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9 décembre 2020 3 09 /12 /décembre /2020 08:25
Green Book (****)

Le pitch : En manque d'argent, un videur de boîte de nuit italo-américain accepte de véhiculer un pianiste noir qui doit partir en tournée dans le sud des Etats-Unis.

Venant de la part d'un des frères Farrely (Mary à tout prix, Fous d'Irène et autres comédies pas vraiment fines), la surprise devant la vision de Green Book n'en est que totale. Car ce road movie situé dans les années 60, à une époque où la ségrégation raciale était toujours de vigueur dans une grande partie des USA est à la fois pudique, réaliste et empreint d'une grande rigueur historique, ne cherchant jamais à nier une situation que l'on espère disparue à jamais.

 

Se basant sur le principe du Buddy movie, avec ces deux personnages que tout oppose , Tony le vigile brut de décoffrage et Dr Shirley, artiste raffiné et instruit, Green Book va donc faire monter en puissance le respect mutuel puis l'amitié qui va s'installer entre les deux hommes.

 Petit à petit, chacun va chercher à comprendre l'autre, à se rendre compte qu'il est aussi victime de préjugés et que les apparences sont parfois trompeuses. Dr Shirley a beau être riche et célèbre, il est seul et sa notoriété ne le protège pas des humiliations subies dans le sud des USA : interdiction de manger dans un restaurant réservé aux blancs, obligation d'aller dans des toilettes pour noir situées dans un jardin, obligation de dormir dans des hôtels pour les "colorés". Tony, lui, malgré sa situation précaire, peut compter sur ses amis, sa famille.

 

Chacun des deux hommes devra faire un pas vers l'autre,  et l'aider à découvrir d'autres facettes de la vie. Shirley apprendra à Tony à écrire de vraies lettres à sa femme et Tony fera découvrir le KFC à Shirley. De petites choses certes, mais au final, ce sont elles qui cimenteront leur amitié.

 

Victime de préjugés épouvantables, Shirley  devra compter sur l'aide de Tony pour le sortir de plusieurs situations délicates. Il le fera sans arrière pensée et sans se poser de questions, bien conscients que son statut de "blanc"  lui permet d'éviter ce genre de problèmes. Et quand ce sera à Shirley de rendre la pareille, son honnêteté et son sens du devoir lui feront honte d'être obligé de faire appel à de puissants soutiens. D'ailleurs à ce moment du film, le point de bascule entre les deux hommes est sur le point de se rompre et c'est finalement le fait que Shirley ouvre - enfin - son coeur à Tony et lui explique sa solitude que ce dernier va comprendre celui qui va devenir plus qu'un simple patron.

 

Filmé de manière très simple, Green Book n'en est pas moins un film au rabais. La reconstitution des années 60 que cela soit les maisons bourgeoises du sud des USA, les salles de concert où se produit Shirley, les rues de New York - du Bronx en particulier - donne un incontestable cachet au film. Tout un monde disparu qui revit sous nous yeux et qui , pourtant , n'est vieux que d'une soixantaine d'année. 

 

Enfin, pour obtenir une telle réussite, il fallait deux grands acteurs. Farrelly les a trouvé en la personne de Virgo Mortensen, quelque peu empâté certes mais toujours aussi charismatique, et Mahershala Ali (on avait pu le voir dans Les figures de l'ombre, autre superbe film se déroulant dans des années 60 ségrégationnistes ou Alita), parfait dans ce rôle d'artiste hautain mais cachant une réelle fragilité. L'alchimie fonctionne dès leur première scène, et dynamise le film, se servant des joutes verbales - qui ont souvent lieu dans la voiture - pour faire avancer l'histoire. 

 

Si on peut quelque peu déplorer que l'aspect musical passe au second plan, une scène magistrale rappelle que nous sommes sur un récit biographique : à un moment du film, Dr Shirley va investir le piano d'un bar réservé aux noirs, alors qu'il vient de refuser un concert dans un hôtel pour blanc et montrer les deux facettes de son talent  : le pianiste classique prodige et celui qui va donner une puissance folle au rythm'n'blues de l'orchestre local. A ce moment, Shirley a basculé dans le monde de Tony et surtout il s'est mis au diapason de ses frères.

 

Green Book a donc parfaitement mérité son succès mondial (325 millions de dollars de recette dont 85 aux USA) de par son message positif et de par cette grande direction d'acteur.

 

Disponible en Blu-ray - c'est sur ce support que j'ai pu le voir - Green Book n'est pas qu'un film sur la ségrégation , la musique ou les rapports entre blancs et noirs, c'est surtout un grand film, porté par deux grands acteurs. Chapeau bas, messieurs !!

 

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  • : Salla Obscursium Invocat
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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