Le pitch : Miguel, jeune mexicain fou de musique, ne peut assouvir sa passion car sa famille, suite à un traumatisme ancien, refuse qu’il suive cette voie. A la suite d’un incident, il va se retrouver au royaume des morts le jour de leur fête.
Le dernier Pixar en date a demandé, comme à chaque fois, une très longue période pour arriver sur nos écrans. Les bonus présents sur l’édition spéciale du Blu-ray montrent d’ailleurs que la gestation est passée par plusieurs étapes, faux départs et essais. Mais le résultat en valait la peine ! Car Coco, au delà d’un scénario brillant et d’un retournement de situation qu’on ne voit absolument pas arriver, est une telle maestria technique, un tel enchantement visuel qu’on ne peut qu’abdiquer devant une telle beauté.
En rendant un hommage sincère à la culture mexicaine, les réalisateurs investissent un monde peu connu du grand public et ils le doublent avec le royaume des morts, dont le foisonnement incroyablement détaillé laisse pantois. Il y a clairement Pixar et le reste des autres studios. Car si Dreamworks ou Fox peuvent offrir également des métrages de qualité d’un point de vue technique, ils n’arrivent pas à la cheville niveau inventivité et compensent souvent par une écriture quelque peu cynique, à base de références à d’autres pans de la culture populaire. Rien de cela dans Coco, l’originalité du propos n’ est jamais parasité par une quelconque lecture référentielle. Au contraire, l’histoire suit son cours, d’une logique implacable quand on connait la « fin » que je ne dévoilerai pas. On va suivre donc le jeune garçon dans son double parcours : devenir musicien, au grand dam de sa famille, et réussir à quitter le royaume des morts avant le lever du soleil, cette mission étant également l’occasion de sauver l’âme ou plutôt le souvenir d’un jeune homme décédé trop tôt.
Il est d’ailleurs extrêmement intéressant de voir l’aspect « positif » de la mort qui peut choquer les occidentaux que nous sommes, mais qui fait partie intégrante de la la culture mexicaine. Ceux qui n’ont pas vu le film, mais qui ont vu SPECTRE auront une petite idée de cette fête , les explosions en moins bien sûr. Le côté délirant, le foisonnement de ce monde, avec un travail fabuleux sur les lumières, l’imagination sans limite des designers, mais s’appuyant toujours sur la vie mexicaine (là encore, je vous renvoie aux superbes bonus de l’édition spéciale Blu-ray) permettent donc plusieurs visions de Coco, chacune d’entre elles dévoilant de nouveau trésors. Un monde coloré, quasiment opposé à une vision à la Burton, chaud, festif !
Aspect positif donc, même si la peur des défunts d’être oublié donne tout de même un aspect dramatique à cette fête. Car le moteur de l’histoire est également là : rester dans la mémoire des vivants.
Finalement, l’un des retournements de l’histoire , à savoir le personnage sympathique qui se révèle être le méchant (une idée déjà exploitée dans Là-haut et Monstres et cie , ce dernier ayant été réalisé d’ailleurs par Lee Unkrich, l’un des deux auteurs de Coco) n’est pas si important. Ce retournement arrive d’ailleurs assez rapidement sans que l’on n’en s’étonne vraiment. C’est sans doute le seul point faible de l’histoire.
Mais ce qui importe, c’est le voyage de Miguel dans l'au-delà. Comme souvent chez Pixar, ce parcours va changer sa vision du monde, va lui révéler des choses sur sa famille et il va comprendre bien des non-dits, bien des drames qui ont fait que la musique était interdite.
Le travail sur le son dans ce film a également fait l’objet d’un très grand soin, que cela soit au niveau de la musique , des chansons, des différents styles abordés et du design sonore. Là aussi, on est dans du Pixar classique, c’est à dire du très très haut de gamme. On sent le travail énorme du studio derrière qui ne laisse rien au hasard, engage les meilleurs et ne laisse passer aucune facilité ou aspect bâclé. Certains peuvent critiquer ce perfectionnisme à tout crin, mais force est de reconnaître que c’est bien ce que l’on attend des gens qui ont révolutionné le cinéma avec Toy Story ! Après, il est vrai que Disney/Pixar met des sommes colossales dans ses dessins animés. Coco a coûté dans les 200 millions, en a rapport 800, dont 209 aux USA, ce qui en fait le 13e dans ce pays (17e si l’on compte en tickets vendus). Un succès donc, mais un peu moindre en Amérique , pays où la communauté mexicaine est importante.
Après ce déluge d’éloges, vous vous demandez pourquoi je ne mets pas cinq étoiles. En fait, comme je l’ai déjà dit , le gentil qui se révèle être un méchant est un thème très éculé. Et le 2e problème est que le doublage français n’est pas à la hauteur de l’extraordinaire VO. Le gamin qui fait la voix de Miguel en VO n’était d’ailleurs pas le premier choix au départ, mais après avoir fait les voix temporaires (toujours enregistrées avant que la première image finale soit créée) , sa candeur et son talent a finalement emporté le morceau.
Mais que ces quelques petits points ne vous arrêtent pas ! Coco est un voyage extraordinaire, beau, plein de rebondissements, rempli de musique, de folie et d’un chien qui renoue avec la grande tradition des sidekicks tels que les affectionne Disney.