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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 07:18
p6262.jpgLe pitch : Suite à de catastrophiques dérèglements climatiques, les pays occidentaux se trouvent confrontés à une vaste et brutale ére glaciaire qui submerge toute l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans cette ambiance de fin du monde, un scientifique va tenter de sauver son fils, prisonnier des glaces à New York

Le nouveau film de Roland Emmerich se présente tout simplement comme l'une des meilleures surprises de cette année. Renouant avec le film à personnages multiples qu'il avait un peu abandonné avec The Patriot, le réalisateur allemand le plus doué de sa généréation réussit là à la fois un spectacle total et une fresque intimiste qui renvoie aux meilleurs moments d'ID4, son chef d'oeuvre absolu. On avait un peu perdu Emmerich depuis quelques années. Patriot remontait à 2000 et avait marqué un changement de cap un peu abrupte mais le cinéaste était resté incompris de la critique. En 1998 , Godzilla, malgré des qualités incontestables, n'avait pas réussi à se hisser à la hauteur des ambitions du studio , et ce , malgré un succès mondial certain (plus de 380 millions de dollars rien qu'en salles et un carton en vidéo !). Pour son grand retour, après quelques productions (Arac Attack )  , Emmerich revient à ce qu'il sait faire de mieux : imbriquer des évènements extraordinaires dans des contextes de tous les jours et y enchasser des personnages humains. Le résultat est donc à la hauteur de nos espérances et son succès public (il a d'ores et déjà battu Troie et Van Hesling, films réputés pourtant plus attendus)

Les visiteurs de SOI le savent, je voue un véritable culte à Roland Emmerich et ce depuis la vision de Moon 44 il y a de cela près de 15 ans. Autant dire que j'attends ses nouveaux films avec un mélange d'excitation et de crainte. Le génial Teuton va-t-il encore m'enchanter ou risque-t-il de me décevoir pour la première fois ? Car  , avec Le jour d'Après, on pouvait craindre une redite : un nouveau film catastrophe, un raz de marée (déjà vu Deep Impact), un sauvetage, des tornades à la Twister. Bref, rien de bien nouveau. Sauf que , sur ce canevas un peu usé, Emmerich brode merveilleusement bien  , servi, comme à l'accoutumée , par des effets visuels absolument déments et d'une perfection rare. Rien à voir avec les scènes de Deep Impact. Quand aux tornades de Twister, elles sont ici enfoncées, preuve de l'avancée technologique impressionnante des effets spéciaux. Mais cette perfection technique ne serait rien sans le côté humain. Emmerich n'aime tant que raconter des histoires et ces personnages se doivent d'avoir un background. Les cyniques argumenteront que certains clichés ne font que renforcer la fadeur mais en faisant ressembler ses protagonistes à monsieur tout le monde, Emmerich vise plus que l'identification du spectateur, il nous donne en fait un reflet et n'entend pas faire un blockbusters classique bourré de testotérone.

En bouclant le film pour 125 millions de dollars (à comparer avec les 160 de Van Hesling, les 190 de Troie, les 100 d'Alamo ou même les 90 de The Stepford Wife), le cinéaste met une fois de plus son crédo en pratique : "Chaque dollars doit être à l'écran". Une maxime qu'il a hérité de ses maîtres Cameron et Spielberg. En choississant des acteurs peu onéreux , il se permet de garder son budget pour l'image. A ce point de vue , la réussite est totale . Les équipes des effets visuels ont passé près d'un an sur certains plans. Emmerich, lui même , a travaillé quasiment deux années sur le film. Désirant à tout prix offrir à son public des images inédites , le réalisateur a donc tout fait pour que le travail soit irréprochable. De plus, son approche classique de la mise en scène donne le temps au spectateur de bien admirer . Rien à voir avec certains spectacles à effets visuels montés à la hache. Les décors , grandioses, n'en sont que mieux utilisés et le sentiment d'assister parfois à une reportage donne une force inédite au film.

