Le pitch : l'ascension, la chute , le retour de Steve Jobs au sein de la société qu'il créé avec Steve Wosniak dans le garage de son père , Apple Computers !!
Sorti 3 ans avant le fabuleux Steve Jobs de Danny Boyle, le film de Joshua Michael Stern est loin d'en avoir la puissance, la structure et la maestria technique. En fait, si l'on exclut une première scène se passant en 2001 (le lancement de l'Ipod), Jobs est une biographie plutôt sage, linéaire et qui n'apprendra pas grand chose à ceux qui connaissent par coeur le co-fondateur d'Apple.
Cela étant dit, on ne peut nier que le film est plutôt bon et qu'il montre bien les facettes noires de Jobs : autoritaire, maniaque, exigeant au delà du raisonnable, fuyant certaines de ses responsabilités (le refus de reconnaître Lisa), pas toujours reconnaissant envers ceux qui l'ont aidé...
Mais on découvre également un Jobs humain qui sait ce qu'il veut, mais capable de s'émouvoir devant la forme simple d'une police de caractères ou, plus tard, devant les courbes du premier IMac.
En fait, le souci principal est qu'il tente de résumer en moins de deux heures la vie d'un homme qui en a vécu plusieurs. Ainsi, la période Next est expédiée en quelques scènes, le passage de la foire informatique de San Francisco à Apple Cuppertino fait l'objet d'un simple changement de plan et le conflit entre lui et Sculley est décrit de manière bien trop abrupte.
Là où Boyle avait choisi de se focaliser sur 3 moments clés de la vie de Jobs (le lancement du Mac, du Next et de l'Imac) tout en intégrant les passages importants (la rencontre avec Sculley, la lente reconnaissance de Lisa...), Stern a donc décidé de quasiment tout raconter dans l'ordre chronologique. Mais comme je l'ai dit, il y a trop à dire, ce qui amène trop d'ellipses, trop de raccourcis, trop de passages où l'on se dit "On est quand, là ?". De ce fait, des personnages apparaissent (la femme de Jobs par exemple) comme venant de nulle part, d'autres disparaissent... Et certaines situations ne sont jamais approfondies. Un exemple parmi d'autres : quand Jobs est en conflit avec le conseil d'administration, aucune indication ne nous explique pourquoi d'un coup, il ne maîtrise plus son entreprise, ce qui amènera à son évincement quelques années plus tard. Certes, les problèmes avec le Lisa sont évoqués (coût important de développement et échec commercial à cause du prix de vente), mais on sent qu'il manque des passages, des scènes.
En fait, raconter la vie complète de Jobs aurait nécessité une mini-série ou un film bien plus long.
Heureusement , Ashton Kutcher est plutôt convainquant en Jobs , même s'il ne tient pas la comparaison à côté de Michael Fassenberg et parvient à faire passer toute l'ambiguïté du personnage, surtout dans ses rapports avec les autres, sa façon d'être cassant, odieux même. Le reste du casting est à l'avenant : quelques têtes connues (James Wood, Josh Gad) et d'autres beaucoup moins, mais interprétant avec conviction leur personnage. Et si le film se concentre surtout sur la genèse d'Apple (quasiment la moitié), cette longue introduction permet au moins de cerner chaque caractère : la gentillesse de Wosniak par exemple. Le génial inventeur des cartes mères de l'Apple I et II y est certes un peu trop victime consentante (ce qui n'était pas tout à fait cela), mais l'interprétation de Gad rend justice à son personnage.
Au final, Jobs est un biopic sage mais incomplet, bien interprété mais parfois fade, au look de téléfilm plutôt que de film. D'où mes 3 étoiles. Un peu comme la note "Peut mieux faire" que l'on accole à un devoir bien rédigé, mais manquant de substance, de folie et faisant l'impasse sur trop de chose.
Au niveau box office, Jobs a engrangé un peu plus de 16 millions de dollars et 19 de plus dans le monde. 3 ans plus tard, le génial Steve Jobs de Danny Boyle ne fera pas mieux : 17 et 16 millions. Comme quoi, le sujet ne passionnait finalement pas. Une injustice pour une des personnes les plus importantes du XX et XXIe siècle.