Pour bien apprécier un Star Wars, il faut le voir plusieurs fois. Depuis 1977, je ne déroge pas à cette règle (mon record reste de 4 visions en salle de La menace fantôme lors du mois qui a suivi sa sortie) et je vais voir un épisode au moins 2 fois.
Mardi dernier, je suis donc retourné au cinéma pour revoir Les derniers Jedi, en 2D cette fois et le moins qu'on puisse dire est que je le ré-évalue quelque peu. Certes, la partie centrale sur la planète casino n'a toujours pas un intérêt démentiel (en fait, c'est surtout une tentative de refaire une énième fois la scène de la cantina) et je continue à penser que Ryan Johnson a un peu trop pris le contrepied de Abrams et des pistes narratives du Réveil de la force. Enfin, lors de cette deuxième vision, j'ai trouvé que l'apparition de Maz était vraiment gadget.
Mais d'un point de vue narratif, j'ai pu apprécier tranquillement les rapports entre Luke et Rey, entre Rey et Kylo Ren et, en règle générale, le cheminement de chaque personnage sur son chemin plutôt obscur. Même Poe Dameron gagne de l'épaisseur, notamment à cause de ses erreurs (mine de rien, il est rare qu'un blockbusters propose un personnage principal se plantant à ce point ou jugeant aussi mal les autres). En fait, seul Finn n'évolue pas et son combat avec Phasma relève plus de scène pour fan qu'une véritable étape dans son histoire.
Savoir à l'avance ce qui va se passer permet justement d'anticiper la façon dont les surprises sont amenées. Et force est de reconnaître que la mort de Snoke est sacrément bien amenée, des indices étant disséminés dès que Rey met le pied dans la salle du trône. Alors même si on ignore toujours d'où vient le suprême leader (une tâche qui incombera à l'univers étendu ?), son "sacrifice" est nécessaire pour que Kylo puisse prendre son envergure. Mine de rien, il ose ce que son grand père n'a jamais osé faire, à savoir se débarrasser de son maître.
On peut aussi voir comment le réalisateur manipule le spectateur pour faire croire au retour de Luke parmi les siens. Après tout, il émerge au moment où le faucon est revenu avec Rey...
Visuellement, j'ai pu admirer le travail impressionnant sur les couleurs, avec cette dominance du rouge que cela soit dans la salle du trône de Snoke, lors de l'incendie de son vaisseau et, bien entendu lors de la bataille finale. Johnson renoue avec une esthétique à la fois sombre et colorée, celle qui émanait de La revanche des Sith. A propos de la prélogie, on notera que Johnson n'a pas hésité à y faire référence, notamment lors de sa diatribe sur l'arrogance des Jedi et sur le fait qu'ils aient laissé Dark Sidious les manipuler. Ceci ajouté au fait que Marvel a sorti une superbe mini-série autour d'Obi-Wan et Anakin montre que Disney a (enfin) compris que se cantonner aux épisodes IV-V-VI était une erreur.
Enfin, une nouvelle vision permet de voir des détails qu'on ne remarque pas au premier coup d'oeil. Ainsi, quand Finn prend une couverture dans un des compartiment du faucon millenium afin de recouvrir Rose, on peut voir une série de bouquins qui ressemblent étrangement à ceux qui étaient dans l'arbre du temple Jedi où s'était exilé Luke.
Bref, si la prochaine vision se fera sans aucun doute en Blu-ray, revoir cet épisode VIII m'a donné beaucoup de satisfaction, preuve que Les derniers Jedi est bien un film à strate, nombreuses et riches, et que sa puissance visuelle permet moult vision.