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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 07:04
The doors (****)

Le pitch : la vie et la mort de Jim Morrison, charismatique leader des Doors, dont la passion pour l'autodestruction marquera la musique des années 60.

 

N'ayant pas revu le film depuis sa sortie il y a 30 ans, c'est avec un oeil presque neuf - les scènes clés étant restées dans ma mémoire - que j'ai pu appréhender l'un des films les plus "mystiques" d'Oliver Stone, loin de ses paraboles politiques ou militantes (quoique) et où la musique intemporelle des Doors permet des respirations bienvenues dans l'histoire d'une vie totalement gâchée, selon moi, par l'alcool et la drogue.

 

The Doors, c'est surtout l'histoire de Jim Morrison et le moins que l'on puisse dire est que le portrait n'est pas très flatteur. Victime de sautes d'humeur dévastatrice tant pour lui  que pour son entourage et son groupe, totalement sous l'emprise des drogues et ne reculant devant aucune provocation, y compris les plus puériles, Morrison a vécu en brûlant la chandelle par les deux bouts. Mais derrière cette vie , il est évident que se cachaient des fragilités énormes, une enfance compliquée - son père militaire obligeait la famille à déménager régulièrement - et malgré ses capacités intellectuelles hors normes (son quotient intellectuel fut évalué à 149 et ses années d'école et de collège furent marquées par des notes largement au dessus de la moyenne),  Jim était un enfant déroutant, qui n'hésitait pas à martyriser son petit frère ou à provoquer ses parents.

 

Tout ceci, le film ne le montre pas, passant directement de l'enfance - une scène où Jim assiste à un accident de la route - au moment où il présente un film très expérimental à l'UCLA puis où, avec Ray Manzarek, un autre étudiant en cinéma à l'UCLA, il fonde les Doors. En moins de 20 minutes, Oliver Stone a présenté son personnage : un jeune homme attiré par le mysticisme , les drogues et qui voit dans le rock une façon de manipuler les foules et d'imposer ses idées.

 

A partir de là, The Doors va osciller entre reconstitution de la vie du groupe (les répétitions, premiers concerts, l'enregistrement du premier album) ainsi que la folie qui va s'en dégager dans une Amérique où les idéaux hippies commencent à imprégner la société et la volonté du chanteur d'aller au bout de son nihilisme. Il accumule les conquêtes , au désespoir de sa petite amie "officielle" Pamela (brillamment interprétée par Meg Ryan), les provocations et semble se contrefiche de ce que son attitude auto-destructrice pourrait engendrer. 

 

Mais au delà du biopic classique, Oliver Stone va truffer son film de référence au chamanisme , symbolisé par la figure d'un indien qui apparait dans les moments où Morrison n'est clairement plus dans notre monde, qu'il soit défoncé sur scène lors des concerts ou dans sa vie quotidienne. Ne cherchant jamais à adoucir la figure du chanteur , bien au contraire  - quelqu'un qui ne connait pas la vie de Morrison pourrait même y voir un portrait à charge, Stone fait surtout revivre une époque, marqué par la contestation à la guerre du Viet-nam et par une philosophie libertaire (l'amour libre, les drogues, le rejet de l'autorité). Il filme le groupe en concert entouré par une haie de policiers chargés d'empêcher tout débordement. Morrison supportait d'ailleurs très mal cette "protection" et cherchera plusieurs fois à provoquer la colère de la foule contre eux.

 

Le point culminant du film est le concert de Miami où, totalement ivre, Morrison va provoquer la foule en l'insultant, puis voyant qu'elle en redemande, va aller plus loin et montrer son sexe au public, sous les yeux catastrophés de ses partenaires musiciens. L'incident va tourner à l'émeute et Morrison sera jugé pour outrage aux bonnes moeurs et ivresse sur la voie publique. A noter que le fait qu'il ait montré son sexe n'est pas clairement établi, Morrison lui même ne se rappelant plus l'avoir fait.

 

Ce concert est filmé comme une véritable bataille entre le chanteur et la foule, où le chaos va s'inviter et où la musique des Doors devient un élément central. Toutes les scènes de concert sont d'ailleurs formidablement bien restituées, bien loin des images statiques que l'on a traditionnellement des années 60. Stone utilise les techniques du clip vidéo pour dynamiser sa mise en scène et ces seules scènes justifient la vision du film.

 

A partir du concert de Miami, ne reste plus qu'à voir se finir la vie du chanteur, mort à Paris dans des circonstances troubles - que le film ne met pas en avant, se contentant de montrer Morrison mort dans sa baignoire d'un arrêt cardiaque. Les ultimes scènes sont filmées au Père Lachaise, célèbre cimetière parisien où le chanteur est inhumé, pas loin de la tombe d'Oscar Wilde.

 

On le sait, un biopic n'est réussi que si son interprète fait corps avec son personnage. Ici, Val Kilmer est parfait dans ce rôle de poète maudit et décadent. Et même si les autres membres du groupe reprochèrent à Oliver Stone le côté caricatural du chanteur (certaines scènes comme celle où il enferme Pamela dans un placard pour y mettre le feu sont pure invention , d'autres moment de la vie de Morrison où , par exemple, il calmait la foule lors d'un concert, sont absents du film) , on ne peut qu'admirer le travail de Kilmer dans un rôle difficile, et pas toujours aimable , même si, répétons-le, Stone a accentué les travers du chanteur, n'hésitant pas à modifier certains aspects de sa vie  - autre exemple, sa rencontre avec la journaliste Patricia Kennealy eut lieu en 1969 et non 1967, ce qui fait que ce n'était pas elle qui était présente avec lui dans les douches lors du concert de New Haven.

 

Ce qui fait la force de The Doors, 30 ans après sa sortie, c'est d'une part la musique, intemporelle et toujours aussi envoutante, et d'autre part, la violence de la vie de Morrison. Stone ne cherche pas à édulcorer , quitte à en rajouter dans l'excès. Ce faisant, il met quelque peu de côté le groupe. Le film n'est pas l'histoire des Doors, mais bien l'histoire de Morrison et son implication dans la musique rock des années 60, un écueil qu'avait su éviter Bohemian Rapsody pour prendre un exemple récent.

 

La mise en scène de Stone s'avère moins expérimentale que ce qu'il fera plus tard, notamment dans Tueurs nés, ce qui n'empêchent pas quelques coquetteries comme des passages en 8mm quand les musiciens se filment avec une petite caméra ou les visions de cet indien déjà citées. Mais elle est efficace, claire et restitue la folie d'une époque où tout le monde semble défoncé. Sans doute, Stone donne une vision fantasmée (la sienne ?) des années 60 américaine, mais elle est suffisamment puissante pour donner un sentiment de malaise et de fascination mêlé.

 

A noter enfin un travail exemplaire sur le son ! The Doors fut d'ailleurs l'un des premiers films à bénéficier d'un son numérique.

 

 

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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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