27 septembre 2007
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Des routes à perte de vue. Des flics tout de cuir noir vêtus. Un monde gangrené par la violence. Et un jeune acteur inconnu, un certain Mel Gibson. 350 000 $ de budget. 100 millions de
recettes mondiales.
Nous sommes en 1979. Le monde va bientôt être sous le choc : Mad Max quitte l'Australie !! Il obtient le grand prix du Festival de Paris. Le Festival d'Avoriaz lui offre le prix spécial du Jury. Mais il faudra encore deux ans pour que Max puisse rouler dans les salles françaises, et encore, au prix de quelques coupes. L'arrivée de la gauche au pouvoir va permettre une certaine liberté dans le cinéma et des films comme Massacre à la tronçonneuse ou Zombie en profiteront aussi.
Rarement un film n'aura influencé son époque. Sans Mad Max, pas de cinéma à l'arraché style Cameron. Sans Mad Max aurions vu tous ces futurs apocalyptiques menés par des anti-héros ? Snake Plisken ou le Mariner de Waterworld sont les enfants de Max : des misanthropes forcés à l'héroïsme pour déjà sauver leur peau puis , éventuellement celle des autres. Le cyberpunk ? Il doit tout à Max.
Dans ce premier épisode, Max n'a pas encore l'aura du 2e film. Mais il en reste plus humain : flic modèle, bon père de famille et mari aimant, fidèle en amitié, ce n'est que lorsque son monde s'écroule qu'il va se transformer en justicier , bafouant les propres lois de la police et celle de la morale. Il perd déjà sa confiance en la justice de son pays quand des avocats relachent l'agresseur d'un jeune couple. Puis sa frustration éclate au grand jour quand son meilleur ami est sauvagement brûlé par des motards. Enfin, sa colère se transforme en rage quand une bande de fous furieux s'en prend à sa femme et à son fils. Max devient alors une machine à tuer impitoyable, un Dirty Harry du futur.
Mais au final, Max ne trouve pas la paix. Le dernier plan du film le montre dans sa voiture, blessé , vengé peut être mais seul. La vision d'une route vide qui défile devant lui montre l'échec de sa vie. Max a peut être envoyé ses tortionnaires rouler en enfer mais lui se trouve désormais sans but précis. Sa vie n'a plus de sens, tout comme le monde qui s'écroule autour de lui.
Violent , Mad Max l'est assurément !! Mais en aucun cas la violence n'est gratuite , comme dans un vulgaire Saw. Georges Miller assume totalement son propos. La violence ne vient pas de la police mais des bandes motorisées qui font régner la terreur sur la route. On peut même avancer que Mad Max est un film très moral : les bons et les méchants y sont clairement identifiés. En fait, Miller a réalisé un western, substituant les véhicules aux chevaux.
La violence vient surtout d'une impression. On ne voit pas vraiment les brulures au 10e degré du policier, on devine au loin la silhouette fracassée de la femme de Max et de son fils. Les meurtres ont lieu hors champs. Cameron s'en rappellera quand il tournera Terminator, se servant de la rapidité du montage pour faire passer de manière subliminale les meurtres en séries commis par Schwarzenneger !!
A l'inverse, Miller met tout son art dans des cascades totalement inédites : caravane traversée par une voiture, collision frontale entre une moto et un camion à plus de 100 km/h (on se demande d'ailleurs comment survit le cascadeur !!), course poursuite où nous avons le point de vue des conducteurs... Filmé avec soin, dans un cadre composé de manière lisible, Mad Max ne se contente pas que de tôle froissée mais évoque un ballet organique mortelle où les véhicules se jaugent, se poursuivent, se détruisent... Le récent Transformers ne montre pas autre chose.
Quand il parlait de ce film, Miller disait "Avec mon premier Mad Max , j'avais l'impression de tenir un énorme chien en laisse" . Il est vrai que ce film souffre de quelques défauts, dont le faux calme au milieu du métrage quand Max part en vacances avec sa famille. On peut être aussi étonné de certaines plaisanteries homophobes , concernant un couple de motards outrageusement gays !! Mais on n'oubliera pas qu'en 1979, les "folles" étaient légions à l'écran et s'en moquer faisait partie d'un vocabulaire scénaristique classique.
