26 juin 2008
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Le pitch : Indiana Jones cherche à retrouver un mystérieux crâne de cristal, avant une équipe russe qui cherche à acquérir une arme ultime.
Disons le tout de suite, si j’ai tant tardé à mettre la chronique d’Indy 4 c’est que, dégoûté par les spoilers lus à droite et à gauche, j’ai choisi d’attendre que le film soit sorti depuis un moment pour en parler.
Je pense que si vous lisez cette chronique, vous avez vu le film. Sinon, revenez quand vous l’aurez vu.
Indiana Jones et le crâne de cristal est sans doute l’une des arlésiennes les plus attendues du cinéma. Pensez qu’il y a 19 ans qu’Indy, son père et le professeur Brody s’éloignaient sur fond de soleil couchant. Certains d’ailleurs refusent que leur héros reviennent et renient ce 4e épisode. Pas bien grave, chacun peut avoir son avis.
Indy 4 fonctionne à la nostalgie. On a envie de revoir le personnage et dès sa première apparition, un frisson nous parcourt l’échine. Certes, Ford a vieilli mais Spielberg en a tenu compte. Jones n’est donc pas un Jason Bourne carburant au viagra et ne survivant que par les effets numériques mais un homme de 65 ans qui cherche à faire son travail le mieux possible.
En fait, Spielberg a réalisé son film comme il le faisait il y a 20 ans. On croirait presque un retour en arrière, comme si La liste de Schindler, AI ou Il faut sauver le soldat Ryan n’avaient jamais existé. Exit donc le montage brutal de Minority Report, exit les questionnements sur notre monde de La guerre des monde ou Munich, exit aussi la photographie délavée de Kaminski , qui a dû reprendre ici le style lumineux de Douglas Slocombe.
On pourrait penser que le réalisateur radote mais c’est tout le contraire. Refusant de se fondre dans la mode, ou de moderniser à outrance sa mise en scène des Indy, il permet au spectateur de respirer et de suivre agréablement les péripéties du film.
Idem pour le montage : on reste dans du Michael Khan pur et simple : c’est lisible, c’est incroyablement efficace et l’on se situe tout de suite dans l’espace. Par contre, on ne peut qu’être étonné par les faux raccords.
Visuellement, cet épisode est splendide et compte des décors magnifiques, sans doute les plus beaux de la saga : du hangar immense où l’armée US range toutes ses « trouvailles » au temple des extra-terrestres, du bar typiquement 50’s au cimetière péruvien en passant par les multiples passages dans la jungle, à aucun moment on ne retrouve le côté un peu cheap des premiers épisodes. Il est vrai que le numérique aide énormément et les effets visuels, superbement intégrés, sont une réussite incontestable. On se rappelle que pour le 3e épisode, ILM avait travaillé à la va vite et fournit des effets de qualité très inégale.
Belles images, beaux décors, bon montage, bonne mise en scène. Mais quid de l’histoire ?
Hé bien, elle n’est pas mal du tout. Certes, certaines pistes auraient mérité d’être explorées (qui sont ces gardiens du cimetière ?). Certes, certains rebondissements ne sont pas très crédibles (le coup du frigo pour échapper à une explosion nucléaire, c’est peut-être rigolo mais pour le réalisme…). Certes, la méchante Russe est sous-exploitée. Mais au final, là aussi, David Koep a réussi à garder l’essence des personnages, introduisant quelques clins d’oeils aux premiers films (l’arche d’alliance) et même à la série (Pancho Villa) qu’on espère enfin éditée en DVD en France. Indiana reste l’aventurier bougon et chanceux que nous aimons tous, la tête brûlée qui réfléchit après avoir agi, bref là aussi, pas de réactualisation. Tant mieux.
D’autant qu’en introduisant Shia Labeouf, malgré une imitation un peu trop exagéré du Brando de l’équipée sauvage, le scénario pallie à la fois l’absence de Sean Connery et ouvre une porte vers un passage de relais. Ainsi, la scène où Mutt ramasse le chapeau de son père, tente de le mettre sur sa tête avant qu’Indy ne lui reprenne annonce la couleur : ton tour viendra mais pas tout de suite.
Et surtout, le retour de Marion, la Indy-Girl la plus aimée de la série est une idée géniale : non seulement, cela boucle la boucle puisque les deux héros se marient enfin, mais surtout cela permet d’avoir un personnage que nous connaissons déjà, donc de s’identifier plus facilement. Et ça, c’est vraiment bonnard. Surtout que Karen Allen assume ses rides et impose son visage qui en a vécu !! Comment a-t-on pu se passer d’elle aussi longtemps ?
