9 novembre 2007
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Après une évasion réussie, un ancien truand, de la vieille école, tente de s’enfuir en Italie. Mais très vite son passé va le rattraper et il va comprendre que le milieu a changé.
Sa cavale va se transformer en une longue trainée de sang...
À l’origine du film d’Alain Corneau, on trouve une œuvre un peu méconnue de Jean-Pierre Melville de 1966 (Le samouraï, Le cercle Rouge) tirée elle-même d’un roman de José Giovanni. Melville avait utilisé Lino Ventura et avait filmé en noir&blanc. Corneau emploie Daniel Auteuil (stupéfiant) et filme dans des couleurs chaudes, des tons orange, jaunes, rouge… sang !!
Comme l’original, le film se situe dans les années 60 et il devient alors clair que, au-delà du remake, Corneau a voulu rendre hommage au maître du polar français. Melville a inspiré John Woo (The Killer est un démarquage du Samouraï), Scorcese, Ringo Lam… Corneau lui a voulu faire revivre l’époque flamboyante de ces gangsters élégants, portant costumes et cravates, flinguant en gants et se liant les uns aux autres par une parole sacrée.
En montrant la descente aux enfers de Gu, un truand qui vient de passer 10 ans en prison et qui ne sait pas saisir sa chance de disparaître anonymement, obnubilé par son code de l’honneur, Corneau nous place dans une situation délicate. Car comment admirer un héros qui tue de sang froid pour retrouver son honneur ou pour se faire de l’agent facilement ? Certes, en plaçant des truands moins regardants sur l’honneur, Gilbert Melky et Nicholas Duvauchelle en tête, Corneau relativise la brutalité et la sauvagerie de Gu. Mais, et c’est là le tour de force de ce film impeccable et réussi, on se prend à espérer pour Gu. On le voit évoluer, tel un dinosaure, dans un monde de brutes où seuls sa femme (Monica Belluci, sublime) et quelques vieux complices (Cantonna, épatant, Dutronc, tout en finesse) ont encore confiance en lui.
Corneau aime le cinéma américain. Il lui emprunte certains de ses tics et de ses codes, mais demeure très très classique. Il lui emprunte aussi une violence parfois outrancière. Ici, les fusillades font très mal, le sang gicle et les cadavres s’accumulent tout au long du métrage. On meurt dans la souffrance et la caméra ne nous épargne que peu de détails. Ames sensibles s’abstenir donc mais ces éclats de violences restent ponctuels et ne sont jamais gratuits. D’autant que le cinéaste les contrebalance par des dialogues impeccables, tout droit sortis du livre de Giovanni. Michel Blanc, incroyable en commissaire qui ne peut s’empêcher d’admirer Gu et qui rêve sans doute de le rejoindre de l’autre côté de la barrière, déclame un texte que l’on croirait issu des meilleurs polars des années 50 et 60, à l’époque où le dialogue était au service de l’image et non pas un véhicule à bons mots !! C’est d’ailleurs au travers de ce personnage, de ce flic tenace , que Melville mettait en avant son admiration pour les personnages quasi parfaits et d’une moralité irréprochable. Blanc met toute son énergie à capturer Gu mais se refuse à utiliser les méthodes barbares du policier marseillais.
Corneau adopte aussi le rythme lent du cinéma de Melville. Lent mais pas long, nuance !! Si l’action peut parfois s’étirer, c’est parce que le script prend son temps, ne noie pas le spectateur sous un déluge de référence… En fait, Le 2e souffle est un vrai film à l’ancienne, filmé avec les techniques de maintenant (il est clair que le numérique a été utilisé pour modifier considérablement les couleurs !!) mais le rythme des 60’s. Un OVNI dans la production française actuelle qui a souvent tendance à confondre efficacité et hystérie !!
En adaptant de nouveau le classique de José Giovanni, Corneau fait plus que rendre hommage, il réalise un véritable film d’auteur, une vraie perle noire et montre à tous ceux qui pensaient le contraire que, non, le cinéma français peut encore se montrer digne, sans tomber dans la copie de bas étage !!
