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Showgirls : le retournement de veste de la critique

Publié le par Dave

Showgirls : le retournement de veste de la critique

En 1995, auréolé des triomphes de Robocop, Total Recall et Basic Instinct, Paul Verhoeven décide de se lancer dans un projet énorme avec Schwarzenneger, une épopée à 130 millions de dollars reprenant la 1ere croisade et la prise de Jérusalem.

 

Connaissant la réputation du "Hollandais violent", personne ne doute que cette ballade médiévale en Terre sainte ne se fera pas dans la dentelle ou dans le politiquement correct. Mais l'heure n'est pas encore aux méga-budgets inflationistes. Le projet ne se fera pas et Verhoeven va passer à tout autre chose.

 

Ce sera donc Showgirls, l'histoire d'une strip-teaseuse à Las Végas. Le cinéaste y décrit un univers clinquant et sordide, artificiel voire absurde. Il n'épargne pas la vulgarité de ce métier ni  l'hypocrisie de la société qui crache sur ces filles tout en les regardant se trémousser. Ne faisant jamais les choses à moitié, Verhoeven livre un film sans aucune concession.

 

Sauf que le public ne suit pas (20 millions de dollars de recette aux USA, quasiment rien dans le reste du monde) et que la critique est assassine, incroyablement brutale, comme s'il fallait faire payer au cinéaste ses succès passés. Quand à son héroïne, Elizabeth Berkley, elle ne se remettra jamais de ce désastre.

 

Cerise (?) sur le gâteau, Showgirls est nommé aux Razzies Award et remporte celui de pire film de l'année, pendant que Verhoeven gagne celui du pire réalisateur.

 

Malicieux (ou cynique), il ira chercher son prix et se fendra d'un discours, comme s'il venait de remporter l'Oscar.

 

20 ans après, le film sort dans une version restaurée en Blu-ray. Et comme par miracle, une énorme partie de ceux qui crachaient sur le film en sont désormais les plus grands fans. Est-ce parce que Verhoeven a tourné un film francophone (Elle, avec Isabelle Hupert) et qu'il va présenter la France aux Oscars ? Est-ce parce que le cinéaste n'est plus étiqueté "Yankee" qu'il faut désormais le défendre ? Ou tout simplement parce que 20 ans ont passé et que le parfum de scandale du film appartient au passé ?

 

Sans doute un peu de tout cela. Mais j'avoue toujours me gausser de ces retournements de veste, dans un sens ou dans l'autre d'ailleurs, qui montre bien qu'une vérité "cinématographique" n'est jamais gravé dans le marbre.

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