Le pitch : après la chute de Cybertron, l'autobot B127 s'exile sur Terre afin de préparer la venue de ses frères et continuer la lutte contre les Decepticons. Mais tout ne va pas se passer comme prévu.
Disons le d'entrée, la perspective d'un spin-off de la saga Transformers n'était pas l'option cinématographique la plus évidente, surtout après les résultats décevants du 5e épisode. Mais contre toute attente, Bumblebee est une agréable surprise et un film qui, sans se hisser à la hauteur des épisodes réalisés par Michael Bay, remplit bien les cases du contrat.
Situant son histoire dans les années 80 (une tendance amorcée depuis Super 8 et magnifié par des séries comme Stranger Things ou la première partie de Ca), Bumblebee ne fait pas dans la démesure. Hormis la scène d'ouverture où la guerre fait rage sur Cybertron, le film ne propose pas des scènes de destructions massives bigger than life ou des affrontements entre armées innombrables. Au contraire, si on enlève le dernier acte du film où deux Decepticons (dont un féminin) affrontent le héros, Bumblebee cherche son inspiration du côté de ET, à savoir l'amitié entre une adolescente, Charlie, et une entité extra-terrestre.
Bien entendu, la donne a changé depuis 1982 et on est dans la re-création d'une époque quelque peu fantasmée. Les chambres des deux adolescents du film sont la synthèse de toutes les chambres de cette époque, ainsi que leur maison respective. On pourrait même dire que tous les "clichés" y sont. Et toujours pour accentuer ce côté nostalgique, l'histoire se passe sur la côte ouest, dans une banlieue de San Francisco, comme pas mal de films cultes des eighties. Enfin, le scénario utilise le très classique traumatisme dû à la perte d'un parent (ici le papa).
En prenant comme héros le plus "mignon" des Autobots, le scénario ne prend pas non plus un risque énorme. Souvent gaffeur, privé de la parole (préquelle oblige, on saura comment il va surmonter ce handicap) et donc obligé de passer par un langage corporel pour se faire comprendre, Bumblebee est le compagnon idéal d'une héroïne mal dans sa peau et encline à la mélancolie teintée de colère. La rencontre intervient assez rapidement, calquée d'ailleurs sur celle entre Sam et l'autobot dans le premier Transformers, et Charlie ne va pas hésiter longtemps avant d'adopter cet insolite compagnon.
Le deuxième acte est donc centré sur leur relation, même si en parallèle, le plan des deux décepticons se met petit à petit en place - ils en profitent pour donner l'idée de l'Internet aux militaires (comme toujours, la saga se permet de ré-écrire l'histoire). Cela donne donc un film aux allures de comédies, mais qui ne tombe jamais dans la grosse farce ou la grossièreté. Un vrai spectacle familial qui peut plaire à tout le monde.
Notez que l'animation de Bumblebee est absolument remarquable ! Comme l'avaient dit les responsables des effets visuels au magazine SFX, le fait de se concentrer sur un seul personnage durant les 3/4 du film leur a permis de peaufiner leur travail dans les moindres détails. Les émotions passant par le regard de Bumblebee sont absolument parfaites et le personnage existe vraiment car le scénario lui en donne le temps. Bien entendu, le script insiste sur le côté "enfantin" de l'Autobot (on a parfois du mal à se dire qu'il est un des plus fidèles compagnons de Optimus Prime et un guerrier redoutable) et l'idée d'en faire une Coccinelle ne peut qu'aller dans ce sens. Mais répétons-le, la volonté était clairement de faire un film pour tous, exempt de morts violentes (si ce n'est la désintégration de deux humains , désintégration assez cartoon d'ailleurs).
Les amateurs de baston entre robots devront donc attendre la 3e partie et très franchement, ils ne seront pas déçus ! Bien sûr, on est loin des énormes séquences des films de Bay, mais là n'est pas la question ! Le combat entre Bumblebee et les deux Decepticons est superbement chorégraphié et là aussi le soin apporté à l'animation est total ! On sent que sur ce "petit" projet, les animateurs ont eu à coeur de ne pas bâcler leur travail. Il est vrai que Bay, même s'il n'est pas réalisateur n'a pas l'habitude d'offrir des productions moyennes. Et son choix de Travis Knight n'est pas une erreur. D'une part il vient de l'animation (Kubo et l'armure magique) et connait donc parfaitement ce médium et d'autre part, sa mise en scène est dynamique, lisible et parfaitement adapté au ton du film.
Au final, Bumblebee est une vraie bonne surprise et un spin off à la hauteur. Il permet de passer un excellent moment et on peut penser que les bons résultats au BO (467 millions pour un budget de 135, sans compter les recettes vidéos) nous permettront de voir une nouvelle aventure de l'autobot. Et il semblerait même que ces résultats aient permis la mise en route du 6e volet de la saga principale. Tant mieux !