Bon, je ne vais pas me mentir, mais ce qui arrive aux Césars, avec cette démission collective de la direction, dirigée par Alain Terzian, ne me chagrine pas vraiment.
Cela fait des années que les Césars ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes. Il fut un temps où de vrais succès populaires étaient récompensés, comme Les Ripoux ou Tchao Pantin, que des films français ambitieux étaient mis en avant comme Le vieux fusil.
Puis à partir de la fin des années 80, tout s'est déréglé. Les Césars ont commencé à récompenser les copains et non pas les bons films. De plus, la tentative de singer les Oscars, notamment dans sa présentation , les rend souvent pathétiques. Enfin, les polémiques à répétition , parfois très hypocrites comme celle sur J'accuse (je vais y revenir) ont achevé de les fragiliser .
Au départ de cette démission collective , c'est le refus d'Alain Tierzan d'intégrer comme marraine Virginie Despentes. Dans l'absolu, on peut le comprendre car Despentes, à part écrire des romans semi-pornos et faire des films dont le seul but est la provocation à deux balles, ce n'est pas vraiment le haut du panier côté réalisation. Il y a bien bien meilleur qu'elle en France.
Mais ce refus pose surtout la question de l'égalité entre homme et femme dans le cinéma français. Comme dans, hélas, quasiment toutes les strates de notre société, les femmes sont moins payées, moins représentées, moins défendues , moins considérées. Et ce refus a été noté comme un refus de l'académie d'évoluer vers plus de parité.
Un sacré faux pas qui montre qu'Alain Tierzan n'a pas intégré que le monde changeait et qu'on ne peut plus agir comme il y a 20 ans.
Et puis, il y a la polémique Polanski. Sur le coup là, j'avoue que cela me fait bien rire. Cela fait des années qu'on sait que Polanski a commis des actes pédophiles et que tout le cinéma français le défend. Et là, hop, il devient indésirable. Alors , si on peut se réjouir qu'enfin, nos bonnes âmes, si promptes à donner des leçons de morale, aient enfin compris ce qu'était Polanski, on peut aussi se dire qu'elles se servent du réalisateur pour régler leurs comptes avec Tierzan.
Quoiqu'il en soit, cette démission ne changera sans doute pas grand chose. Parité ou pas, tant que les Césars refuseront de récompenser les films de cinéma et non pas les téléfilms bobos, ils n'auront aucune légitimité, si ce n'est que de s'auto-congratuler.