Le pitch : après un combat qui a tourné au désastre, les super héros sont à nouveau interdits. Mais une énorme société va proposer à la famille de Bob de redorer le blason des super. Sauf que c'est Elastic Girl qui va s'en charger, au grand désarroi de son mari.
En fouillant dans les pages de SOI, je me suis aperçu que je n'avais pas chroniques cet excellente séquelle. Voilà donc une chose réparée, d'autant plus que le film de Brad Bird, qui revenait à l'animation après un passage réussi par le film live (Mission Impossible IV, A la poursuite de demain) n'a rien perdu de son inventivité.
On sait que Brad Bird est l'auteur d'au moins 3 chefs d'oeuvre de l'animation : Le géant de fer, échec commercial en son temps mais devenu culte depuis, Ratatouille et Les indestructibles. On aurait pu penser que le voir revenir pour une suite était une solution de facilité pour se refaire suite aux résultats mitigés de A la poursuite de demain. D'ailleurs les critiques n'ont pas été absentes, tant envers lui qu'envers Pixar, accusé de désormais capitaliser sur les séquelles. Cars, Toy Story, Némo, Monstres et cie avaient chacun eu droit à une voire plusieurs suites, ce qui hypothéquait la fameuse propension du studio à imaginer des mondes nouveaux.
Or, chacune de ses suites a permis d'approfondir un univers et surtout de proposer un schéma différent. Cars 2 par exemple est un film d'action et d'espionnage basé sur le personnage de Martin tandis que le 3e opus revenait à Flash. Le monde de Dory se focalisait sur Dory justement et non Marin. Monsters Académie jouait sur le thème de la préquelle et expliquait l'origine de l'amitié de Bob et Sully. Quand aux différents Toy Story, chaque film est une évocation de l'enfance et de la façon dont elle s'enfuit, mais à chaque fois, c'est tout le casting animé qui évolue.
Qu'en serait-il pour les Indestructibles 2 ? Brad Bird a choisi de mettre en avant l'élément féminin de la famille et dans le premier acte du film c'est donc Helen (Elastic Girl) qui se taille la part du lion au niveau super héros. Bob devient un faire valoir domestique qui doit dompter sa vie de papa, faire les devoirs, traiter les problèmes sentimentaux de sa fille et tenter de gérer les super pouvoirs du petit dernier. Cette inversion des rôles permet des gags très réussis et donne - enfin - un rôle important à une super héroïne. Il est d'ailleurs intéressant que la genèse des Indestructibles 2 s'est faite alors que Wonder Woman était en tournage et que Captain Marvel un projet encore un peu lointain du MCU. Cette convergence féministe est une véritable bouffée d'air frais dans le monde du cinéma gangréné par le sexisme et les abus, bien symbolisé par le mouvement Me Too. Mais ici, point de revanche, mais la recherche d'un point d'équilibre.
Et c'est d'ailleurs sur ce point que va s'articuler la deuxième partie du film quand Bob puis les enfants vont devoir venir prêter main forte à Elastic Girl, victime d'une trahison. On notera que le méchant du film est également une méchante (je ne pense pas spolier, le film étant sorti il y a 3 ans). Là aussi, une évolution logique car qui dit égalité dit également égalité dans le mal. Bard Bird et son équipe refusent l'angélisme et font des femmes de leur histoire des protagonistes cherchant chacune une façon d'exister dans l'ombre des hommes. Sauf que leur chemin est bien différent.
En choisissant la voie de la séquelle, Brad Bird peut également approfondir les rapports de la famille Parr. L'idée de génie est de situer le début de l'histoire immédiatement après la fin du premier : le combat entamé en 2005 se finit donc 13 ans plus tard. Ce qui fait que les personnages n'ont pas changé d'un iota, la magie de l'animation permettant de faire fi du vieillissement des acteurs. Du coup, on va pouvoir assister aux bouleversements qui vont transformer leur vie. Chaque enfant Parr va devenir plus responsable, sans rien perdre de sa drôlerie. Violette reste certes une adolescente timide, réservée et quelque peu en colère, mais elle va accepter son rôle de super héroïne d'autant plus qu'elle aura contribué, avec ses frères, à sauver ses parents.
Le seul point faible du film réside dans son déroulement : on comprend bien trop vite que la société qui engage Helen cache quelque chose et une fois la trahison accomplie, l'histoire se met en pilotage quasi automatique : il faut contrer les méchants, empêcher la catastrophe. Certes, c'est la base de 99% des films de super héros, mais la première partie du film, avec cette inversion mère en action/père au foyer est nettement plus intéressante.
Ce qui n'empêche pas le film d'être ultra spectaculaire, rythmée, inventif, rempli de gags hilarant. Les différents pouvoirs de Jack Jack sont une source de délire infini et on sent que les concepteurs de l'histoire se sont bien marrés à travailler dessus. Et comme le film est un Pixar, la technique est irréprochable. Enfin, le design très particulier de l'original, inspiré des clichés du comics (les mâchoires carrés, la musculature démesurée...) est toujours là.
Les Indestructibles 2 est donc une franche réussite, même si on aurait aimé qu'il prenne un peu plus de risques dans sa deuxième partie. Mais ne boudons pas notre plaisir et gageons qu'un 3e épisode permettra d'aller plus loin dans les aventures de la famille super héroïque la plus cool depuis les Fantastic Four !