Alternant les scènes à grand spectacles et les petites aventures humaines, le film réussit à unir ses deux aspects dans le sauvetage qu'effectue Denis Quaid. En le faisant partir quasiment seul à New York pour sauver son fils, le récit prend alors le contrepoint d'ID4 et se refuse à une surenchère . Le plus spectaclaire du film se situe donc dans sa première partie et la deuxième heure, même si elle dispense quelques poussées d'adrénaline (l'attaque des loups, le front froid qui submerge Quaid...) permet surtout aux personnages de s'affirmer. En tissant quelques micro-aventures (le sauvetage de la jeune femme par exemple , ou l'attente de l'enfant dans l'hôpital) , le récit ne s'éparpille pas mais montre combien le destin ne tient finalement qu'à peu de chose.

Comme à son accoutumée, le destin de plusieurs personnes est le moteur de l'histoire. Certains aspects sont même laissés en suspens comme le sort des climatologues en Angleterre (dirigée par le trop rare Ian Holm), même si l'on se doute qu'il est forcément funeste. Mais en tissant des liens entre les différents personnages pour finalement n'en retenir que deux, Emmerich fait là aussi dans le refus de la démesure . On pourra lui argumenter un optimisme un peu forcé mais l'essence du film n'est pas là, finalement. Ce côté optimiste est d'ailleurs radicalement contre-dit par les dernières images. Le miracle a lieu pour quelques personnes mais la Terre devient alors un monde glacé et il est clair que l'avenir ne sera pas vraiment souriant. Pas de sauvetage in-extremis , le climat étant un titant que l'on ne peut pas affronter.

On a beaucoup glosé sur le côté "politique" du film. Comme d'habitude, et tout comme en 96 la presse avait fait des parallèles entre le président d'ID4 et le président Clinton, alors que celui de fiction était clairement républicain, nous n'avons pas échappé au martelage de Bush via Le jour d'Après. S'il est vrai que le film est très critique envers l'administration américaine en matière d'environnement, le retournement de la politique du vice président (qui évoque effectivement Bush) à la fin du film montre bien que le film n'est pas  si agressif que cela. Soit dit en passant, le congrès sous Clinton avait également refusé de ratifier le protocole de Kyoto et l'ex président avait émis le voeu de le faire avant de le faire juste avant la fin de son mandat, histoire de laisser la patate chaude à son successeur. Quand à la France et la quasi totalité des pays de la planète, ils ne l'on soit pas signés soit pas mis dans leur constitution. Dire que les USA sont les seuls responsables de la mauvaise santé de la planète est donc très exagéré.

Il n'empèche que Le jour d'Après se veut un contrepoint à ID4 comme si Emmerich, blessé par les attaques contre le "nationalisme" d'ID4 tentait de s'excuser. Ici, donc la présidence ne contrôle rien et le président meurt hors champs, les citoyens US se réfugient au Mexique et les scientifiques prennent le pouvoir. Le message écologique du film devient un véritable argument massue et la description de cet avenir fait froid dans le dos. Mais même ces concessions n'ont pas empéché les critiques imbéciles, surtout en France, et Emmerich se trouve au final dans la même situation que Michael Bay : descendu en flamme quand il met en scène son propre style et raillé quand il tente d'évoluer.

Mais malgré cela , comme dans tous ses films, Le jour d'Après se conclue par un appel à la solidarité et à la tolérance. Et le rejet de ce message par une partie de la presse montre à quel point ses idéaux démocratiques n'en sont pas vraiment. En noyant le vrai sujet du film (une obligatoire collaboration nord-Sud) , les détracteurs de Roland Emmerich ne font qu'affirmer haut et fort leur racisme anti-américain. Est ce vraiment la seule vision du monde à laquelle nous avons droit ?
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commentaires

F
J'ai vu quelques premières réactions, y'en a qui sont agréablement surpris, mais y'a aussi des petits prétentieux du forum qui trouvent idiots etc. Franchement, je comprends pas une telle haine envers Emmerich, c'est comme si je disais que leurs Frère Coen ou Gondry étaient nuls et à chier ! Voilà, mon petit coup de gueule du jour.
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F
Bon, ça y'est j'ai vu "10 000", c'est énorme. Y'a une première partie assez réaliste et une deuxième plus fantaisiste, mais le spectacle en vaut la peine sans aller dans la surenchère. Gros coup de coeur.
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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