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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 07:18
beowulf_8.jpgLe pitch : Beowulf, un jeune guerrier danois entreprend de délivrer le royaume d’un monstre sanguinaire. 50 ans plus tard, le voilà confronté à ses propres démons.

On le sait. Robert Zemeckis est un fou de technologie. Il est sans doute, avec Cameron, Lucas ou Spielberg, celui qui a vraiment redéfini le cinéma de ces 20 dernières années, l’un des responsables de la révolution numérique. Avec Beowulf, il continue donc son expérimentation tout azimut sur ce qu’il pense être le cinéma de demain.

Techniquement, le film va au-delà de Pôle Express. Les expressions des visages, l’animation des personnages, le regard : tout a été amélioré, repensé, refondu. Même si on n’atteint pas encore la fluidité et l’impression de vie d’un film live, on commence à s’y approcher vraiment. Les traits des comédiens sont plus que reconnaissables (Angelina Jolie est quasi à l’écran ainsi qu’Anthony Hopkins) et surtout, on oublie très vite que l’on a affaire à des icônes pixellisées pour se focaliser sur l’histoire.

Autre amélioration, les décors et les textures ont aussi été revus à la hausse. Là où le Pôle Express proposait surtout des formes parfois simples , le parti pris a été d’aller au-delà et de se frotter au réalisme. Le résultat est surprenant, surtout dans le choix des couleurs. Beowulf est nettement plus ancré dans le réel que son prédécesseur, un conte, je le rappelle.

Enfin, le soin maniaque apporté à l’animation des objets concourent à amener le film dans des contrées jamais encore vues. Le moindre tabouret, les armes, les vêtements, tout respire le « comment y-z-ont fait ? » !! Zemeckis qui s’affranchit des pesanteurs d’un tournage se retrouve comme un peintre avec une palette infinie de couleurs. Mais il n’en abuse finalement pas, préférant rester dans un registre plutôt sombre. Idem pour les mouvements de caméra : peu d’esbroufe , des mouvements tournoyants mais réalistes... Bref, Beowulf aurait pu être tourné « normalement ». Après tout, Eragon a montré que l’on pouvait créer un dragon en 3D et le faire interagir de manière naturelle avec des comédiens.
20070725-Beowulf-1.jpg
Mais un film, avant tout, c’est une histoire. En choisissant de mettre en scène le plus vieux poème en langue anglo-saxonne (écrit au VIIe siècle et probablement couché sur papier autour de l’an mille par des scribes chrétiens), Zemeckis prend le risque de se couper des références classiques, même si le poème fait partie du cursus de lettres classiques outre-atlantique et dans les pays du  nord, au même titre que La chanson de Roland pour nous. De plus, il suit le récit quasiment à la lettre (la lutte du jeune Beowulf contre Grendel, la séduction du guerrier par la mère du monstre, l’épilogue 50 ans plus tard quand devenu roi, Beowulf doit affronter le fruit de ses erreurs et de ses mensonges) ,  une structure qui ne cadre pas toujours avec un récit cinématographique classique.

Ainsi, l’ouverture et l’exposition sont relativement longues et pourront paraître bavardes à certains, d’autant que la première vraie scène d’action, le combat de Beowulf contre Grendel, n’intervient qu’au bout de 30 minutes environ. Mais cela permet à Zemeckis de dresser le portrait de la société danoise païenne. Il est d’ailleurs intéressant de voir que le personnage le plus hostile au jeune guerrier va se convertir au christianisme.

La séduction de Beowulf par la mère de Grendel est quasi onirique : on abandonne les teintes réalistes pour un monde plus chamarré, plus rougeoyant. On note à ce moment un important écart par rapport au poème : Beowulf décapitait la femme, ici, il la laisse en vie.

180px-Beowulf.firstpage.jpegLa dernière partie du film se situe 50 ans plus tard, ce qui permet au film de vieillir ses personnages sans avoir recours au maquillage et voit donc Beowulf obliger d’affronter son destin et ses erreurs. Il y laissera sa vie, mais sauvera son honneur. Dans le poème, le dragon n’est que le gardien du trésor mais c’est bel et bien à cause d’un esclave qu’il attaque le peuple du roi.

Par contre, la dernière scène qui voit la mère de Grendel séduire le dernier compagnon de Beowulf est un rajout.

C’est dans cette dernière partie que se situe la 2e grosse scène d’action, un véritable roller coster qui justifie à lui seul la vision du film. Zemeckis se lâche totalement et offre des mouvements démentiels et un rythme qui rappellent les meilleurs métrages d’animation.

On peut également voir , dans ces moments, que le film a été tourné pour être projeté en 3D et l’on se plaît à rêver le voir en Imax, écrans hélas trop rares en France.

Au final, Zemeckis réussit son pari de recréer une société disparue, parvient à emballer le spectateur et à dépasser le simple phénomène d’épate. C’est un vrai film qu’il nous propose pour peu que l’on accepte un rythme inégal mais dicté par le poème.

Dommage que le public Français soit passé à côté de cette incursion dans un passé lointain et qu’il ait refusé de s’intéresser à cette autre culture, cette culture que nous ne connaissons pas mais qui pourtant a contribué à forger la Normandie donc, un peu notre France.

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commentaires

D
Effectivement, Claude, je me suis aperçu que je n'ai pas parlé des dialogues, qui sont très poétiques et parfois assez coquins. La scène où l'un des guerriers de Beowulf regarde une charmante danoise en train de frotter le sol est pleine de sous entendus.<br /> <br /> Frédéric, je suis d'accord avec toi, l'animation a progressé de manière impressionnante et à ce rythme , on risque de se prendre une grande claque en 2009.
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F
Une animation visuelle bluffante au service d'un scénario plus fouillé et plus noir que d'habitude. Ayant revu à Noël, le magnifique "Pôle Express", je trouve qu'ils ont fait de réels progrès dans l'animation. C'est dire que j'attends fin 2009, son adaptation de "Christmas Carol" avec Jim Carrey.
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C
J'ai bien aimé les scènes de banquet. Ainsi que les allusions grivoises.
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  • Enseignant, fan de cinéma et de métal, chanteur dans différents groupe de métal, collectionneur de tout ce qui touche à Star Wars... what else ?
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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