Le pitch : alors que les Transformers et les humains qui les aident sur Terre sont traqués par le gouvernement, Optimus Prime se retrouve face à un cruel dilemme. Dans le même temps, Cade Yager va accéder à des pans entiers de l'histoire des robots géants...
5e épisode d'une franchise qui, à mon humble avis, ne s'essouffle absolument pas , The last Knight reprend l'histoire quelques années après la fin ouverte de L'âge de l'extinction, continuant à approfondir la mythologie et établissant encore plus Michael Bay comme l'un des plus grands réalisateurs de notre époque.
Je sais que j'en indispose quelques un en disant ceci, mais je suis un fan absolu du cinéma de Bay et ceci depuis Bad Boys. Le sieur possède un talent inné pour assembler les images les plus complexes, composer des scènes d'actions délirantes (à cet égard, le dernier acte du film est absolument époustouflant) sans jamais se prendre au sérieux vraiment ! On pourrait lui reprocher son humour parfois lourd (ici, une scène de dialogue à double sens entre Yager et la nouvelle héroïne absolument hilarante) ou sa propension à passer trop brutalement d'une ambiance à une autre. Mais quel autre réalisateur maîtrise à ce point son médium ? Ils se comptent sur les doigts de la main : Scott, Nolan, Fincher, McTierman, Spielberg, Cameron et quelques autres. Mais Bay possède un style encore différent, fait de frimes et de modestie à la fois ! Car qui peut abuser de ralenti sur les superbes carrosseries de ces engins (non, je ne parle pas de ces héroïnes, même s'il y a peu de cinéaste pour filmer aussi bien les femmes) tout en composant des plans absolument magnifiques des endroits les plus inattendus comme la casse où se sont réfugiés Yager Et Blumblebee ?
Le cinéaste n'a absolument rien perdu de sa maestria et chacun des "petits" films qu'il réalise entre chaque blockbusters (No pain no gain, 13 hours) lui permet d'expérimenter ce qu'il fera en grand sur un Transformers. Ici, ce sont clairement les vues aériennes qui ont bénéficié du travail qu'il avait tenté (et réussi) sur 13 hours. Mais ce qui m'étonne toujours, c'est que les énormes scènes d'action ont l'air d'avoir été facile à filmer, que n'importe qui peut faire de même. Là est le secret de Michael Bay : faire croire qu'un long métrage est à la porté de n'importe qui ! Or, il est évident que derrière chaque plan, chaque scène se cache un travail énorme, des milliers d'heures dont le seul but est d'offrir aux spectateurs la meilleur des images possibles.
A l'instar des grands artistes de la Renaissance, ceux qui touchaient à tout avec un égal talent, Michael Bay domine de la tête et des épaules le 7e art actuel. S'il avait vécu à Florence lors du Quattrocento, Bay aurait ridiculisé ses contemporains et les peintures de Santa Maria del Fiore seraient encore plus grandiose.
Mais quid de l'histoire ? La critique se focalise souvent sur les scripts des Transformers, oubliant que ce sont des histoires destinés à tous. Transformers 5 ne déroge pas à la règle et il est évident qu'on n'y trouvera pas la profondeur d'un Interstellar ou la majesté d'un Exodus. Cependant, et je m'inscris en faux face à ceux qui accusent le maestro de bâcler l'aspect de ses histoires, c'est que comme pour le reste de la saga, le scénario n'est pas simpliste, mais reprend des éléments de la série animée tout en accentuant la mythologie des Autobots et des Decepticon. Car Bay ne se moque jamais de ses robots, au contraire ! Pour lui, ce sont de véritables personnages, les humains ne faisant que passer.
Commençant par une formidable bataille médiévale (bourrée d'anachronismes, mais qu'importe), l'histoire fait un bon de plusieurs siècles , y compris après les évènements du quatrième film. Il est évident qu'il manque quelques éléments (pourquoi Yaeger est devenu un tel paria , même si l'opus 4 donnait quelques éléments ? ), mais rapidement on plonge dans cette nouvelle aventure avec délice ! En changeant de continent une nouvelle fois, (l'Europe après l'Asie), le scénario permet de jongler avec certains de nos mythes fondateurs (le roi Arthur, Stonehenge) et son aspect carte postale, notamment à Oxford, permet également à Bay d'étaler sa maîtrise de la belle image. Je n'ose imaginer la puissance des documentaires qu'il réaliserait si on lui en donnait les moyens !! Alors, bien sûr, ceux qui connaissent la ville universitaire Oxford s'étonneront de voir que l'héroïne (une prof d'université comme j'en ai rarement vu durant mes études) passe de Magadelene Collège au musée d'histoire naturelle d'Oxford, distant de plusieurs kilomètres, en passant une porte, mais qu'importe là aussi. Là n'est pas le propos.
En redéfinissant le rôle de chacun, y compris celui d'Optimus Prime, curieusement absent d'une énorme partie du film, le script cherche à ne pas se répéter tout en reprenant des personnages qui n'étaient pas présent dans l'opus 4. En fait, The last Knight est le parfait lien entre les deux trilogies (la fin ouverte laisse espérer une fin apocalyptique) et tant pis pour ceux que Transformers insupportent, estimant que le script mélange tout et n'importe quoi, réécrit l'histoire avec de gros sabots et part dans tous les sens.
En fait, la saga a toujours procédé ainsi. La mission lunaire Apollo 11, l'extinction des dinosaures, la construction des pyramides... Toute l'histoire humaine est jalonnée par les actions des Transformers. Cela vaut bien toutes les théories du complot dont on nous gave depuis des années.
Alors, oui, Michael Bay ne fait pas toujours dans la subtilité, use et abuse d'artifices clipesque, filme ses héroïnes très souvent en contre-plongée afin de mettre en valeur leurs atouts physiques et malmène ses héros, n'hésitant à exagérer leur côté beauf ! Sans doute tout ceci est à son image (il suffit de l'écouter pour se rendre compte que sa culture est prodigieuse), mais on ne peut pas lui ôter ceci : il a le don de prendre le meilleur de n'importe quelle histoire et de la transcender sur un écran géant. Et tant pis si Anthony Hopkins dit n'avoir rien compris à l'histoire (ce que je ne crois absolument pas), depuis combien de temps n'a-t-il pas été mis à ce point en valeur ? De même la plastique de Mark Wahlberg !!
En fait, Bay est né pour faire du cinéma. Mieux encore, le cinéma était fait pour Bay, comme la peinture le fut pour De Vinci ou la sculpture pour Michel-Ange !
Transformers 5 n'est qu'une étape supplémentaire dans une filmographie démentielle commencée il y a 22 ans et qu'on espère admirer pendant encore longtemps !