Kevin Spacey en tête aux USA

Du côté des sorties, Il y a longtemps que je t’aime avec Kristin Scott Thomas (qui ne joue plus que dans des films français, semble-t-il ?) prend la deuxième place avec 286 616 entrées. Un score honnête pour cette comédie dramatique de Philippe Claudel dont c’est le premier film. L’histoire tourne autour des retrouvailles entre une femme et sa jeune sœur, seul lien avec une famille qu’elle a rejeté bien des années auparavant. La critique a été très bonne et le public a donc suivi.
Suivant de prêt, Angles d’attaque est 3e avec 265 553 spectateurs. Gros succès US (70 millions pour un budget de 40), le film a su bénéficier de sa bande-annonce accrocheuse pour s’imposer sur un sujet assez ardu (le terrorisme).
En 6e position, on retrouve le nouveau film de Wes Anderson (La famille Tenenbaum, La vie aquatique) intitulé A bord du Darjeeling Limited. Rien à voir avec un documentaire sur la culture du thé mais là aussi, coïncidence, de retrouvailles entre trois frères lors d’un voyage en Inde. Owen Wilson et Adrian Body font partie du voyage qui a su attirer 155 971 voyageurs.
Enfin, Le nouveau protocole la vérité à tout prix pointe à la 8e place avec 126 797 entrés. Ce thriller entend pointer les dérives de l’industrie pharmaceutique. Mais à entendre certaines chroniques, il semble que l’on ait plutôt droit à quelques clichés en règle. En attendant, Clovis Cornillac montre que l’acteur n’a absolument pas la stature bankable qu’on lui prête.
Conséquence de la fin du Printemps du Cinéma, tous les films déjà sortis baissent de manière drastique.
Mr 73 perd la moitié de ses entrées pour cumuler 670 691 spectateurs. Le polar d’Olivier Marshall n’a pas réussi à convaincre comme 36 quai des Orfèvres.
Roland Emmerich risque d’obtenir son score le plus faible en France depuis The Patriot (qui avait dépassé le million) avec 10 000. Là aussi baisse de 53% et un cumul de 696 713 entrées. Massacré par la critique, le film répond pourtant à toutes ses promesses : divertissant, rythmé, doté de superbes effets visuels et d’une histoire plus qu’intéressante… Ce n’est certes pas le meilleur Emmerich mais son ambition et sa volonté réussie de bien faire auraient pu prétendre à une meilleure récompense.
Les femmes de l’Ombre sort du top 5 pour arriver à la 7e place et un cumul de 699 340 entrées en 3 semaines pour le film de Jean Paul Salomé. Là aussi, une déception pour un film qui était attendu.
À l’inverse, Taken s’en est bien tiré avec 839 310 entrées. La production Besson a su jouer la contre programmation pour ceux que les films se passant dans le Nord n’intéressent pas.
Enfin, Paris clôt le top 10 avec 1 649 974 entrées. Même s’il fait moins bien que ses précédents films, Klapish a tout de même réussi son
coup
Bienvenue chez les Ch'tis | 15 313 475 | entrées |
Astérix aux Jeux Olympiques | 6 727 742 | entrées |
Enfin Veuve | 2 185 750 | entrées |
Benjamin Gates et le livre des secrets | 1 922 777 | entrées |
Paris | 1 649 974 | entrées |
Into the Wild | 1 245 920 | entrées |
Jumper | 1 113 959 | entrées |
Sweeney Todd | 1 000 138 | entrées |
4 films au delà de
300 millions !! 7 au delà de 200 millions. 17 au delà des 100 millions !! soit 27 films ayant passé la barre fatidique. Pas de doute 2007 a été une bonne année.
Les tréquelles ont donc rempli leurs rôles, même si elles n’ont pas atteint les chiffres des numéros 2. Mais en prenant la tête du BO US, avec plus de 330 millions, Spider-Man 3 clôt (provisoirement) une série qui n’aura perdu que 70 millions depuis le numéro 1. Peter Parker en noir a généré un énorme buzz même si le public a été un peu déçu par un scénario trop rempli de combats et de péripéties. Mais l’attente était énorme après le quasi sans faute du numéro 2.
