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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 06:43
The Revenant (****)

Le pitch : blessé par un grizzly, un trappeur américain est laissé pour mort par ses compagnons. Ivre de vengeance après la mort de son fils, assassiné par l’un de ceux qui l’ont abandonné, il va tout faire pour repartir vers la « civilisation ».

 

Disons le tout de suite, en regardant The Revenant, je me suis rappelé d’un vieux western dont l’intrigue est quasiment la même. Attaque de grizzly, victime abandonnée par ses compagnons, retour difficile à la civilisation et désir de vengeance, on y retrouvait les mêmes éléments. Sans doute ce vieux western a puisé aux mêmes sources puisque le personnage central de l’histoire a réellement existé. 

 

De plus, j’ai trouvé le film quelque peu surestimé. Certains effets de mise en scène me semblent gratuits et le décalage entre le monde réel et le monde onirique est parfois très incongru. Si l’Oscar de Di Caprio ne souffre d’aucune polémique (même si je pense que sa performance dans Inception ou Shutter Island fut supérieure), celui du meilleur réalisateur est quelque peu exagéré. Car si Alejandro Inarritu maîtrise bien son sujet, il abuse parfois de tics (la caméra qui tourne on ne sait pourquoi autour d’un arbre ou qui commence à plonger dans une cascade gelée) de mise en scène. De même, je trouve qu’il n’utilise pas ses magnifiques plans larges de la meilleure façon qu’il soit. Enfin, on ne pourra pas lui reprocher de rechercher la facilité bien au contraire, car à aucun moment, il ne cherche à rendre son métrage accessible à tous. Cela peut être un atout (après tout, doit-on vraiment tout expliquer), mais ici le procédé est parfois agaçant, notamment dans l’usage de flashbacks pas toujours bien clairs.

 

Maintenant, il est évident que The Revenant est un grand film. Grandement aidé par la beauté froide des paysages et par une violence sans concession, The Revenant ne tombe jamais dans la facilité, bien au contraire. Sa longueur en devient son principal atout, car elle permet de vivre le calvaire de Di Caprio quasiment en temps réel, de le voir revenir petit à petit dans le monde des hommes, passant de l’animal qui se jette sur de la nourriture crue à l’humain qui va réussir à piéger celui qui l’a trahi. Mais pour quelle récompense ? les dernières images ne laissent pas de doute : la vengeance donne des fruits amers et ne permet pas aux êtres aimés de revenir. Et si on peut trouver que le combat final abuse un peu de ce côté « sauvage », c’est justement parce qu’il oblige le héros à redevenir un animal brutal qu’il va prendre conscience de la valeur de la vie.

 

Evacuant toute idée de glamour ou d’héroïsme glorieux, le script semble plutôt vouloir dévoiler ce qu’il y a de pire chez l’homme. Grande et petite lâchetés rivalisent avec une violence souvent gratuite. Pour les protagonistes du film, la vie humaine n’a que peu de valeur. On tue pour se débarrasser d’un problème, on viole pour assouvir ses plus bas instinct, on massacre pour des peaux. Dans une nature sauvage et hostile, les éléments naturels semblent finalement plus « humains » que les hommes. Car eux ne trichent pas. L’ours ne cherche qu’à défendre ses petits, le froid intense ne se déclenche pas tuer…Et si dans le making of, les protagonistes disent, à mi-voix, avoir voulu rendre justice aux indiens , qui n’auraient jamais été bien présentés au cinéma hollywoodien (j’en déduis donc que Little Big Man ou Danse avec les Loups ne sont pas des films hollywoodiens) , l’attaque initiale du camp de trappeurs donneraient plutôt une image brutale de ces peuples. Il faut d’ailleurs lire entre les lignes pour comprendre les raisons de ce massacre qui apparait comme purement gratuit au premier abord. Trappeurs et indiens sont égaux effectivement, mais dans la sauvagerie.

 

Il faut bien entendu louer la reconstitution d’une période que l’on voit rarement au cinéma. Car si les codes du western sont bien là, on est très loin de Monument Valley, des cactus ou des villes champignons de l’ouest. Ici le continent américain est tout aussi sauvage, mais bien plus froid. On se demande même comment les hommes peuvent y survivre. Il n’y a pas de place pour eux. Et si les décors créés par l’homme ne sont pas énormes (un fort, un village indien, un campement), leur réalisme montre bien que nous somme dans une époque qui ne supporte plus le carton pâte.

 

The revenant est donc un western moderne, mais si on pousse notre raisonnement à son extrême, il emprunte également les codes du film de fantômes. Après tout son titre est à double sens, et la mort, symbolique, de Di Caprio puis son retour à la vie, suivie d’un périple quasi-miraculeux (peut-on vraiment survivre dans un tel environnement avec de telles blessures) laissent à penser que c’est bien un spectre qui revient se venger, comme tout bonne histoire d’horreur qui se respecte.

 

Si on suit cette logique, les scènes oniriques où le héros revoit sa famille morte n’en sont plus. Mais cette explication ne plaira sans doute pas aux plus carthésiens d’entre vous. Et puis, il ne faut pas oublier que Hugh Glass a véritablement existé, qu’il a vraiment été laissé pour mort  et est parvenu à revenir à la civilisation.

 

On a beaucoup écrit sur la performance de Léonardo di Caprio, acteur surdoué, mais qui, comme Tom Cruise, a eu le malheur de voir trop de fées se pencher sur berceau. Trop beau, connaissant un méga-succès trop tôt (Titanic), enchaînant les triomphes au cinéma dans les genres les plus divers (le thriller, le fantastique, la comédie, l’aventure), tournant avec les plus grands (Cameron, Spielberg, Scorcesse, Nolan), Di Caprio a entraîné un sentiment de jalousie incroyable. Il avait beau transformer n’importe quel script en or, éclabousser de son talent n’importe quelle histoire, la récompense suprême, l’Oscar, lui avait toujours échappé.

 

Il aura donc fallu qu’il s’enlaidisse, qu’il souffre, qu’il casse encore et encore son image pour que ses pairs lui donnent enfin la fameuse statuette. On mesure ici la futilité d’un métier où, quelque soit ce que vous ayez fait, vous devez toujours tout prouver.

 

Qu’importe ! La performance est là et bien là. The Revenant est un écran parfait pour un acteur aussi exigeant, au point qu’il en éclipse ses partenaires, notamment Tom Hardy, pourtant excellent dans un rôle très difficile. Tom Hardy se plonge dans l’immoralité de son personnage, laissant planer un malaise certain au spectateur qui se demande si lui aussi n’aurait pas agi ainsi.

 

Quelque peu surestimé ai-je écrit. Certes, mais ce ne sont pas les quelques défauts du film qui doivent être retenus, mais tout le reste. The Revenant n’est peut être pas LE film , comme ont pu l’être Titanic, Star Wars,Lawrence d’Arabie ou Blanche Neige. Mais il n’en reste pas moins un très grand film, avec un très grand acteur qui libéré de ce poids « oscarisable » va sans doute pouvoir connaître une carrière encore plus riche, car sans pression.

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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