28 juillet 2009
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(en attendant la chronique du 2, une orgie de destruction qui lamine la politique étrangère d'Obama, je remets en ligne la chronique du 1er
film)
Le nouveau Michael Bay est digne de sa filmographie explosive, une véritable réussite. Mais c'est aussi le film le moins personnel de son auteur.
Explications :
Bay était attendu au tournant après l'échec du fabuleux The Island, un des meilleurs films d'anticipation jamais vu et une réflexion
forte sur le clonage, doublé d'un spectacle d'action digne des meilleurs Cameron. Bref, un must donc le bide inexplicable a surtout été la sanction d'un Bad Boys 2 totalement malade et
schyzophrénique. Pour ceux qui l'ignorent, Bad Boys 2 n'est pas seulement le film le plus dingue produit par Bruckeimer , c'est aussi un des long métrages d'action les plus aboutis, ne
reculant devant absolument rien pour exploser la tête du spectateur , pour rendre vert de rage les censeurs et pour mettre à bas l'idée que l'on se fait d'un film policier. Bay avait tout osé,
tout tenté et abouti à un point de non retour dans sa filmographie. Désormais, il devra vivre avec !! Et l'on sait que Orson Welles n'a jamais réussi à dépasser Citizen Kane.
Si , avec The Island, il avait pris le contrepoint de Bad Boys 2 (ryhtme lent, personnages calmes....) tout en gardant intact son
style , sa façon de filmer, sa volonté de mettre sur écran les plus belles images jamais vues, Bay a voulu avec Transformers prendre moins de risques et regagner les faveurs du public.
Le succès du film outre-Atlantique prouve qu'il a eu raison.
Allez évacuons les quelques points faibles du film :
Le script est parfois léger, notamment dans sa progression. On peut trouver étonnant que des robots géants viennent échouer
précisément sur Terre. Il est clair que l'origine du projet (une ligne de jouets, des dessins animés) n'a pas aidé à trouver un script plus sérieux. Il y avait pourtant de quoi faire mais on
sent que l'ombre de tonton Steven a bridé le scénario et certains dialogues. De plus, les voix françaises ne sont vraiment pas terribles.
Autre soucis, la dichotomie génante entre les soldats d'un côté (scènes ultra sérieuses , brutales, menées de main de maître par un
Bay en état de grâce) et LaBeouf de l'autre (passages décontractés à gogo, humour un peu lourdingue, péripéties où l'absence de danger se fait sentir). Et lorsque les protagonistes se
rencontrent enfin, dans les scènes finales, pour détruire le cube, le film devient enfin un pur Bay Movie, une orgie de destruction gonflée à la testotérone, bref ce que nous espérions tous en
entrant dans la salle.
Le pire c'est que les deux aspects du film sont totalement réussis , tant le sérieux des soldats que la légereté de l'ado. Mais
c'est le mix qui est un peu bâclé. Et c'est en cela que je pense que Transformers est le film le moins perso de Bay car s'il avait dirigé le projet de A à Z, il se serait focalisé uniquement
sur les soldats.
Enfin, on ne peut que rager devant la sous-exploitation de l'analyste de la NSA et de son accolyte hacker. Ils apparaissent et
disparaissent au gré de l'histoire sans vraiment de logique.
Passons aux points positifs, ceux qui justifient ma note de 3,5/5.
Visuellement, le film est une splendeur. Bay était né pour ce type de spectacle : les images sont d'une beauté à tomber, rarement
des effets visuels n'ont été aussi bien intégrés dans un métrage, les femmes sont filmées d'une manière sublime... Bref, le réalisateur d'Armageddon n'a rien perdu de sa patte. J'ose le dire :
ce type est un dieu de la caméra, un génie du 7e art et il le prouve encore.
Les personnages de l'histoire sont ultra attachants. Le jeune Shia LaBeouf fait preuve d'un charisme certain et il campe idéalement
l'ado un peu complexé mais intelligent des productions Spielberg des 80's. Le modèle est clairement le Marty de Retour vers le futur. Quand aux autres protagonistes (exception d'une blague
débile sur Bush, ce qui prouve que l'orientation vient plus de Spielberg que de Bay, les opinions de ce dernier ne cadrent pas vraiment avec cette scène) , ils sont aussi bien campés,
stéréotypés juste ce qu'il faut. Enfin, les robots ont chacun leur personnalité !! Du grand art et un beau travail d'écriture.
Qui plus est, Bay ne traite jamais avec cynisme ses personnages, qu'ils soient humains ou robotiques. Un autre que lui serait
rapidement tombé dans la grosse farce. Mais le réalisateur aime son sujet et ce n'est pas lui qui ira se compromettre avec un traitement par dessus la jambe.
Fort heureusement aussi, Bay a eu le droit de placer ces quelques blague salaces dont il a le secret. Certains dialogues sont
croustillants à souhait et , même si on est loin du délire verbal de Bad Boys 2, Transformers n'est pas vraiment un sommet de politiquement correct. Entendre LeBeouf dire à Megan Fox "J'aime
qu'on me tripote la machinerie" (il parle du moteur de sa voiture) ou voir un Autobot se "vidanger" sur un fonctionnaire légèrement parano est à la fois jouissif et délirant.
Enfin, les promesses de la bande annonces sont bel et bien là : des robots géants se foutent sur la tronche dans les rues d'une
grande ville, un decepticon détruit une base de l'USAF au Qatar en balançant des chars sur des avions, les transformations sont hallucinantes et l'on comprend pourquoi Cameron ait mis en
veilleuse son propre projet de robots géants. Du grand art magnifié par un Bay en état de grâce, un réalisateur qui ne vit que pour proposer du spectacle toujours plus grandiose, le David Lean
deu Bigger than Life. Du jamais vu donc dans les salles obscures , malgré quelques petits emprunts à ID4 (le hangar secret contenant Megatron) et un film qui en met plein les mirettes. Qui plus
est, le montage est plus lisible que d'habitude et l'on comprend vraiment ces combats. Le jour où un producteur voudra faire un Goldorak en live, c'est un Bay qu'il lui faudra.
En mettant l'accent sur l'humour, le script réussit également à ne pas se prendre au sérieux. On peut certes le regretter mais la
réaction du public dans la salle montre que le pari est réussi.
Transformers peut donc être considéré comme un Bay en mode mineur. Mais un Bay mineur, c'est aussi le haut du panier dans une
production souvent dénuée d'ambitions. Et gageons que la séquelle qui s'annonce surpassera en brutalité et en spectacle ce film déjà franchement réussi.