Le pitch : Décidé à sauver son père, le fils de Will Turner se lance à la recherche du légendaire trident de Posseidon en compagnie de Jack Sparrow. Mais d'autres pirates sont également sur la trace de cet objet qui peut lever les malédictions.
Entamée en 2003, la saga Pirates des Caraïbes s'est révélée, à la grande surprise de tous, une rente incroyable au Box Office. Le premier opus rapporta 654 millions de dollars et engendra une double suite, tournée en même temps et qui engrangea successivement 1066 et 960 millions ! Et alors même que le trio vedette n'était pas dans le 4e film - seul Johnny Depp restait à la barre, La fontaine de jouvence dépassait également le milliard, malgré des recettes en baisse aux USA.
Avec un tel succès, logique que Disney continue à faire des petits à sa poule aux oeufs d'or, mais ce 5e épisode , pour spectaculaire qu'il soit, perd quelque peu la magie de la trilogie originelle.
Dans un premier temps, la promesse du retour de Will Turner et Elisabeth Shaw s'avère finalement très anecdotique. Le premier est présent au début et à la fin du film, la deuxième uniquement à la fin et dans la scène post-générique. Et la tentative d'introduire un nouveau couple à savoir Henry Turner et Carina Smyth tourne un peu court. Si la jeune femme fait avancer l'histoire - et s'avère un personnage finalement lié également aux premiers films - , Henry Turner n'est pas très impliqué dans l'histoire, si ce n'est sa quête qui est , heureusement, le moteur du script. Mais leur romance apparait convenue, visible à 10 km et n'a pas le côté piquant du triangle Sparrow/Tuner/Shaw, ni son aspect gentiment coquin. Dommage car il y avait sans doute mieux à faire de ce côté.
Autre semi-déception, le jeu de Johnny Depp qui se contente de faire du Jack Sparrow sans renouveler son personnage. Alors, oui, on prend plaisir à le retrouver et certains de ses dialogues sont toujours aussi décalés, mais force est de reconnaitre qu'il commence à tourner en rond et que son jeu d'acteur est souvent en roue libre, voire en pilotage automatique. Autant on le sentait concerné à 1000% sur les premiers films, autant là, il donne la désagréable impression de n'être là que pour son (énorme) cachet.
Heureusement, La vengeance de Salazar dispose tout de même de sacrés atouts : son méchant tout d'abord, délicieusement interprété par Javem Bardem ! Salazar , dont on connaitra l'origine au mi-temps du métrage dans une scène qui nous permet de découvrir Jack au tout début de sa carrière de capitaine, est dans la lignée de Barbossa (toujours présent dans ce film d'ailleurs) ou du maître du Hollandais volant : un être machiavélique et sans pitié, mais dont le tragique destin s'explique par sa volonté de débarrasser les mers des pirates. Son équipage et lui même bénéficient d'effets visuels extraordinaires (sa chevelure flotte dans les airs comme s'il était tout le temps dans l'eau) , atteignant sans soucis le degré d'excellence dont la saga se prévaut depuis le début.
De ce fait, la quête de Salazar, qui se double d'un désir de vengeance envers Jack Sparrow (décidément, il se sera mis à dos quasiment tous les navigateurs de l'époque) est finalement un moteur du film plus intéressant que celui de Henry Turner.
L'autre atout est que les deux réalisateurs danois Joachim Ronning et Espen Sandberg ne sont pas des manchots et alignent les scènes très spectaculaires : le vol d'un coffre qui dévaste une ville côtière, l'origine de la malédiction de Salazar, la découverte du trident et l'affrontement final sont dignes des premiers opus. Qui plus est, leur montage est très lisible et ne sombre pas dans le sur-découpage. Les meilleurs moments du film sont également bien répartis tout du long du métrage, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais et qu'il n'y a pas de baisse de régime.
Enfin, retrouver la quasi totalité des équipages de la saga, avec ses personnages haut en couleur participe également à la bonne tenue du film. On sent de la part des acteurs secondaires une implication réelle à travailler sur le film, à telle point qu'ils volent parfois la vedette à Depp.
Au final, ce 5e opus ne constitue pas le sommet de la saga, mais il s'apprécie pour peu que l'on fasse abstraction de ce que les autres films , le 3e notamment , nous apporté. Un bon divertissement donc, mais qui s'essouffle. La rumeur d'un reboot de Pirates de Caraïbes se faisant de plus plus entendre, on peut se demander s'il ne serait pas plus sage de laisser la saga en paix. Ou bien de repartir avec Will et Elisabeth comme la scène post-générique le laisse entendre.