Wonder Woman 84 (*** 1/2 *)
Le pitch : en 1984, Diana Prince, alias Wonder Woman va devoir affronter deux nouveaux ennemis engendrés par une pierre mystérieuse qui réalise les souhaits.
Attention, cette chronique contient quelques spoilers. A ne lire donc que si vous avez vu le film.
Fermeture des cinémas oblige, c'est donc en Blu-ray que j'ai découvert la 2e aventure solo de l'amazone la plus puissante de l'univers DC, Wonder Woman 84 ayant été privé de sortie chez nous. Fondamentalement, c'est dommage car la 2e partie du film, spectaculaire à souhait, méritait vraiment une vision sur un très grand écran.
Mais, si je résume rapidement ma pensée, cette séquelle est inférieure au premier volet, la faute à un premier acte paresseux et qui prend beaucoup trop de temps à se mettre en place et à deux vilains (enfin, un vilain et une vilaine) manquant singulièrement de charisme.
Le film s'ouvre sur une superbe séquence qui voit Diana , enfant, défier les autres amazones dans une succession d'épreuves sportives où elle va apprendre que seule la vérité a de l'importance. Longue de près de 10 minutes, superbement mise en scène, truffée d'effets visuels indétectables , sa vision permet d'espérer qu'on va assister à un grand film.
Mais dès que l'action se déplace à Washington en 1984 - sans doute pour qu'aucun autre méta humain comme Batman ou Superman ne soit présent, le point de départ du DCUniverse se situant clairement en 2013 - la magie n'opère plus. La séquence où Diana affronte des cambrioleurs dans un centre commercial est impressionnante et elle permet, mine de rien, de lancer l'histoire - même si on ne le sait pas tout de suit - mais une fois passée, il va falloir attendre un long moment avant que Wonder Woman ne remette son costume.
L'erreur du film est typique de pas mal de métrage de super héros, à savoir vouloir absolument imposer deux nouveaux super vilains . Spiderman 3 était tombé dans ce même travers par exemple. De ce fait, on se trouve donc avec deux origins story , dont celle de Black Cheetah trop rapidement amené. La transformation physique et mentale de Barbara Minerva est trop rapide, presque gênante tant elle passe d'un opposé à l'autre. Quand à Max Lord, qui va acquérir la puissance de la pierre de souhait, là aussi, on a bien du mal à comprendre où il veut en venir. Du coup, le premier acte du film est confus, pas vraiment passionnant et le retour opportuniste de Steve Trevor, justifié par une astuce de scénario un peu roublarde, n'a pas l'impact espéré. Au contraire, il donne même une certaine mièvrerie à l'ensemble. C'est bien dommage car Wonder Woman est un personnage très intéressant, tiraillé entre son statut de demi-déesse et sa volonté de vivre comme une femme humaine normale.
Pendant une heure, on se prend parfois à regarder sa montre même si, et on ne le comprendra que mieux dans le deuxième acte, cette mise en place est nécessaire. Mais elle aurait mérité une mise en scène plus efficace et plus iconique.
Heureusement, à partir du moment où Diana et Steve s'envolent pour l'Egypte - une astuce scénaristique peu crédible d'ailleurs. Comment croire qu'un pilote de la 1917 puisse savoir piloter un jet ? - le film s'emballe et justifie enfin son gros budget. Il aura fallu attendre presque 1H20, mais on a enfin un métrage de super héros où Max Lord donne enfin sa mesure, détruisant l'équilibre du monde par ses caprices et sa volonté de puissance. Les dérèglements mondiaux occasionnés sont prétexte à des scènes apocalyptiques où l'on peut voir que nos sociétés sont vraiment fragiles. Et pour solutionner le problème , Diana va devoir affronter la vérité qu'elle avait apprise durant son enfance : la tricherie ne résout rien et ce qu'elle souhaite , même si elle n'a jamais rien demandé en retour de ses nombreux bienfaits envers l'humanité, ne peut que faire empirer les choses.
C'est à ce moment que Barbara achève sa transformation en Cheetah (bien que le nom ne soit jamais prononcé), mais malheureusement, si l'on met de côté un combat très graphique et digne de la BD, ce personnage n'est pas bien exploité, devenant une sorte de garde du corps de Max Lord. C'est vraiment dommage car il y avait matière à faire bien plus avec Cheetah.
L'action va donc se décaler sur Max Lord et sa montée en puissance fait froid dans le dos. Utilisant ses pouvoirs divins avec la légèreté d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, il refuse de voir qu'il va détruire l'humanité et que , surtout, la seule personne qui compte vraiment à ses yeux, son fils, n'a cure de ce pouvoir, de cette richesse. Cette deuxième partie voit aussi l'égoïsme des gens dans leur souhait, cette volonté d'en avoir toujours plus sans faire le moindre effort. S'il y a une morale dans WW84, c'est bien celle ci et même Diana aura été très prêt d'y succomber. Et quand elle renonce à l'amour de Trevor, elle retrouve son statut d'amazone et peut imposer la vérité à la planète entière, résolvant donc cette crise mondiale.
Entièrement sauvé par son deuxième acte, Wonder Woman 84 est donc un bon élément du puzzle du DCU. L'apparition surprise de Linda Carter à la toute fin du film permet d'atténuer la noirceur de la 2e partie. Mais on ne peut s'empêcher de penser que Patti Jenkins n'a pas réussi à tirer le maximum d'une histoire qui aurait gagné à être plus resserrée, à n'utiliser qu'un seul vilain et que son scénario, co-écrit avec Geoff Johns et David Callaham, se perd un peu trop souvent , avant d'accélérer soudainement. Un déséquilibre qui nuit à la bonne unité de l'histoire. on sent d'ailleurs que Zack Snyder ne supervise plus le DCU, d'où cette impression de partir un peut dans tous les sens, impression déjà perceptible dans Birds of Prey, mais le côté délirant du métrage l'atténuait fortement.
Mais, contrairement à certaines critiques lues, WW84 est loin d'être un ratage complet. J'ai même la désagréable impression que certains ont voulu faire payer le succès du premier opus par des arguments machistes pas vraiment de mise. Non, WW84 est un bon film qui aurait pu être meilleur avec une écriture plus serrée et une meilleure gestion de ses personnages. Et puis, Gal Gadot est toujours aussi parfaite dans l'incarnation de Diana Prince. On espère donc un 3e film qui saura prendre en compte les bonnes critiques et offrir, comme pour le premier film, un nouvel écrin digne de l'amazone la plus puissante de l'univers !
D'un point de vue technique, le Blu-ray est superbe et je ne manquerai pas de vous en décrire les bonus dès que je les aurais regardés.