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17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 07:38
Ready Player One (*****)

Le pitch : 2045. Le monde est à cours de ressource et les villes tentaculaires défigurent encore un peu plus la planète. Des millions de joueurs investissent un monde virtuel , l'Oasis. Or, le créateur de ce monde mort 5 ans auparavant  l'a laissé en héritage à celui qui sera capable de trouver les 3 clés qu'il a cachées dedans.

 

Steven Spielberg continue donc d'alterner reconstitution historiques et films pop corn. Après le le triptyque Tintin/Cheval de guerre/Lincoln et le dyptique Le pont des espions/Le bon gros géant, Ready Player one succède donc à Pentagon Papers. On notera que depuis quasiment 10 ans, le réalisateur trouve donc son inspiration dans les faits réels ou adapte des oeuvres littéraires.

 

Disons le tout de suite, Ready Player One est un véritable chef d'oeuvre , un film magistral qui rend hommage à la pop culture avec une virtuosité qui frôle le vertige, une plongée fascinante dans les entrailles d'un monde virtuel truffé de références et d'une richesse inouïe. Je n'ai pas lu le roman (mais je vais m'y employer très très rapidement) et il est clair que le matériel de base, référentiel en diable, y est pour beaucoup , mais il fallait bien tout l'immense talent de Spielberg pour rendre passionnant et accessible à tous un monde de geeks, biberonnés à la pop culture des années 80, aux jeux vidéos, au cinéma d'Amblin et à tout un pan de l'Amérique.

 

A plus de 70 ans, Spielberg fait preuve d'un sens du découpage toujours aussi précis (le plan d'ouverture où le héros descend de son "appartement", la première course , la séquence dans l'Overlock...). On sait depuis Les dents de la mer, soit plus de 40 ans qu'il a un don pour rendre lisible n'importe quelle séquence, qu'il ne cède pas à la facilité d'un montage haché (un style maîtrisé par une poignée de réalisateurs). Ici, l'utilisation de la voix off permet de compléter ce qui est à l'image. En quelques minutes, le spectateur le moins assidu aux nouvelles technologies sait ce qu'est l'Oasis, quels sont les enjeux, qui sont les gentils, les méchants et le but de chacun. A partir de ce pitch simple (après tout, on est dans une "banale" chasse au trésor comme en propose n'importe quel jeu vidéo), il fait dérouler le fil de son histoire, dévoilant petit à petit les failles de ses protagonistes, tous issus de familles brisées (comme Spielberg lui même) et émaillant le métrage de séquences de plus en plus spectaculaires , là aussi, comme dans n'importe quel jeu. Prenez, au hasard, le dernier Zelda "Breath of the Wild" ou Super Mario Odyssée et vous avez la même mécanique, avec des boss de fin de niveaux de plus en plus puissants, des situations de plus en plus complexes et un sentiment de victoire dès que vous parvenez, enfin, à passer l'obstacle qui vous bloque depuis des jours.

 

On a reproché à Ready Player One sa dichotomie entre le monde réel et le monde de l'Oasis. Or, c'est justement cela qui fait tout le sel du film. D'un côté un univers sale, déglingué, repoussant et de l'autre un monde où tout est possible, d'une beauté numérique saisissante, reprenant un à un tous les codes des jeux vidéos actuels. Mais en les amplifiant, en les sublimant. Car aucun jeu actuel n'arrive à la perfection de l'Oasis. En ce sens, le travail des graphistes est incroyable et il se hisse sans aucun souci à la hauteur de ce que fait Pixar. Mais pour quelqu'un qui a dirigé la meilleure adaptation d'une BD de ces 20 derniers années, le challenge était-il si grand ?