D’un point de vue action, le film est un peu plus lent que les autres. Là aussi, Spielberg et Lucas ont résisté à la surenchère, introduisant de longues plages où la cervelle prime sur le muscle. Mais quand ils se lâchent, ils ne font pas dans la dentelle : poursuite dans la jungle, attaque de fourmis géantes (qui rappelle un peu la scène de La momie avec les scarabées), chute vertigineuse dans des rapides, entrée dans le temple avec ce gigantesque escalier escamotable, révélation finale… N’en jetez plus, la cour est pleine. Efficacité maximale pour une dernière demi-heure d’anthologie, rythmée, drôle, délirante, quasi parfaite.
Mais l’aspect le plus important du film, sans doute celui qui l’a grillé auprès d’une partie du public, c’est cette volonté de mettre le film dans les années 50 mais de faire un film des années 50. Tout y est : le péril rouge, les insectes géants, la parapsychologie de bazar, les querelles entre bandes de jeunes, le péril atomique, les extra-terrestres, les soucoupes volantes. Un incroyable catalogue de tout ce que l’on projetait dans les drive in des 50’s. En fait, le film fonctionne totalement à la nostalgie. Mais pas celle des années 80, celle de la jeunesse de Lucas et Spielberg. Logique que les jerks aient un peu de mal avec ce film. Lucas étant devenu la cible numéro 1 de certains cinéphiles, logique aussi que cet Indy 4, dont il revendique la paternité, soit leur nouvelle cible.
Film héritier des années 80 par son style mais plongeant ses racines dans les années 30 pour le serial et les années 50 pour le contexte, Indiana Jones et le crâne de cristal est forcément un spectacle qui sera ré évalué dans les années à venir car il condense à la fois l’œuvre et les idées de Spielberg tout en divertissant un maximum. Il rend également justice à l’idée de Lucas du cinéma : pas forcément un spectacle qui submerge le spectateur jusqu’à plus soif, mais un simple film d’aventure à l’ancienne mâtinée de quelques notions d’histoire.
Au final, ce 4e Indy n’est pas forcément ce que l’on attendait. Mais vous savez quoi ? c’est tant mieux !!
Disons le tout de suite, si j’ai tant tardé à mettre la chronique d’Indy 4 c’est que, dégoûté par les spoilers lus à droite et à gauche, j’ai choisi d’attendre que le film soit sorti depuis un moment pour en parler.
Je pense que si vous lisez cette chronique, vous avez vu le film. Sinon, revenez quand vous l’aurez vu.
Indiana Jones et le crâne de cristal est sans doute l’une des arlésiennes les plus attendues du cinéma. Pensez qu’il y a 19 ans qu’Indy, son père et le professeur Brody s’éloignaient sur fond de soleil couchant. Certains d’ailleurs refusent que leur héros reviennent et renient ce 4e épisode. Pas bien grave, chacun peut avoir son avis.
Indy 4 fonctionne à la nostalgie. On a envie de revoir le personnage et dès sa première apparition, un frisson nous parcourt l’échine. Certes, Ford a vieilli mais Spielberg en a tenu compte. Jones n’est donc pas un Jason Bourne carburant au viagra et ne survivant que par les effets numériques mais un homme de 65 ans qui cherche à faire son travail le mieux possible.
En fait, Spielberg a réalisé son film comme il le faisait il y a 20 ans. On croirait presque un retour en arrière, comme si La liste de Schindler, AI ou Il faut sauver le soldat Ryan n’avaient jamais existé. Exit donc le montage brutal de Minority Report, exit les questionnements sur notre monde de La guerre des monde ou Munich, exit aussi la photographie délavée de Kaminski , qui a dû reprendre ici le style lumineux de Douglas Slocombe.
On pourrait penser que le réalisateur radote mais c’est tout le contraire. Refusant de se fondre dans la mode, ou de moderniser à outrance sa mise en scène des Indy, il permet au spectateur de respirer et de suivre agréablement les péripéties du film.
Idem pour le montage : on reste dans du Michael Khan pur et simple : c’est lisible, c’est incroyablement efficace et l’on se situe tout de suite dans l’espace. Par contre, on ne peut qu’être étonné par les faux raccords.
