Le pitch : au centre de l'univers trône une tour sur lequel repose son équilibre. Walter, un sorcier surnommé l'homme en noir, tente de la détruire.
Enorme saga de Stephen King, composée de 7 tomes dont certains font plus de 800 pages, on était très curieux de voir quand Hollywood s'en emparerait. Et l'annonce d'un film, alors qu'une série télévisée aurait été plus logique, la puissance des romans laissait augurer quelque chose de grandiose.
Hélas, on en est très loin. Et si je mets 3 étoiles , c'est surtout parce que le film tient quand même la route. Mais de la saga originelle, on est très très loin. Alors qu'ils disposaient d'un matériel en or, les scénaristes ont préféré piquer quelques idées dans les milliers de pages(La maladie du pistolero, la maison servant de passage entre les mondes, le rayon, la tour..), quelques noms (Roland, Jake Chambers) et quelques lignes de dialogues (je ne vise pas avec ma main...).
Pour le reste, les scénaristes ont modifié une grande partie de l'histoire : ainsi, l'homme en noir, Walter, enlève des enfants dans les différents mondes car leurs cris peuvent détruire la tour , ce qui va l'amener à s'intéresser à Jake Chambers, jeune habitant de New York qui rêve de cet autre monde.
Et heureusement que cette "nouvelle" histoire tient à peu près la route, même si elle est quelque peu banal par rapport aux romans de base, car sinon , le film serait totalement raté.
Plus curieux encore, les scénaristes ont fait des rapprochements avec d'autres romans du King. Ainsi, les dons de Jake sont assimilés à son "shinning". Ou alors Roland et Jake découvrent dans la forêt un parc d'attraction qui évoque à la fois le roman "Joyland" et Ca (le clown, le nom du parc). Ou bien la présence fugitive de Christine, la voiture diabolique. Cette tentative d'univers partagés est intéressante, mais ne s'adresse vraiment qu'aux spécialistes. C'est d'autant plus amusant que dans les romans de King, c'est plutôt le contraire. Ce sont certains romans ou nouvelles qui se connecte à La tour sombre. Par exemple, Coeurs croisés en Atlantide ou Le fléau. Sans oublier, ce passage de 22/11/63 où le personnage principal rencontre carrément les héros de Ca.
La grosse surprise vient aussi de la longueur du métrage qui ne dépasse pas 1H30 avec, certes, une fin très ouverte qui appelait à des suites - qui ne verront sans doute jamais le jour, l'accueil avant été bien trop faible avec 113 millions de recettes mondiales pour 60 de budget - mais il est évident , dès le départ, qu'on ne peut pas porter à l'écran un tel pavé. Cependant le nombre important de scènes coupées présentes sur le Blu-ray montre que l'ambition était sans doute tout autre avant que les ciseaux ne taillent dans le montage.
Il faut donc faire abstraction du roman pour chroniquer le film. Et en l'état, il n'est pas si mal. L'histoire , si brève soit-elle, se tient bien, les décors et effets visuels tiennent bien la route et on retrouve, par moment, le souffle épique de la quête de Roland.
Enfin, Idris Alba est plutôt crédible en pistolero et on passera sur sa couleur de peau. Dans le roman, Roland est blanc, mais quelle importance de nos jours. Matthew McConaughey se régale visiblement à jouer l'homme en noir et le jeune Tom Taylor est un excellent Jake.
La tour sombre ne trônera donc pas dans le panthéon des adaptations réussies de Stephen King , mais , le film se laisse voir, même si on peut quelque peu rager en voyant un tel potentiel flingué !