Le pitch : Alors que la chance de sa vie s'offre à Joe Gardner, un professeur de musique, un stupide accident l'envoie directement dans l'au delà où il va rencontrer une âme, 22, qui refuse d'aller sur Terre.
Après Mulan, qui devait être le film Disney phare de l'été, c'est donc celui de Noël qui arrive directement sur Disney +. Un nouveau coup dur pour les salles, mais une nécessité pour le studio qui ne peut risquer de voir le dernier Pixar faire des recettes ridicules comme celles de En avant, sorti au moment du déclenchement du confinement mondial.
On ne le dira jamais assez mais la crise Covid va fortement modifier l'industrie du cinéma. Les salles vont devoir se ré-inventer - certaines vont proposer des sortes de loges pour que l'on ait plus une impression de "home cinéma" , d'autres misent sur une immersion plus profonde avec des fauteuils qui bougent en fonction de l'action - mais les chaines de streaming seront sans doute les grandes gagnantes.
Soul est donc visible en France sur Disney +, si on a bien sûr une bonne connexion Internet. Ce qui n'est pas mon cas et ce qui m'a obligé à relancer ma Livebox pour suivre le film sur deux soirée. On espère que Souls sortira en Blu-ray plus tard dans l'année car il le mérite.
Réalisé par Pete Docter (Vice et Versa, Monstres et cie), Souls est un nouveau petit bijou du studio Pixar. Déjà, ce n'est pas une suite , même si de l'aveu même du patron du studio, elles sont indispensables pour engranger les recettes qui permettent justement les histoires originales.
Ensuite, même si Soul emprunte toutes les recettes du Buddy Movie (deux personnages que tout oppose vont devoir faire front commun pour affronter leur destin), les protagonistes de l'histoire sont suffisamment forts et bien écrits pour que cet aspect qui aurait pu donner du déjà vu passe au second plan.
Enfin, l'amour de la musique jazz permet à l'histoire de se focaliser sur ce qui fait l'âme de quelqu'un, ses passions, ses désirs, ses souhaits, ses envies. Et quelque soit son parcours, c'est bien ce que l'on fait de sa vie qui est important nous dit le film.
Techniquement, on est dans du pur Pixar à savoir irréprochable. Mieux, les artistes se permettent même une représentation de l'au delà mêlant des personnages tout simples (une simple ligne brisée) à des environnements plus "réalistes". Pour ce qui est de la reconstitution de New York, là aussi, on touche au sublime. Il est loin le temps où les machines et les logiciels ne permettaient pas un tel photo réalisme.
Ce qui fait le sel d'une production Pixar, c'est encore et toujours son histoire. Même dans ses suites les plus opportunistes, le studio met toujours un point d'accueil à offrir des scripts solides. Ici l'inversion de point de vue des deux personnages, rendus possible par une très classique astuce de scénario, relance non seulement l'histoire mais permet surtout d'explorer les sentiments de chacun.
Ainsi Gardner et 22 vont devoir vivre avec les yeux de l'autre. Enfin, c'est surtout 22 qui va le devoir , Gardner se "contentant" de le guider dans sa nouvelle vie, ce qui nous donne des scènes cocasses ou tendres. Mais en aidant 22 à s'adapter, Gardner va finalement trouver les ressources pour faire le ménage dans sa vie, retrouver l'affection des siens, comprendre ce qui est vraiment important et que, finalement, le but suprême qu'il s'était fixé, n'est pas forcément un aboutissement.
En dire plus serait criminel, mais sachez que Soul explore comme jamais ce qui fait le sel de l'humanité.
Si certains ont dit que le happy end est quelque peu forcé - apparemment, ce n'était pas le premier choix du scénario, force est de reconnaitre, une fois de plus chez Pixar, l'implacable marche de l'histoire et la logique qui va en découler. Rien n'est laissé au hasard , chaque détail entrevu dans le premier acte aura son importance dans le dernier et si au final, l'au-delà redonne sa chance à Gardner, c'est bien pour qu'il puisse faire de sa vie autre chose qu'une sorte de course au challenge.
En ces temps où les faux semblants, le manque de responsabilité et la tricherie sont rois, ce n'est pas là sa moindre qualité.