Le pitch : à la veille des jeux olympiques de Paris de 1924, le parcours de deux athlètes anglais , chacun courant pour des raisons bien personnelles.
Malgré son statut de (très) grand classique, je n'avais jamais vu Les chariots de feu dans son intégralité, juste des extraits et bien entendu la scène magnifiée par la musique de Vangélis. Ayant trouvé le DVD lors d'un vide grenier à un prix défiant toute concurrence , il était temps de réparer cet état de fait.
Le film n'est pas, comme on pourrait le croire, une histoire de rivalité totale entre deux coureurs , vu que les deux protagonistes du film ne participeront pas à la même épreuve lors des JO, mais un parcours croisé.
D'un côté, Harold Abrams , un jeune juif étudiant à Cambrigde et qui entend lutterr par ses qualités athlétiques contre les préjugés antisémites.
De l'autre, Eric Liddell, champion de rugby écossais et fervent catholique qui court pour la gloire de Dieu.
Les deux personnages visent donc le même but, ont la même ambition et iront au bout de leur destin, quitte à mettre en péril leur vie privée. Mais surtout, ils ne renieront pas leurs convictions : ainsi Liddell refuse de courir le 100 m à Paris car les éliminatoires ont lieu le dimanche. Or , pour lui, le dimanche est consacré à l'église, pas au sport. Il participera alors au 400m.
Quand à Abrams, il refuse de se séparer de son entraîneur italien, magistralement joué par Ian Holm (Alien, Brazil, Greystoke , Le 5e élément et j'en passe) au grand dam des doyens de Cambridge. Ceux-ci retourneront d'ailleurs leur veste après la victoire du jeune juif.
Pour son premier film, Hugh Hudson (qui réalisera Greystoke 3 ans plus tard puis en 2000 Je rêvais de l'Afrique) avait opté pour une réalisation audacieuse, usant de ralentis lors des courses, parfois avec plusieurs points de vue et utilisant la musique électronique de Vangélis pour sublimer les scènes les plus importantes. Il ne s'embarrasse que peu de scènes d'exposition et s'intéresse surtout à ce que pensent ses personnages., y compris les secondaires, les autres athlètes qui entourent les héros. 39 après sa sortie, cette mise en scène peut faire sourire, mais elle n'en reste pas moins très belle, collant parfaitement à son sujet et surtout elle amène le film dans une dimension rarement atteinte pour un film "sportif".
Mettant en place une époque totalement disparue (les fameuses "Années folles" qui ont suivi la 1ere guerre mondiale , où l'Europe tentait d'oublier dans l'insouciance l'atroce conflit qui l'avait défigurée) , la reconstitution est parfaite, le souci du détail indéniable, surtout à une époque où le numérique n'existait pas. Chaque décor, chaque costume, chaque lieu respire les années 20 et les scènes en extérieur, d'une luminosité parfaite, rajoute encore à la beauté du film.
Le film se pose également en un affrontement entre l'Europe et les USA. Les athlètes américains sont présentés comme les meilleurs et pourtant, ils seront battus dans deux des épreuves reines. A sa manière, le métrage montre ce baroud d'honneur entre une Europe qui ne s'avoue pas vaincue face à la montée en puissance de l'Amérique, une Angleterre quelque peu avide de revanche sur son ancienne colonie. Mais au final, ce triomphe sera de courte durée : 16 ans plus tard, la seconde guerre mondiale ravagera à nouveau l'Europe et l'Amérique en sortira vainqueur.
Bien entendu, Les chariots de feu propose un point de vue sur une histoire, et Hugh Hudson a pris quelques libertés . Ainsi Eric Liddell savait depuis plusieurs mois que les épreuves éliminatoires auraient lieu un dimanche et s'entraîna donc également pour le 400m. Dans le film, il l'apprend sur le bateau qui emmène l'équipe d'Angleterre en France. Autre point, ce n'est pas un athlète américain qui lui donnera un billet le soutenant dans ses convictions religieuses le jour de la course, mais un masseur.
Mais tout ceci n'est que détail et de toutes façons aucun film historique ne représente la vérité : Les chariots de feu mérite sa réputation, son aura, ses récompenses (4 Oscars, dont meilleur film et musique, 1 Batfa, 2 Golden Globes) et son titre de très très grand film.
Si comme moi , vous ne l'aviez jamais vu, n'hésitez donc pas une seule seconde !!