Shrek 3 n’a pas réussi non plus à faire le score du 2. Là aussi, la surprise n’était plus là et la série commence vraiment à se répéter. Mais peut-on parler d’échec quand on obtient 319 millions de dollars de recette sur le territoire US.
Enfin, la dernière tréquelle , Pirates des Caraïbes : au bout du monde a tiré le mauvais numéro. Malgré une fin ouverte vraiment passionnante, un quart des spectateurs n’a pas voulu savoir quel sort attendait Jack Sparrow. Dommage pour eux, tant mieux pour les autres. Car au final, hé, hé, le meilleur opus de cette série, c’était vraiment le n°3.
La vraie surprise vient de Transformers qui a pris la 3e place du top US. On attendait Bay au tournant après l’échec totalement injustifié de The Island. Le voilà qui bat tous ses records avec ses bagnoles géantes, ses scènes d’action bigger than life totalement déjantée… Bay fait du Bay mais il le fait bien, le public US se prosterne devant lui. Et ce n’est que justice. Du coup, Shia Labeouf, également présent dans Disturbia (près de 80 millions) prend une sérieuse option dans la catégorie Star émergeante , d’autant qu’Indy IV risque de solidifier tour cela.
En 5e position , Harry Potter reste très stable : mine de rien, le score de l’ordre du Phénix est quasiment le même que La coupe de feu. Qui a dit épuisement du filon ?
Suivent ensuite Je suis une légende (qui devient le 2e plus gros hit de Will Smith et qui n’était pas attendu si haut), La vengeance dans la peau (qui clôt de manière franchement brillante la série inspirée des romans de Ludlum), Benjamin Gates et le livre des secrets (qui fait quasiment 50 millions de dollars de plus que le premier opus) , Alvin and the Chipmunks (une surprise , assurément), 300 (LE choc de 2007, un film ouvertement néo-conservateur et brutal), Ratatouille (certes le score le plus faible pour un Pixar depuis 1001 pattes mais un chef d’œuvre absolu qui a eu la malchance de sortir après trop de dessins animés). Voilà pour les doubles millionnaires.
2007 a été l’année de plusieurs retours gagnants : John Mc Clane qui a permis à Willis d’obtenir un nouveau succès mondial avec Die Hard 4, Les 4 fantastiques et le surfer d’Argent a fait moins bien que le premier opus mais s’en tire tout de même avec plus de 130 millions. Même constat pour Rush Hour 3 , dans la lignée du numéro 1 mais à 70 millions de moins que le 2. Ridley Scott a repris la main avec American Gangster , suite aux échecs de Une bonne année et Kingdom of Heaven . À l’inverse, la bande à M. Ocean a clairement marqué ses limites avec les 117 millions de Ocean’s Thirteen. Cela dit, Matt Damon a clairement marqué l’année puisque ses deux films ont passé la barre des 100 millions. Travolta s’est refait une santé avec Wild Hogs et Knocked Up a confirmé que le succès de 40 ans toujours puceau n’était pas dû au hasard, la même équipe ayant fait encore mieux avec cette histoire de grossesse.
L’animation n’a pas encore saturé les écrans mais il y a sans doute eu un peu trop de film. J’ai déjà parlé de Shrek 3 et de Ratatouille mais le score le plus surprenant est venu des Simpsons. La série télé a su brillamment transformé l’essai cinématographie. Bee Movie a eu un peu moins de succès , le film étant pourtant plus consensuel. Bienvenue chez les Robinsons s’est arrêté en dessous de la barre de 100 tandis que Surf’up (les rois de la glisse) n’a pas atteint 60 millions.
Citons aussi , au delà des 100 millions, Ghost Rider, Blade of Glory, Hairspray (que l’on attendait pas si haut), Superbad, I now pronounce you et surtout Juno, un comédie sur la grossesse adolescente qui , mine de rien, a dépassé des poids lourds comme Die Hard pour finir à plus de 140 millions de dollars !!
