Le pitch : parti retrouver son amant dans les Cévennes, une jeune institutrice va découvrir que marche avec un âne n'est pas si facile.
Les "Feel good movies" sont suffisamment rares en France pour ne pas être attiré quand l'un est visible sur nos écrans. Enfin, sur nos écrans, je dois préciser que c'est en Blu-ray que j'ai vu le film , chose rare car je n'achète que très rarement des films sans les avoir vu.
Vous savez quoi ? je ne regrette pas cet achat à l'aveugle car Antoinette dans les Cévennes, bien loin d'être une comédie classique, est un vrai bon film qui fait plaisir et qui rend heureux, superbement filmé (les paysages des Cévennes y sont pour beaucoup) et avec un couple surprenant et atypique : une actrice au top - Laure Calamy- et un âne prénommé Patrick.
En fait, la grande surprise de ce film vient du fait qu'il ne cherche pas à faire rire bêtement mais aussi et surtout à émouvoir. Antoinette est une belle jeune femme naïve qui se lance tête baissée dans une aventure qu'elle ne maîtrise pas. Et ainsi, elle va en apprendre beaucoup sur elle, faire le tri dans ses choix et dans sa vie, comprendre les faux semblants qui l'empêchaient d'avancer et tout cela avec une drôlerie incomparable.
Parce que oui, Laure Calamy est vraiment rigolote, un peu à l'image de Alice Pol (une actrice que j'apprécie beaucoup). Dès la première scène, où elle enfile une robe dans sa classe, elle est drôle mais surtout naturelle. Et cela fait toute la différence. Elle n'a pas besoin de se forcer, elle est sublime et ses mésaventures - parce qu'elle vit quand même de sacrées galères - la rendent encore plus attachantes.
Qui dit film de "voyage" , dit belles images. Et là, comme je l'ai dit plus haut, on est gâtés. La caméra Caroline Vigal, aérienne et légère, se fait vraiment plaisir et offre au spectateur une superbe visite des Cévennes. Et même quand la scène pourrait paraitre anodine (Antoinette qui parle à son âne), elle la cadre de loin pour montrer que ce qui pourrait paraître insignifiant est sublimé par le décor. Oui, le film est beau en plus d'être drôle et touchant. Un vrai film de cinéma , pas un téléfilm !
Alors, bien sur, le métrage n'est pas exempt de quelques défauts. Ainsi, une partie des personnages, notamment le groupe qu'elle rencontre dans le premier gite est sous-exploité puisque disparaissant rapidement. Des pistes de l'histoire ne se terminent pas (Antoinette en a-t-elle vraiment fini avec Vladimir ? Et que va penser la fillette de sa maîtresse après les révélations que lui fait sa maman ?) et alors qu'on se demande comment elle va bien se sortir du guêpier dans lequel elle s'est fourrée, le film fait le choix de partir dans une autre direction. Petit sentiment de bâclé donc aux vues de certains aspects du scénario.
Mais ce qui fait la force du film, c'est le lien que Antoinette va établir avec son âne. La plus scène du film la voit déjà l'insulter, lui taper dessus avec la trique - et ce qui est horrible, cela fait rire - pour la voir fondre en larmes ensuite en regrettant son attitude, demandant pardon à Patrick comme elle ferait avec un enfant qu'elle aurait grondé trop fort dans son métier. Laure Calamy y est aussi touchante que drôle, une fois de plus, et atteint un sommet que peu d'actrices peuvent prétendre atteindre. A ce moment là du film, Antoinette dans les Cévennes est parfait !
Vous l'aurez compris, ce métrage m'a plu. Et il mérite totalement son succès de cet été. Alors, oui, peut être que sans la pandémie qui faisait que l'on n'avait peu de chose à se mettre sous la dent dans une salle obscure, il n'aurait pas fait autant d'entrée. Et encore, je n'en suis pas sûr. Car le public sait toujours reconnaitre un bon film , français ou pas.
Si vous ne l'avez pas vu, faites moi confiance et rattrapez vous : vous ne le regretterez pas.