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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 20:10
Alien Covenant (**** 1/2*)

 

Le pitch : alors qu’il fait route afin d’établir une colonie humaine sur une planète lointaine, le vaisseau Covenant capte un signal mystérieux qui va l’amener à se dérouter.

 

Dit comme cela, on pourrait penser à une redite du tout premier Alien. Mais Alien : Covenant est bien plus que cela, une relecture complète et radicale du mythe créé par Giger, Scott et Dan O’Banon il y a 38 ans et un pont entre Prometheus et la saga originel.

 

Le mauvais accueil critique de Prometheus reste pour moi inexplicable. En revenant à la science fiction 30 ans après Blade Runner, Scott montrait qu’il n’avait rien perdu de sa capacité incroyable à sculpter des images, à jouer avec la lumière et à ne pas se contenter du minimum. Fort d’un scénario à tiroir sacrément audacieux (même si certaines pistes auraient gagné à être explorées plus avant), il entraînait le spectateur dans un ambitieux voyage à la recherche de nos origines, tout en  semant les graines de Covenant, à savoir les fameux xénomorphes sanguinaires.

 

Covenant débute donc 10 ans après la disparition de l’expédition d’Elisabeth Shaw. L’exploration humaine de la galaxie a continué et s’apprête à franchir un pas décisif en établissant une colonie de plusieurs milliers de personnes. Le début du film est donc tout à fait classique, même si la toute première scène explique déjà comment le personnage de David va évoluer quand on le retrouvera dans le 2e acte. 

 

Le spectateur pourra même se demander durant une petite demie-heure si on ne lui refait pas le coup du Réveil de la force, à savoir le remake déguisé d’un épisode populaire, rempli de clins d’oeil pour les fans les plus assidus. Mais dès que les survivants se retrouvent coincés au sol avec David, l’androïde du Prometheus qui était parti avec Elisabeth Shaw pour rejoindre la planète des ingénieurs, Covenant prend alors un virage inattendu et va alors s’apparenter à un rollercoaster géant et sanglant. Car, si beaucoup de réalisateurs s’assagissent avec le temps, Scott au contraire a décidé de ne pas se censurer ! Les scènes avec les Aliens sont donc brutales, éclaboussent de sang les décors. L’une d’elles se permet même de rendre hommage à Psychose avec une certaine ironie. 

 

Si l’on en croit les acteurs, Scott n’a pas cédé au 100% numérique et une bonne partie des Aliens sont des créatures animatroniques. Sa technique hors-pair fait le reste et donne un métrage irréprochable d’un point de vue de sa construction. Que cela soit les décors naturels de la Nouvelle Zélande, incroyablement bien captés et filmés ou la cité des ingénieurs, devenue une nécropole sinistre, il exploite totalement le matériel mis à sa disposition et y fait subir tous les outrages à des personnages complètement dépassés. En fait, seul David sait réellement ce qu’il se passe et seul lui a un plan. Michael Fassenber montre une fois de plus l’étendue de son talent, avec un double rôle (il joue également Walter, l’androïde du Covenant). L’attitude de David, que je ne déflorerais pas ici, explique également pourquoi la  compagnie avait caché à l’équipage du Nostromo la présence d’un androïde sous les traits de Ash.

 

Pourvu d’une logique implacable, David est le véritable « héros » de Covenant, même si Katherine Waterston (qui fut la maîtresse éconduite par Steve Jobs dans le film de Danny Boyle et qui retrouve donc ici l’acteur principal) sera son pendant féminin et reflet de la Ripley des 4 premiers films. Armé de sa volonté de récupérer « sa » saga (on sait que s’il apprécie Aliens, Scott n’a guère aimé les films de Finsher et Jeunet, sans parler des crossovers Aliens Vs Predator), le réalisateur continue donc son plan qui consiste à répondre  à une interrogation : qui est le Space Jockey du premier film ? Les critiques ne l’atteignent visiblement pas et il reste sur la lancée de Prometheus : bâtir une vaste saga de science fiction sans se soucier des désirs de certains fans qui se sentent dépossédés par le créateur.

 

Le constat culotté de l’origine des Aliens, le retournement final (prévisible mais bien amené) et les derniers plans ne laissent évidemment aucun doute au fait qu’il manque encore un chainon pour aboutir au carnage du Nostromo. Mais en l’état, le duo Prometheus-Covenant est un véritable oasis de fraîcheur et d’intelligence dans un monde cinématographique qui a bien du mal à sortir des recettes convenues ou à prendre le spectateur à rebrousse-poil, de peur de le gêner.

 

Les critiques envers Covenant me semblent tout aussi incompréhensibles que celles envers Prometheus. Car, on peut ne pas apprécier la direction que veut faire prendre Scott à ses créatures (après tout, l'art de la préquelle est affaire d'équilibre et Lucas en sait quelque chose, lui qui s'est fait descendre en ne virant pas d'un iota de son idée), mais on ne peut lui dénier le fait d’avoir fait une oeuvre superbe graphiquement, de ne s’être pas censuré et de montrer la créature sous tous ses stades, aidé en cela par un scénario diabolique. Le réalisateur de Gladiateur n’est jamais tombé dans la facilité. Pourquoi le ferait-il à presque 80 ans ?

 

Mine de rien, son oeuvre totale, commencé au cinéma en 1977 avec Les duellistes le pose comme l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du médium. Son exigence, son sens de l’image, sa volonté de ne reculer devant aucun défi transparaissent encore plus avec Covenant. Et maintenant qu’il s’est trouvé un nouvel acteur avec qui partagé ses visions, nul doute que la suite de la saga, qu’il entend continuer très vite, emmènera le spectateur vers toujours plus de terreur !

 
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*** Un bon film

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