 

L'autre opposition est bien entendu entre les avatars et les personnages réels. En choisissant des acteurs qui ont chacun leur "tares" physiques à compenser dans l'Oasis, Spielberg nous tend un reflet déformant , miroir de nos sociétés où chacun cherche sa meilleure photo de profil, à embellir sa vie via Facebook. Dans les jeux vidéos actuels dit "réalistes", les personnages sont toujours plus grand, plus fort, plus beau que dans la vraie vie. Le virtuel tend à prendre le pas sur le réel et Photoshop est devenu le correcteur de toutes nos tares photographiques. Mais le réalisateur ne juge pas. Il a toujours assumé de toutes façons son côté geek et il préfère s'en amuser , l'utiliser pour faire son film.  Et si son message peut paraître naïf (on n'a pas besoin d'être un Apollon pour être un héros), il reste très salutaire.

 

Côté monde "réel", il est intéressant de comparer RPO avec Minority Report, dernière incursion de Spielberg dans la science fiction pure et dure, datant de 2002. Et on peut y trouver des analogies, comme cette impression de fouillis, d'empilement. Cependant, le monde de RPO est finalement bien moins futuriste que celui de MR, puisque l'humanité a décidé de ne plus gérer ses problèmes et de vivre dans le monde de l'Oasis. Cette impression de déliquescence est l'autre fil conducteur de l'histoire, une critique voilée d'une société qui abdique devant le réel, sauf peut être le vilain qui veut toujours plus de pouvoir. 

 

C'est d'ailleurs peut être cet aspect qui est le moins convaincant. Car si les "mauvais" geeks veulent contrôler l'Oasis, c'est pour y vendre plus de publicité. Mine de rien, le script dénonce l'un des aspects les plus "pénibles" du net, avec ces pages envahies de pop up, de liens à cliquer , de publicités ciblées... Mais bon, s'il faut trouver un point faible au film, c'est sans doute celui-ci.

 

Mais il n'entame en rien la passionnante construction de l'histoire en 3 actes, avec la découverte du monde, la mise en place des alliances (extraordinaire réflexion sur  la façon dont la "vie" des avatars peut avoir une répercussion dans le monde réel) et l'affrontement final, qui se déroulera forcément dans les deux mondes.

 

Les amateurs attentifs prendront un malin plaisir à chercher toutes les références (la voiture de Retour vers le futur, la Batmobile, le géant de fer, la console Atari pour ne citer qu'eux sont évidemment les plus visibles, mais il y en a des dizaines d'autres) et ceux qui n'y connaissent rien seront sans aucun doute émerveillés par un tel foisonnement ! Car c'est bien un hommage à toute une culture populaire dans le bon sens du terme qui est rendu. 

 

Même le choix des acteurs va dans ce sens. Ainsi, l'un des deux créateurs de l'Oasis est Simon Pegg , grand geek devant l'éternel, tandis que son comparse est incarné par le nouvel acteur fétiche de Spielberg , Mark Rylance (que l'on aura également pu voir dans Dunkerque). Le duo évoque d'ailleurs sans aucune équivoque Steve Jobs et Steve Wozniak , les deux génies créateurs d'Apple, à la subtile différence que dans notre monde, c'est le pragmatique Jobs qui s'en est allé.

 

Mais le reste du casting est constitué d'acteurs ayant peu joué, des visages neufs qui ne voleront pas la vedette à l'histoire et qui incarneront à merveille les jeunes joueurs de l'Oasis.

 

Mené tambour battant, regorgeant d'idées visuelles fabuleuses (le bal en apesanteur, la file de joueurs tentant de trouver la clé en jouant à une vieille console Atari, l'assaut final contre la forteresse, le Détroit de 2045...) et ne laissant aucun temps mort à son public, Ready Player One est typiquement un film appelé à devenir culte, à être vu et revu afin d'en saisir toutes les références, toutes les idées.

 

Steven Spielberg vient tout simplement de rappeler qu'il a inventé le cinéma hollywoodien moderne il y a 43 ans avec Les dents de la mer et que très peu de monde ne lui arrive à la cheville.

 

Alors, évidemment, Ready Player One risque de laisser de marbre tout ceux qui se sentent étranger à cette culture geek, aux jeux vidéos ou à ce tourbillon de références. Ils verront sans doute des défauts que je ne vois pas. Mais le film étant conçu pour un coeur de cible dont je fais partie, je ne pouvais que lui mettre 5 étoiles tant il est réussi à mes yeux !

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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