait faire une séquelle pour 2016 et le scénario annoncé à l’époque était assez finalement assez proche de celui du film chroniqué : plusieurs années après leur défaite, un vaisseau extra-terrestre plus imposant revient sur Terre afin de récupérer les corps des soldats morts dans la première attaque.
Emmerich a donc attendu 20 ans pour que ses acteurs aient vraiment l’âge requis. Il a exploré d’autres univers et a cumulé les succès mondiaux, à l’exception scandaleuse d’Anonymous, mais il a toujours gardé dans un coin de sa tête cette invasion ratée. Et en 2016, il offre enfin aux fans ce qu’ils attendaient depuis longtemps.
Car à l’inverse de certains studios qui battent le fer quand il est chaud, Emmerich préfère prendre son temps. Ainsi, en récupérant le casting originel , à l’exception de Will Smith, il peut se concentrer sur une véritable suite et non un reboot déguisé. Car la situation a bien changé depuis 1996. La technologie extraterrestre récupérée dans les vaisseaux abattus a permis à l’humanité d’entrer dans une nouvelle ère, de coloniser la lune, mais aussi de mettre au point de nouvelles armes défensives. Car David, maître d’oeuvre de ce bon en avant, a toujours su qu’ils reviendraient. Le problème est qu’il avait sous-estimé la menace.
Plus gros, plus grand, plus fort. La loi des séquelles est ici respectée à la lettre. Le nouveau vaisseau est un monstre de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre et les dégâts qu’ils occasionnent sont considérables, mais totalement différents des murs de feu du premier film, qui firent fantasmer les spectateurs dès la première bande annonce. Et la reine Alien est bien plus imposante que les créatures d’ID4. D’ailleurs ceux qui estimaient que les aliens de 1996 étaient sous exploités (le thème était ailleurs) devront modifier leur approche critique. Ils sont bien plus présents, même si Emmerich n’en fait pas le centre de son histoire. On en apprend un peu plus, on les voit plus, on comprend mieux leur armure bio-mécanique, mais le thème reste le même : comment détruire un ennemi bien plus puissant et impitoyable.
Ceux qui n’ont vu en 1996 qu’un film patriotique voire nationaliste sont passés à côté de la véritable portée des intentions d’Emmerich à savoir un plaidoyer pour l’unité humaine. A l’heure, où notre planète est déchirée par la guerre, Daesh, la pauvreté ou la pollution, le message de 96 reste un beau témoignage d’optimiste. En 2016, le cinéaste n’a pas changé d’un iota. Il croit en son idée de fraternité humaine et la met au service de sa mise en scène spectaculaire. Car, depuis Moon 44 où il faisait déjà preuve d’une redoutable propension à mettre des univers en image avec trois fois rien, Resurgence utilise le moindre dollars mis à sa disposition. Techniquement, le film est parfait et visuellement, les trouvailles rivalisent avec celles de 96. Car, et cela personne n’ose vraiment le dire, le traitement radical d’ID4 donna un sacré coup de vieux à la SF cinévisuelle. La guerre des mondes , par exemple, incorpora ses idées, à savoir présenter une invasion alien d’un point de vue global et humain, en y incorporant des personnages réagissant à une destruction de leur quotidien. Et tous les films de SF qui ont suivi ont intégré cette idée de globalité : Armageddon, Transformers, World War Z ou même Seul sur Mars ne se concentrent plus uniquement sur la seule Amérique.
En reprenant ses acteurs de 96, Emmerich ne joue pas sur la nostalgie. Il ne fait que décrire un nouveau chapitre de leur vie, offrant quelques brides des 20 ans écoulés (cela ferait d’ailleurs un fantastique comic book ou un magnifique roman que de raconter cette période). Car chacun a évolué: le président Withmore a vieilli est sa santé a largement décliné, David a obtenu la reconnaissance que sa femme voulait pour lui, Smith est mort en misssion. Et tous les personnages secondaires, que cela soit Pattie (la fille du président), le père de David ou le docteur Okun sont de la partie. Seule Connie manque à l’appel, ce qui permet à Emmerich d’introduire un nouveau personnage en la personne de Charlotte Gainsbourg. La romance artificielle est d’ailleurs l’un des rares points noirs du film. Car si l’actrice française se révèle toujours très bonne quand elle est bien dirigée (c’est le cas ici), on a un peu de mal à croire qu’elle ait pu remplacer Connie dans le coeur de David. Mais ses connaissance faisant avancer l’histoire, on pardonnera cette petite erreur.
Reste le souci de la durée. 2 heures, alors que l’original faisait 2H30 et prenait le temps, qui plus est, de présenter personnages et enjeux pendant près de 40 minutes. Là, il est clair que le film a subi des coupes sombres, avec pas mal de pistes abandonnées en cours de route ou pas assez développées. Il en ressort un film ramassé, assumant totalement son statut de long métrage pop corn, mais il faut espérer que, comme le récent Batman Vs Superman, une version longue lui rendra totalement justice.
Ceux qui me suivent depuis près de 16 ans savent toute l’estime que je porte à Roland Emmerich. Le cinéaste ne m’a jamais déçu et j’avoue sans aucune honte que je donnerais beaucoup pour le rencontrer et discuter avec lui. Resurgence m’a comblé et sa double vision (en 3D et en 2D) n’a donc rien changé à l’image que j’ai d’Emmerich : un réalisateur qui s’occupe vraiment du public qui paye pour aller au cinéma. Qu’importe si cette séquelle arrive trop tard pour capitaliser sur le triomphe du premier. Le surdoué allemand a respecté à la lettre son engagement initial et j’espère vraiment que les dernières lignes de dialogues du métrage se concrétiseront et qu’on assistera à la bataille finale entre les hommes et les Aliens, mais plus sur Terre, dans l’espace ! Franchement, ce serait plus que mérité !!