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12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 11:21
Le maître du jeu (****)

Le pitch : Suite au meurtre de son mari lors d'une fusillade , une veuve intente un procès au fabricant du fusil d'assaut qui a causé le carnage. Vont alors s'opposer défense et accusation, chacune avec ses propres méthodes pas toujours claires tandis qu'un des membres du jury va, petit à petit, prendre le contrôle des jurés.

 

Adapté d'un roman de John Grisham, et réalisé par Gary Fleder (Le collectionneur, Derniers jours à Denver), Le maître du jeu est un solide polar juridique, suffisamment bien construit pour maintenir les faux semblants jusqu'au bout et bénéficiant d'une histoire passionnante, même pour ceux qui connaissent le roman d'origine.

 

A l'origine, dans le livre, ce n'est pas le lobby des armes qui est en cause, mais celui du tabac. Ce changement fut fait pour obtenir une scène d'ouverture plus spectaculaire (une fusillade dans des bureaux) et surtout pour surfer sur la polémique anti-arme à feu qui avait commencé à prendre corps aux USA, notamment après le massacre de Colombine. Mais si on met de côté cet aspect, Le maitre du jeu reste assez fidèle au roman, même s'il n'en garde pas la complexité, comme dans toutes les adaptations de Grisham de toutes façons.

 

Chose étonnante mais logique, ce ne sont pas les héros , John Cusack et Rachel Weisz qui sont en tête d'affiche, mais les deux seconds rôles de prestige à savoir Dustin Hoffman et Gene Hackman. Ce dernier n'était d'ailleurs pas à son coup d'essai chez Grisham vu qu'il apparaissait dans La firme et L'héritage de la haine. Cependant, dans Le maître du jeu, il joue pour la première fois un véritable salopard, alors que ses rôles dans les deux autres best sellers étaient plus nuancés. Ici, en interprétant Rankin Fitch, un juriste engagé par les firmes d'armes à feu pour sélectionner et manipuler un jury qui leur sera favorable, il renoue avec son rôle de type méprisable mais brillant, tirant les ficelles et se comportant comme un tyran avec son équipe dont il exige le maximum , flirtant avec l'illégalité afin de pouvoir connaitre tous les secrets de "son" jury et faire pression sur lui.

 

Face à lui, Dustin Hoffman est son double lumineux, même s'il on sent qu'il pourrait basculer du mauvais côté tant il est obnubilé par le fait de gagner ce procès et rendre justice à sa cliente, veuve à cause de la fusillade. La scène qui oppose verbalement les deux hommes dans les toilettes du tribunal est un régal pour qui apprécie les joutes d'acteur, sans aucun doute le moment le plus intense du film.

 

De ce fait, le couple vedette de l'histoire, Nicholas Easter et sa compagne, pâlit un peu de l'aura des deux monstres sacrés, ce qui est bien dommage car les manipulations auxquelles ils se prêtent, jouant sur plusieurs tableaux afin de mettre le maximum de chance de leurs côtés sont des points essentiels du film. Car au delà de la morale prévisible , Le maitre du jeu, en décortiquant de l'intérieur la vie d'un jury (sans atteindre cependant la perfection de 12 hommes en colère), est un passionnant exercice de style où chaque phrase, chaque action semble pesée, où les apparences ont une énorme importance et où la vie privée de chacun ne semble pas peser lourd face à un lobby de plusieurs milliards de dollars.

 

En mêlant deux niveaux d'intrigues (ce qui se passe durant le procès, ce qui se passe autour), le film parvient à captiver mais il faut reconnaître un certain déséquilibre entre les deux faces. En effet, l'accent est mis sur les manipulations du couple et celles de Fitch. Si cet aspect est évidemment le plus spectaculaire, il crée  une dichotomie avec la partie procès. Pourtant , le réalisateur ne ménage pas ses effets pour rendre le procès le plus passionnant possible, filmant certaines joutes verbales comme un combat entre deux gladiateurs. Mais on est frustré de ne pas entrer plus dans l'intimité du jury, ce qui est le cas dans le livre : sans doute trop statique pour un film qui doit tout de même apporter son lot de péripéties ou d'action. C'est cependant dommage car c'est sur ce point que le roman est le plus fort, amenant par petite touche Nicholas Easter à prendre totalement le contrôle du jury (d'où le titre). Ici, ce n'est que par moment que l'on retrouve l'intensité du livre sur ce point.

 

En résumé, Le maitre du jeu est une bonne adaptation de Grisham , que j'ai pris plaisir à revoir , près de 15 ans après avoir acheté et visionné le DVD. S'il ne fut pas un succès énorme en son temps (80 millions de recettes mondiales pour un budget de 60), il n'en reste pas moins un excellent thriller et dont le dénouement surprendra forcément ceux qui n'ont pas lu livre.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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