Niveau déception, il est clair que 2007 n’a pas été faste pour tout le monde. Si La boussole d’or s’est rattrapée à l’international, finir avec moins de 70 millions sur le territoire US constitue un terrible revers, d’autant que le film est l’un des plus coûteux de l’an dernier (plus de 180 millions de dollars). Autre échec, même si moins prononcé Beowulf qui dépasse certes 80 millions mais fait tout de même moitié moins que Pôle Express. Enfin, n’oublions pas Evan tout puissant qui passe peut être les 100 millions mais dont le coût de 165 rend impossible le mot succès. Ces 3 films auraient été moins onéreux, leur destin aurait été différent .
On peut aussi citer la cohorte de films sur le Moyen Orient : Redacted, Dans la vallée d’Ellah, Lions et agneaux (avec Tom Cruise)… Tous des bides. Seul The Kingdom s’en est pas trop mal tiré avec 48 millions.
La saga Saw commence à s’essouffler puisque le 4e volet a à peine dépassé les 60 millions, Stephen King a vu une de ses nouvelles (1408) bien se comporter avec 70 millions.
Une bonne année donc, avec son lot de surprises, de succès attendus et d’échecs mais qui ne restera pas forcément dans les annales car , si l’on enlève Ratatouille, ce sont surtout les séquelles, remakes, adaptations d’autres médiums (jeux vidéos, livres, jouets…) qui auront mené la danse.
Le Bo US va mal !! Malgré plusieurs nouveautés, ce week-end de Pâques
a été le pire depuis 3 ans niveau fréquentation. Et nous n’avons toujours aucun film au delà des 100 millions.
La Fox se félicite tout de même de ce ralentissement puisque Horton hears a who reste premier, malgré une baisse de 45%. Le dessin animé en 3D cumule 86 millions. Une solide performance mais sortis à la même date, ne bénéficiant pas du week-end pascal , L’age de glace et Robots avaient moins baissé (-35 et -42%). Cette baisse de 45%, somme toute importante est d’autant plus étonnante que les critiques sont bonnes. Une chance donc que le démarrage a été bon et la concurrence mollassonne. Les 150 millions de dollars attendus à l’arrivée devraient tout de même l’être mais le film aura plus de mal à les atteindre. En attendant, le budget est d’ores et déjà remboursé.
Tyler Perry tourne plus vite que son nombre. Moins de 6 mois après Why did I Get Maried ? , il revient avec Meet the Browns. Une deuxième place et une ouverture à 20,1 millions place son nouveau film dans sa moyenne. Là aussi, c’est une bonne performance mais là aussi le week end de Pâques aurait dû permettre un meilleur score, d’autant que le réalisateur noir a pris des acteurs un peu plus connus comme Angela Basset et obtenu 2006 cinémas. Maintenant, la question à 100$ : Tyler Perry verra-t-il ce film sortir en France. Aucun des 4 précédents n’a eu les honneurs d’une distribution française.
Petite surprise, le film d’horreur Shutter réussit à se glisser à la troisième place avec 10,4 millions (dans 2754 cinémas). Produit par la Fox, Shutter raconte les mésaventures d’un photographe américain à Tokyo qui découvre une image fantôme parmi ses clichés. Nous avons sans doute affaire à un remake d’un film japonais au vu du sujet.
À la 4e place, Owen Wilson voit sa nouvelle comédie Drillbit Taylor échouer à s’imposer sans ses co-stars habituelles (Vince Vaughn, Ben Stiller, Jackie Chan). Avec 10,3 millions (dans 3 056 cinémas), le film raconte l’histoire improbable de deux collégiens qui font appel à un garde du corps travaillant à bas prix. On se doute qu’avec un tel pitch , on ne va pas voler bien haut.
Never Back down perd 43% d’entrée pour 16,7 millions. Pas terrible mais son budget n’est que de 16,7 millions après tout.
À la 7e place, la comédie de Martin Lawrence, College Road Trip cumule 32 millions en 3 semaines. Pas un très bon score pour le comique qui fait nettement plus quand il se déguise en grosse vieille dame.