À l’origine du film d’Alain Corneau, on trouve une œuvre un peu méconnue de Jean-Pierre Melville de 1966 (Le samouraï, Le cercle Rouge) tirée elle-même d’un roman de José Giovanni. Melville avait utilisé Lino Ventura et avait filmé en noir&blanc. Corneau emploie Daniel Auteuil (stupéfiant) et filme dans des couleurs chaudes, des tons orange, jaunes, rouge… sang !!
Comme l’original, le film se situe dans les années 60 et il devient alors clair que, au-delà du remake, Corneau a voulu rendre hommage au maître du polar français. Melville a inspiré John Woo (The Killer est un démarquage du Samouraï), Scorcese, Ringo Lam… Corneau lui a voulu faire revivre l’époque flamboyante de ces gangsters élégants, portant costumes et cravates, flinguant en gants et se liant les uns aux autres par une parole sacrée.
En montrant la descente aux enfers de Gu, un truand qui vient de passer 10 ans en prison et qui ne sait pas saisir sa chance de disparaître anonymement, obnubilé par son code de l’honneur, Corneau nous place dans une situation délicate. Car comment admirer un héros qui tue de sang froid pour retrouver son honneur ou pour se faire de l’agent facilement ? Certes, en plaçant des truands moins regardants sur l’honneur, Gilbert Melky et Nicholas Duvauchelle en tête, Corneau relativise la brutalité et la sauvagerie de Gu. Mais, et c’est là le tour de force de ce film impeccable et réussi, on se prend à espérer pour Gu. On le voit évoluer, tel un dinosaure, dans un monde de brutes où seuls sa femme (Monica Belluci, sublime) et quelques vieux complices (Cantonna, épatant, Dutronc, tout en finesse) ont encore confiance en lui.
Corneau aime le cinéma américain. Il lui emprunte certains de ses tics et de ses codes, mais demeure très très classique. Il lui emprunte aussi une violence parfois outrancière. Ici, les fusillades font très mal, le sang gicle et les cadavres s’accumulent tout au long du métrage. On meurt dans la souffrance et la caméra ne nous épargne que peu de détails. Ames sensibles s’abstenir donc mais ces éclats de violences restent ponctuels et ne sont jamais gratuits. D’autant que le cinéaste les contrebalance par des dialogues impeccables, tout droit sortis du livre de Giovanni. Michel Blanc, incroyable en commissaire qui ne peut s’empêcher d’admirer Gu et qui rêve sans doute de le rejoindre de l’autre côté de la barrière, déclame un texte que l’on croirait issu des meilleurs polars des années 50 et 60, à l’époque où le dialogue était au service de l’image et non pas un véhicule à bons mots !! C’est d’ailleurs au travers de ce personnage, de ce flic tenace , que Melville mettait en avant son admiration pour les personnages quasi parfaits et d’une moralité irréprochable. Blanc met toute son énergie à capturer Gu mais se refuse à utiliser les méthodes barbares du policier marseillais.
Corneau adopte aussi le rythme lent du cinéma de Melville. Lent mais pas long, nuance !! Si l’action peut parfois s’étirer, c’est parce que le script prend son temps, ne noie pas le spectateur sous un déluge de référence… En fait, Le 2e souffle est un vrai film à l’ancienne, filmé avec les techniques de maintenant (il est clair que le numérique a été utilisé pour modifier considérablement les couleurs !!) mais le rythme des 60’s. Un OVNI dans la production française actuelle qui a souvent tendance à confondre efficacité et hystérie !!
En adaptant de nouveau le classique de José Giovanni, Corneau fait plus que rendre hommage, il réalise un véritable film d’auteur, une vraie perle noire et montre à tous ceux qui pensaient le contraire que, non, le cinéma français peut encore se montrer digne, sans tomber dans la copie de bas étage !!