Le pitch : L'arrivée d'une fourchette que Bonnie a transformé en jouet va bouleverser la vie de Woody, mais aussi lui permettre de retrouver son ancien amour.
Et de 4 dans cette série qui a lancé Pixar et modifié à jamais le cinéma d'animation. Et accessoirement, une série dont la qualité ne s'est jamais démenti, chaque film se permettant d'être au minimum aussi réussi que le précédent.
Cet opus 4 est à la hauteur du 3e épisode ! Techniquement, s'il s'offre moins de personnages nouveaux, il prouve encore et toujours qu'il y a Pixar et les autres, soit un univers à la fois ultra-réaliste et cartoon, à la fois coloré et inquiétant (toutes les scènes se passant chez l'antiquaire aurait pu se passer dans un film d'épouvante) et d'une justesse incroyable ! Quant aux scènes d'actions, rien à dire !! Elles sont là et bien là, toujours aussi bien filmées et au service du scénario : rien n'est gratuit chez Pixar !!
Au point de vue l'histoire, rien à redire : c'est solide, carré, implacable même ! Mais aucun film ne vit que sur sa progression ! C'est l'émotion qui compte et ce Toy Story n'en manque jamais ! Surfant sur les affres de l'enfance (Bonnie va à la maternelle pour la première fois), sur la peur de la nouveauté (qui de Fourchette ou de Woody a le plus peur de l'avenir ?) et approfondissant le thème du 3 (Les jouets sont-ils éternellement utilisés par leurs propriétaires ?), Toy Story 4 distille une nostalgie douce amère et la conclusion du film est extraordinaire, même si sa tristesse en laissera plus d'un sur le carreau.
En redistribuant les rôles et en remettant Woody au premier plan, en refusant la redite du jouet sympathique mais qui ne l'est pas tant que cela, le scénario multiplie les surprises, les péripéties (mais sans aller dans la surenchère) et introduit avec justesse ses nouveaux personnages et en fait revenir d'autres. Et dans cet univers en perpétuelle évolution, Woody a finalement bien du mal à trouver sa place. Psychologiquement, il est même en pleine crise mais son but reste le même : faire le bonheur de "son" enfant ! Et il va lui falloir prendre énormément sur lui même pour évoluer et accepter que son monde puisse changer, chose qu'il n'avait pas tout à fait accepté à la fin de Toy Story 3, passant de Andy à Bonnie.
L'amour est d'ailleurs au centre du film : Gaby, la poupée cherche l'amour de celle qu'elle estime être sa maîtresse et est prête à tout pour cela, Woody ne veut pas perdre l'amour de Bonnie ni celui de la Bergère, les autres jouets cherchent à rester ensemble , comme la famille qu'ils sont devenus au fur et à mesure des films. Et si le happy end est presque de rigueur (la fin, je le redis, n'est pas un épilogue joyeux comme dans les opus 1,2,3), pour la première fois, la bande ne va inclure de nouveaux jouets rencontrés dans le film, au contraire. La famille va même éclater comme si chacun devait vivre sa vie.
Et c'est peut être cela la leçon la plus importante du film : aller de l'avant, ne pas rester dans un schéma pré-conçu, voire brûler ses vaisseaux. Woody aura mis 4 métrages et des années pour le comprendre. Mais qui peut lui en vouloir ? Après tout, il a été créé pour donner de la joie à un enfant, pas pour vivre sa vie de manière indépendante.
Toy Story 4 montre, une fois de plus, l'incroyable capacité de Pixar de se renouveler et d'approfondir la psychologie de ses personnages. A la différence de Dreamworks qui se contente trop souvent de répéter une formule (la saga Dragons étant l'exception), Pixar ose toujours sortir des sentiers battus, n'hésitant pas à changer de héros d'un film à l'autre (le mal aimé Cars 2 qui donnait la vedette à Martin) ou d'aller dans une direction où personne ne l'attend. L'hallucinante maîtrise technique fait le reste. Pixar peut attendre tranquillement que la concurrence la rattrape : sur le terrain de l'émotion, elle est imbattable !