Idem pour The Bank Job qui ne parvient pas à séduire : 19,5 millions seulement. Jason Statham a connu des jours meilleurs.
À l’inverse, Vantage Point continue de bien se comporter : le terrorisme à
l’écran a déjà engrangé 65,3 millions pour un coût de 40. On verra demain comment il se comporte en France.
Horton hears a who | 86,4 | millions |
Cloverfield | 79,6 | millions |
Jumper | 77,5 | millions |
10000 B.C. | 76,1 | millions |
27 dresses | 75,6 | millions |
The Spiderwick Chronicles | 67,7 | millions |
Fool's Gold | 67,1 | millions |
Vantage Point | 65,3 | millions |
Hannah Montana | 64,1 | millions |
Step 2 the Streets | 56,7 | millions |
Après le succès de Stargate, le duo
Emmerich/Devlin va ensuite se lancer dans une aventure fantastique , la re-création à l'écran de La guerre des Mondes. Ré actualisant le thème en écrivant eux même le scénario , le duo se lance
ensuite à la chasse au budget en proposant leur traitement à tous les grands studio. C'est la Fox qui réagira le plus vite mais en leur demandant de prouver qu'ils peuvent bien mettre à l'image
les scènes délirantes qu'ils envisagent. Un plan test est réalisé , celui où le mur de la destruction ravage Manhattan, lequel plan s'avère si convainquant qu'il finira dans le film et sera mis
en vedette dans la bande annonce. La Fox donne alors le feu vert et alloue 70 millions de dollars de budget. Quand on sait qu'il en a fallu 180 pour Waterworld , 85 pour Terminator 2 ou 120
pour True Lies, des films qui mettaient scène des projets extrêmement ambitieux, on se demande : mais comment font-ils ?
Simple . Emmerich déteste le gaspillage et sait se servir
d'un petit budget. Il se passe de star, crée ses effets visuels en interne (Centropolis Interactive) et n'hésite pas à utiliser des vieux trucs bidons mais diablement crédibles à
l'écran.
Comment faire voler l'avion présidentiel devant un soleil levant ? Facile : accrocher une maquette commerciale devant une peinture de ciel , allumer une lampe au bon moment et hop ! le plan est dans la boîte pour trois fois rien. ID4 est tout à l'image de cette anecdote : un croisement entre la haute technologie et le système D. Aucun avion n'a volé dans le film et la production a même loué son unique F-16 à celle de Rock. Emmerich se sert également de la production frontale (imitant en cela James Cameron ) jugé moins coûteuse qu'un écran bleu.
Mais avant tout ID4 est une histoire. Une histoire mixant SF et humanisme. Bien loin des accusations ridicules de la presse, Emmerich met tout simplement en scène la 2eme guerre mondiale et milite pour une union mondiale utopique. Se focalisant sur plusieurs personnages (reprenant en cela la recette des films catastrophes) , ID4 prend son temps pour nous faire connaître les destinées de chacun. Bien sûr, le film n'oublie pas d'être spectaculaire et les scènes de destructions des grandes villes sont des scènes d'anthologies. La deuxième partie du film bascule dans une éloge à l'Amérique triomphante mais qu'importe : ID4 , contrairement à Mars Attacks !! ne se prend pas au sérieux et ne fait qu'inviter le spectateur à apprécier un film. Techniquement parfait , long, ambitieux mais pas pédant, doté d'un scénario riche et passionnant, ID4 est tout simplement l'un des meilleurs films de SF de tous les temps, un chef d'oeuvre absolu. Que la majorité des journalistes l'ait descendu n'a absolument aucune importance. Emmerich a tout simplement montré une armée arrogante, cachée derrière sa technologie et qu'une poignée d'hommes et de femmes réussira à détruire par la seule force de son astuce. Cette armée c'est au choix, l'armée nazie, l'armée rouge, l'armée de n'importe quelle dictature où l'individu ne prime pas , n'existe pas.
