George A.Romero a rejoint son territoire préféré
On réduit souvent Georges Romero à ses films de zombies, à savoir sa trilogie des morts-vivants (La nuit, l'aube, le jour) commencée en 1970 et complétée en 2004 avec Le territoire des morts, puis les chroniques (2008) et Les vestiges (2009).
On peut y ajouter Crazies (titré en France, La nuit des fous vivants) où un produit toxique transforme les habitants d'une petite ville en fous meurtriers et dont l'armée US va s'occuper de manière radicale. Et également Martin où un jeune homme agit comme un vampire (mais en est-il vraiment un).
Mais Romero c'est aussi La part des ténèbres, excellente adaptation d'un livre très noir de Stephen King, Bruiser où un homme qui a perdu son visage à force de soumission aux autres décide de se venger, Incident de parcours où un petit singe , auxiliaire d'un handicapé, s'avère bien plus dangereux qu'il en a l'air ou les différents sketchs de Creepshow, film oublié aujourd'hui mais qui fut un énorme choc en 82.
Romero a toujours arpenté les chemins du fantastique.Même KnightRiders qui met en scène des marginaux se déguisant en chevaliers pour faire des joutes à moto (et qui offrit un de ses premiers rôles à Ed Harris) n'est pas tout à fait de "notre" monde.
On peut ajouter There's always Vanilla et Season of the witch, que je n'ai jamais vu et dont je ne peux parler.
Décédé hier à 77 ans, George Romero s'est toujours servi de ses films pour critiquer la politique de son pays. Les morts vivants, ce sont les marginaux et les pauvres que l'Amérique refuse de voir et qu'il faut faire disparaitre. Zombie va encore plus loin dans la critique du consumérisme (les morts déambulant dans le centre commercial) et Le jour est une charge acerbe contre le fanatisme des militaires.
Sensiblement à gauche (il fut toute sa vie un anti-Républicain convaincu même si le parti démocrate ne trouvait pas toujours grâce à ses yeux), ses convictions politiques radicales l'ont sans doute empêché de faire la carrière qu'il méritait et il était en fait plus reconnu en Europe qu'aux USA. Ainsi, Dario Argento, qui remonta Zombie et en modifia la musique en substituant la BO originale par une musique hard rock du groupe Gobelins, fut l'un des principaux promoteurs du réalisateur en Europe.
Avec Romero s'éteint un pan entier d'un cinéma indépendant, sans concession, se moquant des modes et traçant son chemin sans tenir compte du reste du monde. Et même si, soyons honnête, ses derniers films n'avaient pas vraiment la puissance de ses débuts, il aura marqué le médium que nous adulons tous.