27 juillet 2008
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![](http://idata.over-blog.com/1/17/90/66/affiches/batmanbegins.jpg)
3ème départ pour Batman, après les versions schyzo de Tim Burton et l'option gay de Joël Schumacher. 3ème tentative pour la Warner de créer une franchise réellement rentable et ce sur plus d'un film. Le premier Batman fut un triomphe mais Batman le Défi n'eut pas le succès estompé et le studio changea d'orientation. Schumacher remit au goût du jour les couleurs flashy des sixties et Batman Forever fit un carton . Mais Batman et Robin passa avec difficulté la barre des 100 millions et on décida de remettre le Caped Crusader au placard.
Conscient de son erreur , même si Schumacher ne fit que ce qu'on lui demandait , à savoir
fournir des films d'actions spectaculaires et inoffensif, le studio a donc décidé de revenir aux sources et ce pour la 3ème fois.
Conscient que la Marvel a obtenu ses plus gros succès en
laissant des fans et des gens connaissant les super héros faire ses films, la Warner a donc engagé David Goyer, l'homme qui a lancé Blade et Christopher Nolan, auteur remarqué de Insomnia et
Mémento, deux véritables auteurs et non des yes men . Le résultat est un film à la fois spectaculaire mais non écrasé par sa logistique, sombre dans son propos, cohérent si l'on fait table rase
des premiers chapitres et surtout sérieux. Rien à voir avec le fun et les couleurs de Schumacher. Et pour se démarquer de Burton, le héros est bel et bien Batman, pas les méchants.
On pourra reprocher un léger manque d'envergure aux deux méchants ainsi que des motivations un
peu floues mais si l'on considère ce film comme le premier d'une série (d'où son titre) , il est normal que le caped crusader ne soit pas amené à affronter des menaces ultra sérieuses. Après tout
il est en apprentissage . Si l'on met ce point de côté, force est de constater que le film est une réussite totale et que Nolan a réussi son pari. Le triomphe du film aux USA en est une preuve
évidente.
L'aspect principal du film est réalisme. Ici, Batman est Bruce Wayne et non un surhomme bardé
de gadgets et accomplissant des choses impossibles , comme le firent les Batman de Schumacher. On perd peut être en spectaculaire mais on y gagne en sérieux. Même la Batmobile se fond dans
cette optique et en devient une sorte de tank blindé . Tant pis pour le glamour. Mais c'est dans le traitement du personnage que le travail de Goyer et Nolan est le plus impressionnant :
Batman redevient humain tout en gagnant une animalité (la voix métallique et dure quand Wayne porte le masque) et une brutalité que n'avait pas ses précédentes incarnations . Plus de rigolade ou
de super vilains faisant de bons mots mais un plongeon vers la noirceur. Le public a désormais évolué et il est intéressant de noter que cette année, d'autres films comme La revanche des Sith ou
La guerre des mondes se sont également tournés vers un univers sombre. La métamorphose du cinéma spectaculaire US entamée par Minority Report se poursuit donc.
Et c'est tout l'univers qui bénéficie de ce lifting. Alfred n'est plus un papy gâteau, le
commissaire Gordon passe du guignol attendant que Batman fasse son boulot à un vrai flic s'investissant dans son travail. Batman maltraite les criminels , sacrifie son alter ego afin de mieux
faire s'investir dans sa croisade (la scène de l'anniversaire où Wayne insulte sa "cour" pour être tranquille). Les supers vilains ne sont pas en reste : L'épouvantail utilise la peur et
l'épouvante pour arriver à ses fins (même si ces motivations sont un peu obscures) et Ras'al Ghul affiche clairement ses objectifs d'extermination. Gotham, quand à elle, redevient ce cloaque sans
nom où la haute société ignore ses bas-fonds et où le crime reste impuni. On notera que quasiment toutes les scènes de Gotham sont nocturnes et dans un monochrome sombre. Bref, on est très
loin de l'univers aseptisé et bon enfant de Schumacher. Ici, l'inspiration est clairement le Batman de Miller, décidément à l'honneur cette année.
En repartant au tout début de l'histoire et en montrant les fondements du héros avec des scènes
jamais vues au cinéma comme l'entraînement avec Henry Ducard, Nolan décide de faire oeuvre de négationiste. Son Batman n'a que faire des précédents films. Il détruit avec une joie certaine tout
ce qu'on fait ces prédécesseurs et ne laisse guère d'options à ses éventuels successeurs . Les nouveaux Batman seront sombres . Ne parle-t-on pas du Dark Knight ? L'ultime scène du film , où une
carte montre que le Joker a fait son apparition est également une belle fin ouverte. Batman Begins ou un titre qui n'a jamais été aussi bien mérité.
Mais là où le film atteint totalement ses objectifs c'est dans son rôle titre. Christian Bale
est aussi à l'aise en Batman qu'en Bruce Wayne. Sa silhouette massive , son air à la fois égaré et décidé, sa volonté inébranlable qui se lit dans ses yeux en font un parfait interprète pour un
super héros qui reste avant tout un être humain. Rien à voir , là aussi, avec la fadeur de Georges Clooney . Wayne redevient une machine vengeresse, obsédé par son passé.
Mention identique pour les autres acteurs : que cela soit Liam Neeson (qui réserve une sacré
surprise au dernier tiers du métrage) , Gary Goldman (qui obtient enfin un personnage positif), Morgan Freeman (parfait en technicien high tech), Katie Holmes qui ne se contente pas de jouer les
poupées de service et même Cillian Murphy dont le visage poupin cache un criminel redoutable et sans remords. Seul bémol, Ken Watanabe n'est pas assez exploité et on peut même penser que son rôle
répond plus à des impératifs commerciaux qu'autre chose.
Batman Begins est donc à la fois une excellente introduction pour les néophytes, une fabuleuse
relaunch et une oeuvre jubilatoire pour tous les fans du Caped Crusader. Espérons juste que la Warner a vraiment compris la leçon.