Vendredi matin, Luc Besson et son associé Pierre-Ange Le Pogam arrivent à Los Angeles. Au programme : une rafale de rendez-vous avec les studios et avec plusieurs grandes stars de
Hollywood avec qui ils aimeraient tourner. Lesquelles ? «On ne le dira pas. Nous avions vu tous ces Américains à Cannes et avions convenu de les revoir fin juin», sourit Pierre-Ange Le
Pogam. Tout juste concède-t-il qu'ils espèrent finaliser une série de contrats : l'acquisition des droits de distribution d'un blockbuster présenté par les Américains à Cannes. La vente de
plusieurs films d'EuropaCorp pour les États-Unis. Mais ils veulent aussi boucler le financement et le casting de deux films à vocation internationale. Les deux Français sont partis confiants.
«Grâce à notre entrée en Bourse il y a un an, nous avons beaucoup gagné en notoriété à Hollywood. De plus, les Américains sont contents de notre travail, par exemple du lancement en Europe de
leurs blockbusters tel Hitman», détaille Luc Besson.
Or, la veille, l'ambiance était plus studieuse. Entourés de leurs directeurs, les deux tycoons du cinéma européen ont présenté leurs résultats annuels devant un parterre d'analystes financiers.
C'était aussi l'occasion de faire le bilan, un an après l'entrée en Bourse d'EuropaCorp. L'ambiance était un peu tendue car, comme les actions de la plupart des groupes de médias, celle
d'EuropaCorp a perdu 58 % depuis l'introduction. En un an, le chiffre d'affaires (147,1 millions d'euros) a baissé de 7 % et le résultat net de 16 %, à 6,9 millions
d'euros.
«Un bateau neuf dans une mer déchaînée»
En tee-shirt noir orné d'un dragon, Luc Besson a dédramatisé : «Cette première année en Bourse a été comme de sortir un bateau neuf dans une mer déchaînée.» Rappelant que le cinéma est une
activité de prototype et d'inertie longue puisqu'il faut trois ans après l'écriture d'un script avant de voir le film, il a justifié ce premier bilan un peu décevant en raison du report de six
films. Il a aussi regretté que, pour la première fois en cinq ans, aucun film d'EuropaCorp, y compris Sagan avec Sylvie Testud, n'ait été sélectionné à Cannes. «C'est dommage car quand un film
est en compétition, il se vend de 30 à 100 % plus cher.»
Restait à démontrer qu'«EuropaCorp était en ordre en marche.» À l'écouter, le millésime Cannes 2008 a été extraordinaire. Les ventes à l'export ont atteint un record, avec plus de
20 millions d'euros de recettes. Des dessins animés (Arthur et les Minimoys 2, Arthur 3, Un monstre à Paris) aux comédies comme I Love You, avec Jim Carrey, et aux films d'action tel
Transporteur 3, les quinze nouveautés d'EuropaCorp qui sortiront d'ici à 2009 au cinéma ont séduit les acheteurs. Et le groupe croule sous les projets. L'Immortel, réalisé par Richard
Berry avec Jean Reno, et L'Homme qui voulait vivre sa vie, d'après le roman de Douglas Kennedy, seront tournés cet hiver pour une sortie en 2010.
Les autres projets phares comme la Cité du cinéma (prévue pour 2010), la télévision sur téléphone portable (TMP) (fin 2009) et l'acquisition de catalogues pour vendre des coffrets thématiques
et mettre la main sur des droits de remake sont aussi dans les tuyaux. Tout ce que demande Luc Besson à la Bourse, c'est un peu de… patience.
(Page originale : Le Figaro)