Alors que personne en France ne s'y attendait, ID4 explose le box office US, laissant loin derrière Mission Impossible que tout le monde voyait déjà comme le grand vainqueur de 96. En Europe , malgré un lynchage médiatique hors du commun, le film se taille la part du lion et des foules massives envahissent le cinéma. L'expérience d'une salle applaudissant à tout rompre ce fabuleux spectacle reste inoubliable pour moi, le sentiment d'avoir partagé avec plusieurs centaines de personnes, la vision d'un génie. Merci Roland
Le pitch : les 12
dernières heures du Christ, de son arrestation à sa résurrection.
Voilà tout simplement le premier choc de 2004. Un film tellement hanté par la foi et imprégné de son propos jusqu'au boutiste qu'une simple analyse ne suffit pas. Peut-être est-il manipulateur (sans doute) ? Peut-être que la mise en scène de Mel Gibson, ne s'interdisant aucun écart, gros plan, ralenti, musique n'est là que pour nous amener à un endroit que l'on n'aurait sans doute pas recherché ? Mais le fait est là : La passion du Christ est un film bouleversant, à mille lieux des polémiques déclenchées ces dernières semaines. Et s'il ne change pas ma position sur la religion, il m'a rappelé combien un message de paix pouvait être foulé au pied par les hommes et combien ces mêmes hommes pouvaient se comporter de manière barbare.
La passion du Christ n'est pas un film antisémite à mon avis. Tout le monde sait que Jésus était juif. Et qu'il a été condamné par une partie de ses pairs, notamment les Pharisiens. Par exemple, Luc écrit "A ces paroles, tous dans la synagogue furent remplis de fureur et ils le (Jésus) chassèrent de la ville". Sur ce point, le script est d'un grand respect aux 4 évangiles. Le dilemme de Ponce Pilate, le comportement d'Hérode, la libération de Barabbas, la demande de la foule pour qu'on le crucifie : tous ces éléments sont dans les Evangiles. Même la ruine du temple est annoncée par Mathieu. Ceux qui estiment que Gibson arrange la vérité devraient relire le nouveau Testament. Vatican II a estimé que les juifs n'étaient en rien un peuple déicide. Et le film de Gibson ne contredit jamais cette affirmation. Il montre une foule hostile, manipulée par Satan mais aussi des gens terrassés par le chagrin. Car, en se proclamant Fils de Dieu, Jésus créait le scandale, aux yeux des grands prêtres, soucieux de leur autorité sur le peuple de Palestine. Logique que l'on ait cherché à le tuer. Gibson filme en fait un procès politique et non un manifeste fasciste comme a osé l'écrire Martin Karmitz. Autre élément, il a été dit à la radio qu'une scène montrait des juifs fabriquer la croix. Or, je n'ai pas vu cette scène. Intox ? De l'autre côté" de l'Atlantique aussi, ce point a été mis en exergue, certains allant jusqu'à comparer La passion aux films de propagandes nazies de l'Allemagne Hitlérienne. À ce propos, la propagande était surtout à base d'affiche et de slogan en Allemagne. La France a plus utilisé le média cinéma pour justifier la collaboration.
La passion du Christ n'est pas non plus un film violent. Certes, la flagellation y est extrêmement dure et les images ne nous épargnent rien du calvaire de Jésus. Mais de l'aveu de Gibson, il s'agit de réveiller les consciences des Chrétiens et de rappeler combien le Christ avait souffert. Pour un Chrétien, Jésus meurt sur la croix pour racheter l'humanité aux yeux de son père. En montrant sa souffrance, la montée vers le Golgotha, Gibson entend dire que ce ne fut pas une partie de plaisir mais pose aussi la question qui peut déranger : qui aurait vraiment pu endurer de telles souffrances pour les autres ? Alors, oui, les gros plans sur les plaies peuvent choquer. Le réalisme du calvaire peut choquer. Mais soyons honnêtes, le film aurait-il eut cet impact sans ces images choquantes ? Au-delà d'un débat sur le voyeurisme (personne ne m'a obligé à aller le voir et j'étais prévenu de l'aspect brutal) , il me semble que la télévision nous montre régulièrement et sans avertissement des images encore plus choquantes.
