Le pitch : Woody a été volé par un collectionneur peu scrupuleux lors d'un vide grenier, Buzz va alors entreprendre une mission de sauvetage pour le récupérer avec les autres jouets d'Andy. Mais tout va se compliquer quand Woody va apprendre qu'il fut un jouet célèbre dans les années 50.
5 ans après le premier opus, la donne a changé pour Pixar. 1001 pattes a permis de confirmer que le succès de Toy Story n'était pas un hasard et Disney a donné bien de moyen pour cette suite, qui, au départ, n'était qu'un Direct to Video. Concurrencée par Dreamworks avec Le prince d'Egypte et FourmiZ, la firme de Burbanks décide donc de se lancer à fond dans ce nouveau médium et Toy Story 2 devra en être une étincelante affiche, avant les sorties déjà prévues de Monstres et Cie, Némo et Les Indestructibles qui vont forger la légende de Pixar.
Toy Story 2 aurait pu prendre la formule du 1er à savoir une bonne dose de buddy movie, mais Pixar n'est pas du genre à surfer sur des formules. Mine de rien, toutes les suites qu'elle a faites sont très différentes les unes des autres. Même Le monde de Dory, qui en apparence suit le même schéma que Némo, présente en fait une histoire qui n'a pas tant de chose à voir. Et que dire de la trilogie Cars, où chaque film se focalise sur un personnage différent. Bref, Toy Story 2 ne sera pas un remake du premier.
En inversant les rôles (Woody devient un jouet de collection, Buzz devient un jouet comme les autres) et en séparant les deux protagonistes au début du film, l'histoire prend donc un chemin détourné, permettant un parallèle entre les deux groupes de personnages. L'idée de donner une "famille" à Woody avec Jessie, le cheval Pile-Poil et le chercheur d'or permet d'étendre l'univers des jouets mais aussi de donner un sacré bol d'air à la franchise. La réflexion sur les enfants qui grandissent et qui abandonnent leurs jouets sera à la base de Toy Story 3, preuve que Pixar voit plus loin que les autres studios. En axant un discours adulte dans un dessin animé à priori destiné aux enfants, Pixar gagne sur les deux tableaux, mais à la différence de Dreamworks avec Shrek, elle le fait sans aucun cynisme.
S'ouvrir à de nouveaux décors, sortir les jouets dans la rue, introduire de nouveaux personnages et créer des humains moins stylisés que lors du premier film, les challenges ne manquaient pas. Et l'on peut voir que la loi stipulant que l'informatique double sa puissance tous les 18 mois se vérifie ! Toy Story 2 est un bon en avant énorme d'un point de vue technique, que cela soit au niveau de l'animation, de l'éclairage, des décors, des mouvements de caméra, des textures et du photo-réalisme. La séquence d'ouverture , avec Buzz pris dans une mission vers une planète inconnue (et qui s'avère être en fait un jeu vidéo) donne d'entrée le ton. Cette séquelle sera celle du Toujours plus. Les outils sont plus performants, les techniciens plus nombreux et mieux rodés. Mais chez Pixar, justement, la technique est un outil, pas une fin en soi. Seul compte vraiment l'histoire , elle est le moteur du studio. Sans elle, un film n'a pas d'âme.
Cependant, le studio n'oublie pas les fondamentaux du premier film : il faut de l'action (il va y en avoir), des retournements de situation (le traitre qui se dévoile dans le dernier quart du film), de l'émotion (Jessie qui explique pourquoi elle n'aime plus les enfants, sa situation étant finalement un miroir de ce qu'a failli subir Woody dans le premier film) et de l'humour. En boostant les personnages secondaires comme Mr Patate ou le dinosaure, en rajoutant un 2e Buzz l'éclair (et son père) et en multipliant les gags, le film fait le job également de ce côté. Toy Story 2 est une vraie comédie d'action, avec des scènes d'anthologie à tous les niveaux. Les dialogues sont toujours aussi percutants et ciselés, d'autant plus que tout le casting vocal, Hanks et Allen en tête, est de retour.
Si on ajoute certaines scènes bien flippantes (le cauchemar de Woody), l'apparition d'un personnage issu des court-métrages Pixar, un générique de fin hilarant avec son faux bêtisier, Toy Story 2 surpasse l'original, rejoignant donc la courte liste des séquelles meilleures que le premier opus. Et quand on sait que cette perfection sera encore dépassée par le 3, il est évident que Pixar fait plus que le job : il tire toute l'animation vers le haut !