Profitant des paysages grandioses de l'Australie, Miller ne fait cependant pas un film "à la maison". Ces routes, elles peuvent être n'importe où. En Amérique, en Europe, dans l'hémisphère sud !! L'époque n'est pas précisée, la nation non plus. Le flou est laissé un peu partout, y compris dans le début du film. Ce n'est qu'au bout d'un quart d'heure que l'on sait qui est cet "aigle de la route" . Démarrant directement son film par le milieu, Miller ne fait que reprendre la leçon de Lucas, qui lui même s'inspirait des sérials. Le cinéma n'est qu'un éternel recommencement.
Mais la plus grande contribution de Mad Max fut d'avoir imposé Mel Gibson au rang de star mondial. Controversé, Gibson l'est assurément, surtout depuis son imposante Passion du Christ. Mais le personnage de Max est le prototype de ce que seront les autres héros gibsonniens : il souffre, il ne se pose pas de question, il agit. Martin Riggs ne fera pas autrement dans L'arme fatale. En endossant la tenue de cuir, Gibson entre dans le panthéon du cinéma mondial. Il y est toujours.
Ce coup de maître sera suivi par deux suites. Mad Max 2 le défi reste le chouchou du public où Miller réinvente son personnage, et le transforme en Homme sans nom. Le nouveau succès mondial du film, mérité également, installe Gibson au rang de mythe. Enthousiasme général pour une séquelle réussie, voire supérieure à son modèle. A l'inverse, si Max Max 3 au delà du dôme du tonnerre remporte un plus gros succès aux USA (36 millions contre 23), je le trouve, pour ma part, bien plus faible : après une première partie intéressante (malgré l'horrible coupe de cheveux de Tina Turner), le film se perd dans une suite de scènes bavardes où Max, recueilli par une bande de gamins se transforme en une sorte de messie. Mais cet opus 3 a été tellement pillé (la ville de Baretown est largement l'atoll de Waterworld avant la lettre) qu'il a tout de même influencé le cinéma d'anticipation de manière tout aussi puissante.
Quand à Miller, le récent triomphe de Happy Feet ne fera jamais oublié qu'il a ouvert toute entière les portes de l'enfer futuriste. Qu'il en soit remercié.
Mad Max existe en DVD dans une édition minimaliste !! (VO australienne et VF ) . Peut être aurons nous droit à une édition spéciale digne de ce nom en 2009, pour le 30e anniversaire du film.
Nous sommes en 1979. Le monde va bientôt être sous le choc : Mad Max quitte l'Australie !! Il obtient le grand prix du Festival de Paris. Le Festival d'Avoriaz lui offre le prix spécial du Jury. Mais il faudra encore deux ans pour que Max puisse rouler dans les salles françaises, et encore, au prix de quelques coupes. L'arrivée de la gauche au pouvoir va permettre une certaine liberté dans le cinéma et des films comme Massacre à la tronçonneuse ou Zombie en profiteront aussi.
Rarement un film n'aura influencé son époque. Sans Mad Max, pas de cinéma à l'arraché style Cameron. Sans Mad Max aurions vu tous ces futurs apocalyptiques menés par des anti-héros ? Snake Plisken ou le Mariner de Waterworld sont les enfants de Max : des misanthropes forcés à l'héroïsme pour déjà sauver leur peau puis , éventuellement celle des autres. Le cyberpunk ? Il doit tout à Max.
Dans ce premier épisode, Max n'a pas encore l'aura du 2e film. Mais il en reste plus humain : flic modèle, bon père de famille et mari aimant, fidèle en amitié, ce n'est que lorsque son monde s'écroule qu'il va se transformer en justicier , bafouant les propres lois de la police et celle de la morale. Il perd déjà sa confiance en la justice de son pays quand des avocats relachent l'agresseur d'un jeune couple. Puis sa frustration éclate au grand jour quand son meilleur ami est sauvagement brûlé par des motards. Enfin, sa colère se transforme en rage quand une bande de fous furieux s'en prend à sa femme et à son fils. Max devient alors une machine à tuer impitoyable, un Dirty Harry du futur.
Mais au final, Max ne trouve pas la paix. Le dernier plan du film le montre dans sa voiture, blessé , vengé peut être mais seul. La vision d'une route vide qui défile devant lui montre l'échec de sa vie. Max a peut être envoyé ses tortionnaires rouler en enfer mais lui se trouve désormais sans but précis. Sa vie n'a plus de sens, tout comme le monde qui s'écroule autour de lui.