Il est clair également que, pour quelqu'un que les questions de religion n'intéressent pas, le film perd beaucoup de son intérêt. En tournant en Araméen et en latin, en choisissant de ne pas expliquer le contexte (pas de scènes d'exposition, juste quelque flash-back sur la vie de Jésus avant le jour fatidique) , Gibson entend sans doute obliger le néophyte à se plonger dans les Ecritures et à tenter de comprendre ce qui est suggéré à l'écran. Film pédagogique en fait, ce qui a également déclenché des critiques assez dures en France. SFX a parlé de catéchisme light. Pourquoi pas ? Mais le film n'a pas pour but de raconter la vie de Jésus (d'autres l'ont déjà fait) mais bel et bien de décrire un calvaire.
Mel Gibson, en chrétien convaincu (intégriste ? ) mais également en cinéaste jusqu'au boutiste (rappelez vous Braveheart) ne s'est pas laissé dominer par les limites et le politiquement correct. Le point le plus choquant du film est peut-être même de faire de Satan une femme présente derrière tous les actes barbares de l'humanité. En montrant le combat entre le bien et le mal, le cinéaste énonce peut-être une vérité simpliste, mais il est indéniable que le cinéma étant manichéen, le film ne pouvait échapper à cet aspect. Toutefois, afin de briser l'aspect linéaire du récit, Gibson se permet quelque flash-back. Ces séquences aèrent l'histoire et permettent de rompre le calvaire (en clair, le spectateur peut reprendre sa respiration). Elles éclairent aussi quelques points qui pourraient paraître obscurs pour le néophyte. Le métier de charpentier du Christ, sa rencontre avec Marie Madeleine sur le point d'être lapidée (comme quoi, cette pratique barbare n'est pas l'apanage de quelques imans intégristes), le dernier repas, la mise en garde à Pierre. L'un des flash-back, particulièrement émouvant, voit Marie aller chercher son fils, enfant, tombé à terre comme le ferait n'importe quelle mère. Cette séquence est montée en parallèle avec la chute du Christ, pliant sous le poids de la croix et Marie se précipitant vers lui.
Le calvaire respecte là aussi particulièrement les Evangiles : la rencontre avec Simon, les deux larrons, les phrases du Christ, la mort et la mise au tombeau. Mais là aussi, Gibson ose des images totalement folles comme ce plan mettant directement Dieu en scène et où il laisse perler une larme dévastatrice.Et bien évidemment, le plan final de la résurrection. En terminant ce film, le cinéaste va donc à l'encontre de tout le pessimisme du métrage. Fin logique pour un film chrétien qui le revendique totalement.
Sur un plan cinématographique, le film n'évite pas certains écueils (trop de ralentis et une musique un peu trop omniprésente) mais là aussi, Gibson va jusqu'au bout de son propos. Il met au service de son but (remplir les églises, réveiller les Chrétiens) toutes les techniques de manipulation du cinéma. Dans ce sens, La passion du Christ est un vrai film de propagande. Mais à la différence de beaucoup, il énonce clairement son but et ne cache pas derrière des symboles ou des images. Enfin, en réunissant une troupe d'acteurs venant de pays différents, il affirme aussi son propos œcuménique. Tout se tient et l’on peut vraiment parler d'oeuvre habitée. Ensuite , tout n'est que question de foi.
Les fausses polémiques autour du film auront au moins permis d'écarter les voyeurs ou ceux que la religion indispose. Reste que le succès mondial du film (pas loin de 600 millions pour le moment) montre bien que le regain d'intérêt pour la religion ne soit pas qu'un phénomène passager.
Qui dit film historique dit reconstitution. Ici, un énorme travail a été effectué par une équipe internationale tant au niveau des décors que des costumes ainsi que du travail sur la langue. La gageure de sous-titrer le film est également un aspect du jusqu'au boutisme de Gibson (qui mine de rien reprend une des idées de Stargate à savoir des ET ne parlant pas anglais). Tous ces éléments auraient pu couler le film. Il n'en a rien été.
