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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 07:17
Je continue donc ma rétrospective Spielberg , toujours à rebours. Place à un des films les plus attachants du maître, injustement qualifié de mineur.

Le pitch : originaire d'un pays de l'est imaginaire victime d'un coup d'état, un homme se trouve coincé dans une faille du système des douanes américains. Sans passeport, il ne peut entrer aux USA mais sans pays reconnu par les USA, il ne peut rentrer chez lui. Petit à petit  , il va organiser sa vie...


Spielberg Revolution !! Pour la première fois depuis Surgaland Express, Tonton Steven nous offre un film contemporain qui ne soit pas fantastique. Pas de dinosaure, pas de petit martien égaré, pas de police devinant vos pensées...rien qu'une histoire se déroulant à notre époque, sans artifice, sans scène d'action et sans prouesse technique délirante. Hormis la reconstitution de Kennedy Airport (iun décor dément cela dit en passant), Le terminal est un des films les plus simples de Spielberg, ne reposant que sur ses acteurs et ses dialogues. Très peu de musique, un décor unique, des ellipses narratives.. Pas de doute, le cinéaste s'est fait plaisir et a envisagé son film comme une récréation.

Cela dit , la mue était perceptible avec Arrête moi si tu peux où le cinéaste était revenu à la comédie 23 ans après 1941. Moins d'artifice et plus d'humanité. Après 5 énormes films (Lost Word, Amistad, Ryan, AI et Minority Report, excusez du peu), Spielberg a éprouvé le besoin de souffler. Mais, Arrête moi... se déroulant dans le passé, il fallait quand même en passer par une grosse logistique. Ici, rien de tel et le budget de 60 millions de dollars (un petit budget désormais pour les normes d'Hollywood) en ait une preuve flagrante, même si le cinéaste a toujours fait preuve d'une grande économie.

Alors qu'en est-il de cette orientation nouvelle ? Sympa !! En revenant aux sources des films de Capra, il en retenu le meilleur et a délibérement tourné le dos au cynisme qui aurait pu torpiller Le Terminal. On a parlé de critique acerbe envers la politique d'immigration des USA ? Pas vraiment, puisque même le chef de la sécurité se laissera aller à de meilleurs sentiments. Et de toutes façons, cette situation ubuesque aurait pu se produire partout . La preuve, l'inspiration vient d'un citoyen iranien coincé en France. Ceux qui ont profité du film pour assouvir leur americophobie en sont pour leur frais.

Ni méchant ni engagé, Le Terminal dégage un humour naïf magnifié par le jeu extraordinaire de Tom Hanks qui , là aussi, se retrouve nu devant Spielberg. Pas de grosses logistiques évoquant le débarquement et pas de premier rôle pour lui voler la vedette (qu'il ne recherchait d'ailleurs pas). Hanks est tout simplement merveilleux et redevient le simple gars que l'on a apprécié dans Nuits blanches à Seattle ou dans Seul au Monde : un acteur au top et qui mériterait un 3eme Oscar pour une telle performance. Bien sûr, il ne l'aura pas car depuis quelques années, il ne suffit plus de bien jouer pour obtenir la statuette, il faut s'enlaidir, se la jouer débile mental ou travestir sa personnalité pour séduire l'Académie.

Hanks porte le film, trop peut être, et imprègne l'histoire de sa morale que certains jugent simplette : le monde peut être beau si l'on s'en donne la peine. En restant honnête envers et contre tout, son personnage change les autres et les rend meilleurs. Certes, cette morale est très américaine (ce qui fait que le film n'est pas si critique que cela) mais après tout, elle a le mérite d'être inoffensive et surtout de s'inscrire dans une logique rassurante. Conservateur ? Sans doute mais qui a dit que la nouveauté était forcément meilleure ?

Les seconds rôles servent Hanks et lui assurent une continuité dans l'histoire, donnent leur lot de rebondissement et permettent au héros d'aller d'un point A à un point B, émotionnellement s'entend. Catherine Zeta Jones, qui travaille directement pour Spielberg pour la première fois, est également merveilleuse dans ce rôle de femme enfant qui ne sait finalement pas ce qu'elle veut vraiment. Et en refusant un happy end attendu (non, les deux tourtereaux ne vieilliront pas ensemble), Spielberg refuse finalement de céder à la facilité.

Car cet immense réalisateur, qui n'a plus rien à prouver, qui incarne le cinéma actuel, n'a toujours pas choisi la voie de la facilité et de la renonciation. A l'heure où les plus grands metteurs en scènes d'Hollywood comme Mc Tierman ne parviennent plus à imposer leur vision, à l'heure où on peut faire un film en montant des images de propagande, à l'heure où des hommes aussi respectables qu'Emmerich crachent dans la soupe , à l'heure où les studios ne jurent plus que par séquelles, comics, stars bankable, il est rassurant de voir que Spielberg reste intègre et ne fait pas forcément le film que le spectateur veut voir.

Savourons cet hymne à l'espoir et cette volonté de revenir à un cinéma plus pur, plus simple, plus humain.
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commentaires

C
Nul ? Arretez, ce film est une vraie cure de jouvence , un divertissement qui m'a rappelé les comédies de ma jeunesse.
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M
Alors là je suis pas du tout d'accord avec toi sur la conclusion ! <br /> Par contre, l'analyse reste la même : le film est simple, très simple, TROP simple. L'humour à Spielberg, il ne fait rire que lui (de nombreuses vannes des Indiana Jones vous en convaincront), et son esprit critique a toujours été inexistant (je me demande encore ce qui lui est passé par la tête lorsqu'il a tourné le dos aux JO de Pékin ! )<br /> Le scénario est vide, la mise en scène plate.<br /> <br /> Ce film n'est pas mauvais, il est juste nul : il n'y a rien à voir. Alors que justement on sait qu'on peut attendre beaucoup de Steven ! Pour moi, c'est l'apogée de ce passage à vide que représentent les années 2000 dans sa filmo. Espéront qu'IJ4 sera le film qui lui redonne envie de fair eles choses bien.<br /> <br /> En attendant, pour moi, Le terminal n'est pas un film. C'est un téléfilm.
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G
Bravo pour ta critique. Effectivement, LE TERMINAL a été un peu ignoré à sa sortie, voire carrément méprisé. En fait, il faut sans doute l'aborder comme une comédie hollywoodienne à l'ancienne, ce que suggèrent ce décor intégralement reconstitué en studio et cette romance impromptue avec Catherine Zeta Jones. La performance de Tom Hanks est assez hallucinante et j'ai un petit faible pour la partition de John Williams, empreinte des sonorités de l'est.
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La côte

***** Chef d'oeuvre !!

**** Très bon, allez y vite !!

*** 1/2 * Entre le bon et très bon, quoi...

*** Un bon film

** Moyen, attendez la vidéo

* Comment ai-je pu aller voir ça ??

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