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18 octobre 2018 4 18 /10 /octobre /2018 08:43
Mission impossible (****)

Le pitch : accusé d'avoir décimé son équipe à Prague, Ethan Hunt, agent de la force Mission Impossible, doit voler une liste d'agent à la CIA afin de coincer la taupe qui l'a trahie.

Premier volet d'une franchise ultra-lucrative, Mission Impossible par Brian de Palma est un brillant exercice sur les faux semblants, les vérités tronquées et les mise en abime. Si Tom Cruise est logiquement à l'origine du film, le réalisateur de Pulsion ou des Incorruptibles retrouve ici son thème de prédilection : ce que l'on voit n'est pas forcément ce qui est vrai.

 

A sa sortie en 1996, le film fut décrié par une partie des fans pour son twist à mi-parcours, à savoir que le traitre n'était autre que M.Phelps , héros de la série télévisée. Mais il fallait bien cela pour passer le relais à Tom Cruise , trop jeune pour incarner le chef de la section Mission Impossible. Et quelle meilleure façon que de faire table rase du passé en faisant voler en éclat toutes les certitudes du public. A cet égard, la scène où Ethan retrouve son chef à Londres et comprend comment l'équipe a été décimée est un morceau d'anthologie !!

 

En fait, il faut voir le premier Mission Impossible comme un film d'espionnage comportant des scènes d'action. On sait d'ailleurs que la dernière scène, celle du TGV, fut retournée car la fin n'était pas assez spectaculaire. Ce qui est amusant c'est que Brian de Palma fit le contraire pour son film suivant, Snake Eyes, à savoir enlever une scène très spectaculaire située à la fin du film. Mais pour autant réussi que soit ces scènes, comme la fabuleuse intrusion dans la salle d'ordinateur de la CIA, elle ne sont que la cerise sur le gâteau d'une histoire moins complexe qu'il n'y parait (en tout cas, à sa deuxième vision) mais qui laisse toujours le spectateur dans le doute. 

 

Et l'usage des masques est justement un excellent moyen de perdre le spectateur. Dans certains cas, on sait que le personnage en joue un autre, dans d'autres, on ne le découvre qu'à la fin de la séquence.  Or, c'est une marque du cinéma de Brian de Palma : le faux-semblant. L'auteur qui citait si souvent Hitchcock à ses débuts emballe les scènes d'action avec professionnalisme, mais ce n'est pas ce qui l'intéresse. Son choix se porte sur la quête d'Ethan et sur la façon dont il va découvrir, peu à peu, la vérité, toujours à partir de détails (la bible), et comment sa vision du monde va changer. Et mine de rien, dès ce premier épisode, le postulat est posé : Mission Impossible n'est pas un film d'équipe, mais un film où un héros prend le pas sur les autres et se trouve opposé à son agence. Cela sera le cas dans tous les autres films, sauf le deuxième. 

 

Alors, évidemment, Tom Cruise prend forcément toute la lumière et ne laisse que peu de place au reste du casting. Emmanuelle Béart, par exemple, n'a  que peu de scènes la mettant en valeur, Jean Reno est un peu plus chanceux (même si on comprend très vite qu'il est le traitre - il n'y a qu'à voir son expression quand le quatuor quitte Langley) mais on comprend vite que le héros c'est Hunt ! C'est lui va débusquer le trafiquant, aller voler les informations, découvrir toute la vérité sur son chef et éliminer tous ses ennemis à lui seul. Seule Emmanuelle sera abattue par son mari. Il est intéressant de voir que si ce trait sera accentué dans le 2e épisode, progressivement il laissera un peu de place aux autres personnages.

 

Mission Impossible est donc une synthèse presque parfaite entre le film d'action et le thriller cérébral. Presque car quelques scories polluent le métrage. Des Deus Ex Machina (la découverte de Job 3.14 donc du trafiquant n'est pas crédible) , des raccourcis scénaristiques (comment Ethan peut-il avoir le masque de son chef, sachant qu'il a été désavoué et n'a donc pas accès à la technologie MI ?) et quelques effets visuels pas forcément maîtrisés, notamment dans la dernière partie avec le TGV.

 

Mais ces quelques défauts sont très largement compensés par le charisme de Tom Cruise, par une histoire passionnante et une mise en scène au cordeau. En prenant un véritable artiste (pour tous les épisodes d'ailleurs ) et non pas un yes man, l'acteur affiche d'entrée ses ambitions et réussit largement un pari très risqué. Après tout, il avait tout à perdre en cas d'échec. Brian de Palma aussi. D'ailleurs si MI accentua la carrière de l'acteur , il n'en fut pas de même pour le réalisateur. Cruise continua à enchainer les hits (Jerry Maguire sortit quelques semaines après et fut un triomphe US), De Palma ne connut jamais pareil succès : Snake Eyes et Mission to Mars dépassèrent péniblement les 50 millions et ses films des années 2000 se plantèrent tous.

 

22 ans après, le film a très bien vieilli qui plus est. Et on a peine à croire que l'acteur tient toujours aussi haut cette franchise, tout en se permettant des incursions plus risquées (et parfois moins rentables). Ce qui passa pour un caprice en 1996 se révèle être une des meilleures franchises de l'histoire du cinéma qui n'a jamais baissé en qualité. Combien peuvent en dire autant ?

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***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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