Visuellement, cet épisode est splendide et compte des décors magnifiques, sans doute les plus beaux de la saga : du hangar immense où l’armée US range toutes ses « trouvailles » au temple des extra-terrestres, du bar typiquement 50’s au cimetière péruvien en passant par les multiples passages dans la jungle, à aucun moment on ne retrouve le côté un peu cheap des premiers épisodes. Il est vrai que le numérique aide énormément et les effets visuels, superbement intégrés, sont une réussite incontestable. On se rappelle que pour le 3e épisode, ILM avait travaillé à la va vite et fournit des effets de qualité très inégale.
Belles images, beaux décors, bon montage, bonne mise en scène. Mais quid de l’histoire ?
Hé bien, elle n’est pas mal du tout. Certes, certaines pistes auraient mérité d’être explorées (qui sont ces gardiens du cimetière ?). Certes, certains rebondissements ne sont pas très crédibles (le coup du frigo pour échapper à une explosion nucléaire, c’est peut-être rigolo mais pour le réalisme…). Certes, la méchante Russe est sous-exploitée. Mais au final, là aussi, David Koep a réussi à garder l’essence des personnages, introduisant quelques clins d’oeils aux premiers films (l’arche d’alliance) et même à la série (Pancho Villa) qu’on espère enfin éditée en DVD en France. Indiana reste l’aventurier bougon et chanceux que nous aimons tous, la tête brûlée qui réfléchit après avoir agi, bref là aussi, pas de réactualisation. Tant mieux.
D’autant qu’en introduisant Shia Labeouf, malgré une imitation un peu trop exagéré du Brando de l’équipée sauvage, le scénario pallie à la fois l’absence de Sean Connery et ouvre une porte vers un passage de relais. Ainsi, la scène où Mutt ramasse le chapeau de son père, tente de le mettre sur sa tête avant qu’Indy ne lui reprenne annonce la couleur : ton tour viendra mais pas tout de suite.
Et surtout, le retour de Marion, la Indy-Girl la plus aimée de la série est une idée géniale : non seulement, cela boucle la boucle puisque les deux héros se marient enfin, mais surtout cela permet d’avoir un personnage que nous connaissons déjà, donc de s’identifier plus facilement. Et ça, c’est vraiment bonnard. Surtout que Karen Allen assume ses rides et impose son visage qui en a vécu !! Comment a-t-on pu se passer d’elle aussi longtemps ?
D’un point de vue action, le film est un peu plus lent que les autres. Là aussi, Spielberg et Lucas ont résisté à la surenchère, introduisant de longues plages où la cervelle prime sur le muscle. Mais quand ils se lâchent, ils ne font pas dans la dentelle : poursuite dans la jungle, attaque de fourmis géantes (qui rappelle un peu la scène de La momie avec les scarabées), chute vertigineuse dans des rapides, entrée dans le temple avec ce gigantesque escalier escamotable, révélation finale… N’en jetez plus, la cour est pleine. Efficacité maximale pour une dernière demi-heure d’anthologie, rythmée, drôle, délirante, quasi parfaite.
Mais l’aspect le plus important du film, sans doute celui qui l’a grillé auprès d’une partie du public, c’est cette volonté de mettre le film dans les années 50 mais de faire un film des années 50. Tout y est : le péril rouge, les insectes géants, la parapsychologie de bazar, les querelles entre bandes de jeunes, le péril atomique, les extra-terrestres, les soucoupes volantes. Un incroyable catalogue de tout ce que l’on projetait dans les drive in des 50’s. En fait, le film fonctionne totalement à la nostalgie. Mais pas celle des années 80, celle de la jeunesse de Lucas et Spielberg. Logique que les jerks aient un peu de mal avec ce film. Lucas étant devenu la cible numéro 1 de certains cinéphiles, logique aussi que cet Indy 4, dont il revendique la paternité, soit leur nouvelle cible.
Film héritier des années 80 par son style mais plongeant ses racines dans les années 30 pour le serial et les années 50 pour le contexte, Indiana Jones et le crâne de cristal est forcément un spectacle qui sera ré évalué dans les années à venir car il condense à la fois l’œuvre et les idées de Spielberg tout en divertissant un maximum. Il rend également justice à l’idée de Lucas du cinéma : pas forcément un spectacle qui submerge le spectateur jusqu’à plus soif, mais un simple film d’aventure à l’ancienne mâtinée de quelques notions d’histoire.
Au final, ce 4e Indy n’est pas forcément ce que l’on attendait. Mais vous savez quoi ? c’est tant mieux !!