Le pitch : dans un futur proche, Roy McBride un astronaute part à la recherche de son père , disparu près de Neptune, lors d'une mission ultra-secrète.
Quand le réalisateur de Little Odessa, Lost City of Z ou La nuit nous appartient , tous d'authentiques chefs d'oeuvre, s'attaque à la SF, on se doute bien qu'on sera plus proche de 2001 que de Star Wars. Et effectivement, hormis quelques scènes "d'action" obligées (je vais y revenir), Ad Astra choisit de prendre son temps pour raconter son histoire et s'ancre le plus possible dans la réalité.
Et quand il s'inspire , avec Ethan Gross, de la nouvelle Au coeur des ténèbres, qui a déjà inspiré le script d'Apocalypse Now, on sait que Ad Astra sera forcément un voyage autant intérieur que physique.
Car le scénario d'Ad Astra évoque irrémédiablement Apocalypse Now à savoir un soldat qui va , étape par étape, remonter la piste d'un autre soldat disparu et dont la hiérarchie veut la mort car il a visiblement sombré dans les arcanes de la folie. Tommy Lee Jones remplace Marlon Brando, Brad Pitt prend le relais de Martin Sheen, la route vers Neptune passant par la Lune et Mars remplace elle la remontée du fleuve vietnamien.
Doté d'effets visuels extraordinaires (certaines visions spatiale du McBride sont fabuleuse, notamment quand il passe devant Saturne), d'un casting en béton et d'une interprétation sans faille, Ad Astra avait tout pour se hisser à la hauteur d'Interstellar , Blade Runner (les deux opus), Gravity ou de Premier Contact en matière de SF cérébrale.
Mais, quelques défauts l'empêchent d'obtenir une étoile supplémentaire.
En premier, on ne peut que regretter la présence ultra minimale de Liv Tyler. La belle jeune fille d'Armageddon ou That's thing you do n'est là que dans les flashbacks et la scène finale, de manière tellement brève qu'elle en devient subliminale. Il y avait pourtant matière à en dire plus sur ce couple à la dérive, mais Gray a choisi de se centrer sur le voyage de McBride, ce qui enlève une grande partie de l'émotion au film, le personnage osant enfin les exprimer que dans le derniers tiers de l'histoire.
Ensuite, même si grandement réussies, les scènes "d'action" à savoir la chute de McBride de l'immense station qui part de la Terre jusque dans l'espace, l'affrontement sur la Lune ou la découverte d'un vaisseau abandonné donnent parfois l'impression d'avoir été ajoutées artificiellement. Là où Coppola incorporait parfaitement ses scènes grandioses (l'attaque du village, le lâcher de napalm, le combat sur la rivière) dans sa trame contemplative, Gray semble réaliser deux films différents, d'autant que le contexte politique est parfois nébuleux (pourquoi la Lune est-elle devenue une zone de quasi non droit ?). En fait, ce sont surtout les ruptures de ton entre des scènes que l'on sent "obligées" qui gênent quelque peu. Ce sont pourtant elles qui ont été mises en avant dans la bande annonce et l'affiche, trompant quelque peu le public qui s'attendait peut être à voir un film à la Emmerich.
Enfin, la froideur de McBride , que l'on devine semi autiste, finit par se retourner contre lui et on n'éprouve finalement pas d'empathie pour lui. Heureusement, la dernière partie du film balaye enfin cette impression, grandement aidée par un Tommy Lee Jones une fois de plus au sommet de son art.
Mais que ces défauts n'empêchent pas de donner sa chance à Ad Astra si vous n'avez pas pu le voir en salle car ce voyage aux confins de notre système solaire est d'une beauté incroyable et sa conclusion redonne forcément foi en ses personnages. Après tout, les films de SF nous amenant à réfléchir ne sont pas si légion et quand ils sont portés par un tel casting, que cela soit devant ou derrière la caméra, on ne peut pas jouer les blasés.
Comme il se doit, le Blu-ray est extraordinaire et les bonus grandement intéressants. On peut cependant, mais cela devient une constance , l'absence de sérigraphie colorée sur le disque. Les éditeurs en font vraiment de moins en moins !!