Violent , Mad Max l'est assurément !! Mais en aucun cas la violence n'est gratuite , comme dans un vulgaire Saw. Georges Miller assume totalement son propos. La violence ne vient pas de la police mais des bandes motorisées qui font régner la terreur sur la route. On peut même avancer que Mad Max est un film très moral : les bons et les méchants y sont clairement identifiés. En fait, Miller a réalisé un western, substituant les véhicules aux chevaux.
La violence vient surtout d'une impression. On ne voit pas vraiment les brulures au 10e degré du policier, on devine au loin la silhouette fracassée de la femme de Max et de son fils. Les meurtres ont lieu hors champs. Cameron s'en rappellera quand il tournera Terminator, se servant de la rapidité du montage pour faire passer de manière subliminale les meurtres en séries commis par Schwarzenneger !!
A l'inverse, Miller met tout son art dans des cascades totalement inédites : caravane traversée par une voiture, collision frontale entre une moto et un camion à plus de 100 km/h (on se demande d'ailleurs comment survit le cascadeur !!), course poursuite où nous avons le point de vue des conducteurs... Filmé avec soin, dans un cadre composé de manière lisible, Mad Max ne se contente pas que de tôle froissée mais évoque un ballet organique mortelle où les véhicules se jaugent, se poursuivent, se détruisent... Le récent Transformers ne montre pas autre chose.
Quand il parlait de ce film, Miller disait "Avec mon premier Mad Max , j'avais l'impression de tenir un énorme chien en laisse" . Il est vrai que ce film souffre de quelques défauts, dont le faux calme au milieu du métrage quand Max part en vacances avec sa famille. On peut être aussi étonné de certaines plaisanteries homophobes , concernant un couple de motards outrageusement gays !! Mais on n'oubliera pas qu'en 1979, les "folles" étaient légions à l'écran et s'en moquer faisait partie d'un vocabulaire scénaristique classique.
Profitant des paysages grandioses de l'Australie, Miller ne fait cependant pas un film "à la maison". Ces routes, elles peuvent être n'importe où. En Amérique, en Europe, dans l'hémisphère sud !! L'époque n'est pas précisée, la nation non plus. Le flou est laissé un peu partout, y compris dans le début du film. Ce n'est qu'au bout d'un quart d'heure que l'on sait qui est cet "aigle de la route" . Démarrant directement son film par le milieu, Miller ne fait que reprendre la leçon de Lucas, qui lui même s'inspirait des sérials. Le cinéma n'est qu'un éternel recommencement.
Mais la plus grande contribution de Mad Max fut d'avoir imposé Mel Gibson au rang de star mondial. Controversé, Gibson l'est assurément, surtout depuis son imposante Passion du Christ. Mais le personnage de Max est le prototype de ce que seront les autres héros gibsonniens : il souffre, il ne se pose pas de question, il agit. Martin Riggs ne fera pas autrement dans L'arme fatale. En endossant la tenue de cuir, Gibson entre dans le panthéon du cinéma mondial. Il y est toujours.
Ce coup de maître sera suivi par deux suites. Mad Max 2 le défi reste le chouchou du public où Miller réinvente son personnage, et le transforme en Homme sans nom. Le nouveau succès mondial du film, mérité également, installe Gibson au rang de mythe. Enthousiasme général pour une séquelle réussie, voire supérieure à son modèle. A l'inverse, si Max Max 3 au delà du dôme du tonnerre remporte un plus gros succès aux USA (36 millions contre 23), je le trouve, pour ma part, bien plus faible : après une première partie intéressante (malgré l'horrible coupe de cheveux de Tina Turner), le film se perd dans une suite de scènes bavardes où Max, recueilli par une bande de gamins se transforme en une sorte de messie. Mais cet opus 3 a été tellement pillé (la ville de Baretown est largement l'atoll de Waterworld avant la lettre) qu'il a tout de même influencé le cinéma d'anticipation de manière tout aussi puissante.
Quand à Miller, le récent triomphe de Happy Feet ne fera jamais oublié qu'il a ouvert toute entière les portes de l'enfer futuriste. Qu'il en soit remercié.
Mad Max existe en DVD dans une édition minimaliste !! (VO australienne et VF ) . Peut être aurons nous droit à une édition spéciale digne de ce nom en 2009, pour le 30e anniversaire du film.