Film passionnant, oeuvre habitée, film coup de poing, film pédagogique... On peut décliner les étiquettes. Gibson a réussi son pari : faire parler de la passion. Que l'on aime ou que l'on déteste le film n'a finalement que peu d'intérêt. Pour ma part, j'y ai vu un film habité par un message fort mais simple : pardonnez nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous offensés.
Cela devient quasi surréaliste. Pour sa 4e semaine d’exploitation, Bienvenue chez les Ch’tis ne baisse
que de 8% et cumule désormais 12 592 762 entrées. Un score tout bonnement incroyable et qui appelle une séquelle, désormais confirmée. N’ayant toujours pas vu le film, je ne peux en dire grand
chose, mais une chose est claire : pour qu’un long-métrage fasse un tel carton et que le bouche à oreille soit aussi bon, c’est qu’il plaît. De plus, le fameux Printemps du cinéma, avec ses
places à tarif réduit a amplifié encore le mouvement, qui a profité à quasiment tous les films.
Parmi les nouveautés, 10 000 démarre en 2e position avec 474 853 spectateurs. Roland Emmerich a été habitué en France à faire nettement mieux et seul The Patriot avait démarré dans ces eaux, il y
a 8 ans. Il faut dire que la presse n’a pas été tendre avec le film préhistorique. Il est vrai aussi que 10 000 ne bénéficiait que de 557 salles, alors que Le jour d’Après en avait obtenu plus de
700. Les écrans étant monopolisés par les Ch’tis, il n’est pas évident pour les nouveautés de se faire une place au soleil.
D’autant que la concurrence était rude avec le nouveau film d’Olivier Marshall, MR 73, qui visait à peu près le même public. Le polar ultra-noir si l’on en croit critiques, spectateurs et
bande-annonce, a attiré 448 334 personnes, mais le film fait moins l’unanimité que 36, quai des orfèvres (qui avait terminé à plus de 1,7 millions).
Enfin, Modern Love, une comédie romantique française à tiroir, démarre à la 8e place avec Alexandra Lamy, Stéphane Rousseau et une flopée d’acteurs (dont Kad Merad). Seulement 157 280 entrées pas
vraiment un excellent démarrage.
Le printemps du cinéma a donc profité à tous. Ainsi Les femmes de l’ombre ne baisse que de 1% pour arriver à un total de 569 404 entrées en 2 semaines tandis que Taken grimpe de 18% pour 713 605
spectateurs. Si on peut penser que les deux films n’irons pas au million, ils peuvent désormais s’en approcher, surtout Taken.
Paris quitte le top 10 et avec 1 567 130 entrées, Cédric Klapish inscrit donc un nouveau succès à son palmarès, même si celui-ci est moindre que Les poupées Russes ou L’auberge espagnole. Il est
vrai que le succès des Ch’tis a totalement bouleversé la donne.
Michael Gondry voit son Soyez sympa, rembobinez !! rester stable : le film double donc ses entrées et cumule 292 291 spectateurs.
Même chose pour L’heure d’été qui, malgré une baisse de 18%, frôle aussi la barre des 300 000 entrées avec un cumul de 275 070.
Enfin, Benjamin Gates et le livre des secrets clôt le top 10 en affichant un total de 1 880 142 chercheurs de trésor. Au plan mondial, le film de Nicolas Cage cumule 441 millions !!
A noter en dehors du top 10, l'échec de L'orphelinat , plus gros succès de tous les temps en Espagne mais seulement 168 544 entrées chez nous. Les
Français auraient-ils la trouille ?
Millionnaires 2008
Bienvenue chez les Ch'tis 12 592 762 entrées
Astérix aux Jeux Olympiques 6 727 742 entrées
Enfin Veuve 2 185 750 entrées
Benjamin Gates et le livre des secrets 1 880 142 entrées
Paris 1 567 130 entrées
Into the Wild 1 245 920 entrées
Jumper 1 113 959 entrées
Sweeney Todd 1 000 138 entrées