Le pitch : devenu roi du Wakanda après la mort de son père, lors des évènements de Civl War, T'Challa va découvrir que la vie de ce dernier n'est pas exempte de zones d'ombres et va se trouver confronter au défi de faire entrer son pays dans le concert des nations.
Evacuons tout de suite une polémique naissante : oui, Black Panther mérite son triomphe, mais non, ce n'est pas le meilleur film du MCU. Civil War, Avengers lui sont supérieurs. Et si l'on prend les films "solo" , Doctor Strange présentait un univers plus intéressant encore et le récent Spider-Man osait rebattre les cartes du mythe. Mais si on fait abstraction de ceci (ce qui n'est que subjectif qui plus est), alors Black Panther est un sacré bon film.
Evacuons également le casting ! Oui, Black Panther est constitué en majorité d'acteurs noirs et les deux seuls blancs (Martin Freeman et Andy Serkis) sont respectivement un agent de la CIA qui ne dévoilera son héroïsme qu'à la fin du film et une ordure. Et alors ? BP traite de la culture africaine de manière superbe et sans jamais tomber dans le misérabilisme (les scènes où T'challla affronte un adversaire dans le cadre de son couronnement sont un parfait exemple de l'exubérance africaine). Logique donc que les acteurs afro-américains soient convoqués ! Quel plaisir d'ailleurs de retrouver Angela Basset, immense dans Stange Days de James Cameron ou Forrest Withaker dans un rôle qui l'éloigne tellement de ce qu'il a l'habitude de faire.
Et comme BP est réalisé par un Afro-Américain, Ryan Coogler (dont ce n'est, mine de rien, que le troisième film), peut-on dire que, après le Wonder Woman porté par deux femmes, son actrice et sa réalisatrice, le film de super héros fera plus bouger les lignes à Hollywood que les films à Oscars ? J'ose penser que oui.
Tout ceci étant dit, parlons du film.
Pour être honnête, j'avoue ne pas avoir vraiment vu de James Bond noir comme l'ont décrit plusieurs médias cinémas. Ok, il y a quelques gadgets, on peut voir dans la petite soeur du héros un Q au féminin, mais à un moment, il faut comparer ce qui est comparable. C'est là qu'on se rend compte que pour parler de film de genre, il faut s'y connaître et non pas balancer des trucs histoire de faire "branché". Disons que pour ne pas être trop négatif, la scène du casino en Corée du Sud fait penser quelque peu à celle de Skyfall.
En fait, Black Panther est un excellent "premier" film, mais pas un film d'origine vu que, comme pour Spiderman Homecoming, on avait déjà vu le personnage dans Civil War. Donc, on ne perd pas de temps avec le pourquoi du comment. Tout y est savamment distillé (superbe générique de début, tout en particule de sable) au fur et à mesure de l'intrigue et, comme dans FF 56 (où apparaissait le personnage), cela suffit amplement. Après tout, on sait qu'il est héritier d'une longue tradition de roi et que le Wakanda est en avance sur les autres nations. Cela suffit à lancer l'histoire.
Ce qui m'a agréablement surpris dans le film, c'est ce savant équilibre entre hommage à l'Afrique (les scènes d'intronisation sont un vrai régal visuel) et action 100% XXIe siècle. Et le métrage répond même à mon interrogation première : pourquoi le Wakanda garde sa technologie sans aider ses "frères de couleur". La construction de l'histoire, avec ce flash-back qui ne dévoilera sa vraie teneur qu'au début du 3e acte permet justement de poser la question et d'y répondre. Il est évident que la vraie vedette du film est le vibranium et des implications terribles qu'il aurait s'il tombait entre de mauvaises mains.
Mais pour arriver à cette conclusion musclée, on passe donc par deux actes plutôt réussis. Le premier est classique et présente les personnages, y compris Klaw, très différent du comics (mais cela devient une constante chez Marvel). Et ils sont nombreux, entre la famille royale, les différentes tribus, les vilains, les ambigus comme l'agent de la CIA joué par Martin Freeman. Mais étonnamment, on ne se perd jamais dans cette galerie. On pourra reprocher à Coogler de tomber souvent dans le contemplatif avec des scènes amples, superbes mais un peu "poseur", mais honnêtement, ce qu'il montre est beau, grandiose même et les couleurs donnent un relief incroyable à toutes les scènes africaines. Il me faudrait revoir le film, mais tout ce qui se passe en dehors de l'Afrique est plus neutre, picturalement parlant. on sent vraiment que tout a été pensé pour donner une autre image du continent !
Le deuxième acte, celui où les buts de chacun s'affirment, est dominé par une excellente scène de vol au musée de Londres. Le plus étonnant est qu'à ce moment de l'histoire, la hiérarchie des vilains va s'inverser, chose très rare dans un film de super-héros, mais somme toute logique dans Black Panther vu que celui qui va prendre l'ascendant n'est autre que le jeune héros de Creed, Michael B.Jordan qui, comme Chris Evans, passe donc de la torche humaine à un personnage Marvel. A noter que Jordan aura donc joué dans les 3 films de Coogler.
Du coup, le film s'emballe un peu trop, les enjeux augmentent et T'challa connait les affres de l'échec tout en perdant son trône. Si le combat final parait finalement convenu (mais très spectaculaire), c'est surtout l'affrontement entre les deux prétendants , qui reprend schématiquement l'opposition entre Malcom X et Martin Luther King (les méthodes radicales contre le dialogue) qui est le vrai clou de Black Panther. Apre, tendu, permettant à T'Challa de comprendre à la fois les décisions de son père tout en restant fidèle à lui même, c'est cette victoire qui lui permettra de comprendre que le Wakanda doit d'ouvrir au monde. Cela tombe bien vu que Thanos va bientôt attaquer la Terre !
Black Panther est donc un excellent cru Marvel, mais je regrette une dernière partie trop rapide et quelque peu convenue (l'arrivée des renforts qui avaient juré ne pas intervenir). Et puis, je pense que le potentiel du Wakanda, super nation africaine, n'est pas assez exploité. Cela viendra peut être dans la phase 4 du MCU, mais il y avait là une partie plus intéressante à jouer. Enfin, comment ne pas être déçu par le sort réservé à Klaw (excellent Andy Serkis, comme toujours).
Mais au niveau spectacle, le film tient ses promesses tout en se doublant d'un vrai festin esthétique. Coogler a parfaitement su gérer ses énormes moyens et son casting ! Alors oui, on peut dire que , au diable le politiquement correct, que Black Panther est une date dans le cinéma afro-américain, comme WW le fut pour le cinéma féminin !! Franchement, que Marvel continue à donner sa chance à des concepts aussi novateurs !