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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 11:44
Snake Eyes (****)

Le pitch : lors d'un match de boxe dans un casino d'Atlantic City, le secrétaire à la défense est assassiné par un terroriste palestinien. C'est du moins ce que pense l'inspecteur Santoro, un flic corrompu qui va trouver ici sa rédemption.

 

En 1998 , Brian de Palma est revenu au top. Mission Impossible a été un carton mondial , après les scores plus décevants de l'Impasse ou du Bucher des vanités et le réalisateur séduit donc à nouveau les studios. Disney lui offre donc l'opportunité de retrouver son scénaristes de MI 1, David Koep, et 73 millions de dollars pour réaliser Snake Eyes, un thriller se déroulant à huis clos avec un Nicolas Cage en totale roue libre et Gary Sinise en militaire pas si propre que cela.

 

Et même si le film ne sera pas le triomphe espéré (103 millions de recettes mondiales, mais il se rattrapera en vidéo), Snake Eyes n'en demeure pas loin un sacré bon film.

 

En débutant par un long plan séquence qui se termine par la mort du secrétaire (sans doute créé à partir de plusieurs assemblés de manière invisible, mais ce n'est qu'un détail) De Palma s'autorise donc une petite gourmandise, d'autant plus que cette introduction sera reprise sous des angles différents au fur et à mesure que Santoro va comprendre ce qui s'est passé et montre qu'il n'a rien perdu de sa technique, bien au contraire. La caméra vole autour de Nicolas Cage, lui fait rencontrer tous les protagonistes de l'histoire et introduit magistralement ce personnage de flic ripoux, prêt à tout pour quelques dollars, se contenant de régner sur son "quartier" et partageant sa vie entre sa maîtresse et sa femme. Son costume tape à l'oeil, son cellulaire que l'on croirait plaqué or, sa dégaine de maquereau ne font pas vraiment dans la dentelle et l'on comprend tout de suite la nature du personnage. 

 

Et durant ce plan, on va "voir" ce qui s'est passé, même si De Palma focalise volontairement l'attention du spectateur sur certains points, comme le fait un magicien quand il fait un tour. C'est le même le B.A BA de cet art : attirer l'attention sur un endroit pendant que la véritable action a lieu ailleurs. Manipulateur dans l'âme, De Palma retrouve ici l'intensité de ses thrillers des années 80, Blow Up en particulier et ne se force pas à caresser le spectateur dans le sens du poil. En fait, soit on adore ce style à la limite de l'esbroufe soit on déteste.

 

Mais une fois le meurtre commis, Snake Eyes va, petit à petit, se muer en un film plus "classique". Dans un premier temps, Nicolas Cage doit changer de costume et retrouve une apparence plus digne de celle d'un policier. Puis, l'approche de la vérité va faire tomber ses oeillères sur son monde et sur ses amis. Enfin, même si , lors de l'affrontement final, le "méchant" lui prédit que s'il dévoile la vérité, il perdra finalement tout car la presse va s'intéresser à ses magouilles (et c'est ce qui arrive avant le générique !) , Santoro va retrouver sa dignité et sa fonction : protéger les innocents et non pas racketter des voyous. Cette évolution se fera pas à pas, au fur et à mesure, qu'il va comprendre qu'il a été manipulé et que c'est son style de vie qui a rendu possible cette manipulation.

 

Evoluant dans le monde artificiel d'un casino (et croyez moi, pour être aller à Las Vegas, cet adjectif s'accorde parfaitement avec un tel endroit) et de sa salle de spectacle, accentué par le fait que la caméra passe au dessus des décors - comme cette scène où elle survole plusieurs chambres d'hôtel du casino - Snake Eyes est une vraie réflexion sur la façon dont on met en scène la fiction. Car il y a plusieurs vérités dans ce film : celle que l'on croit voir dans le plan séquences, celle qu'imagine les personnages, et notamment Santoro, et enfin, la vraie vérité, celle que l'on découvre à mi-chemin de l'histoire et qui nous semble trop énorme pour être celle que l'on doit suivre , mais qui se révèle implacable.

 

Le  spectateur se met donc dans la peau de Nicolas Cage quand au cheminement de l'histoire mais aussi dans celle de De Palma qui n'hésite pas à dévoiler certains trucs de sa mise en scène. Qui plus est de nombreuses scènes clés sont découvertes sur des écrans de télévisions, des caméras de surveillance... l'aspect "voyeur" du film renvoie là aussi aux premiers travaux du cinéaste, bouclant ainsi une boucle démarré dans les années 70.

 

Cependant, quelques défauts entachent le film. Le premier est qu'il ne supporte pas une deuxième vision très rapprochée. Ayant ressorti mon DVD il y a 3 jours et n'ayant pas vu le film depuis les début des années 2000, la surprise a refait surface, mais je me rappelle parfaitement que quand je l'avais vu en vidéo pour la 1ere fois, je me rappelais trop vivement l'histoire et l'avait nettement moins apprécié.

 

Ensuite, Gary Sinise, excellent acteur, passe un peu trop vite d'un statut à un autre et , même si c'est quelque peu voulu, le spectateur a toujours de l'avance sur lui.

 

Enfin, le jeu souvent outrancier de Nicolas Cage peut agacer certains spectateurs. Ce ne fut pas mon cas, mais je sais qu'à sa sortie en salle en 98, ce fut l'un des reproches qu'on adressa au film.

 

Si on y ajoute les rumeurs d'une énorme scène disparue , se situant durant la tempête à l'extérieur du casino, on se dit que De Palma n'a pas réussi son coup à 100%.

 

La suite, on la connait. Même si Snake Eyes ne donnera pas les bénéfices escomptés, De Palma continuera sa collaboration avec Disney sur le plus consensuel Mission to Mars, retrouvant Gary Sinise. Mais là aussi, le triomphe ne sera pas au rendez vous (110 millions de dollars de recette pour un budget de 100). Et le réalisateur ne retrouvera plus le chemin du succès, entamant une longue éclipse qui dure encore.

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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