29 août 2008
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Le pitch : À travers l’histoire de Célie, Spielberg raconte le destin d’une famille afro américaine dans le sud des USA.
Quand en 1986, Steven Spielberg décide de quitter le monde des petits aliens, des aventuriers et des requins géants, la critique s’interrogea. Comment cet homme, roi du bloc-fumeur , pouvait-il oser s’attaquer à un sujet sérieux, en l’occurrence La couleur pourpre, un roman sur la condition d’une femme noire aux USA durant le premier tiers du XXe siècle !! Le monde impitoyable du show business lui fera d’ailleurs un affront terrible : aucun Oscars en 86 malgré plusieurs nominations majeures !!
En fait, en 84, Spielberg vient de signer son film le plus noir (à l’époque) : le temple maudit où sous couvert d’aventure en Inde, il arrache des cœurs à mains nues, torture des enfants et introduit tout un folklore barbare à un public médusé. C’est à cette époque où Lucas et lui voient leur couple partir en quenouille. Le cinéaste a sûrement dû douter. La réalisation de La couleur pourpre va lui permettre de changer brusquement de trajectoire !!
Disons le tout de suite, c’est un des rares Spielberg que je n’ai jamais vu en salle. À l’époque , je me ruais plutôt vers des blockbusters comme Highlander ou Karaté Kid II et des spectacles bien « couillus » comme Rocky IV, Cobra ou Aliens. J’avoue qu’un périple dans le Sud profond ne m’intéressait pas.
Et je ne fus sans doute pas le seul puisque seuls 1,7 millions de spectateurs se rendirent voir la mue du maître !!
Grave erreur !! Je ne saurais jamais comment rendent les magnifiques paysages sur un très grand écran. Je ne saurais jamais comment rend le visage incroyable de Whoopy Wholberg sur une surface de plusieurs centaines de mètres carrés et je pourrais jamais savoir comment une salle réagissait à ces scènes folles comme la bagarre dans le cabaret, la découverte des lettres ou les retrouvailles de Célie avec les enfants.
Car Spielberg, en changeant de registre, a réussi un coup de maître, un film d’une densité extraordinaire où il aborde le racisme, la brutalité conjugale, l’inceste, la condition noire (les blancs ne sont ici que des figures passagères) et même l’homosexualité féminine (d’une manière fugace, il est vrai).
Les critiques se sont acharnés sur le caractère angélique du film, sur le fait que même l’infâme Monsieur, joué à la perfection par un Danny Glover impérial, obtient sa rédemption en offrant à la sœur de Célie son « billet » de retour aux USA.
Mais qu’en est-il ? Angélique, une séparation d’un demi-siècle ? Angélique, des existences sexuelles misérables où le viol le dispute à l’inceste ? Angélique, une plongée dans un racisme ordinaire où la parole du blanc vaut plus que celle du noir.
On accusa aussi Spielberg de misérabilisme alors que l’observateur sérieux peut voir que le quotidien matériel de Célie et de ses compatriotes évolue, que le matérialisme et le modernisme profitent aussi à la classe noire. Spielberg n’a fait que prendre la description d’un quotidien en évolution !!
Formidable cinéaste de divertissement, le réalisateur a ici appliqué ses codes à une œuvre plus terre à terre mais sans tomber dans le pathétique ou le politiquement correct. Ici, les noirs ont les mêmes défauts que les blancs, ni plus ni moins. Les ridicules accusations de racisme tombent d’elles mêmes !!
Au final, La couleur pourpre raconte l’histoire d’âmes en peine qui vont retrouver le chemin du bonheur et du pardon (voir ainsi cette scène magnifique où la chanteuse envahit l’église pour demander à son père de la reprendre dans sa vie). Spielberg filme la foi comme un spectacle joyeux et ose la mettre en parallèle avec le cabaret d’Harpo !!
Comme tout film de Spielberg , la facture technique est irréprochable et la reconstitution historique d’une maîtrise parfaite. Le cinéaste, qui adore reconstituer une époque, s’en donne à cœur joie et recrée un Sud de carte postale, finalement bien éloignée de l’idée qu’on s’en fait. Il met son art au service de son histoire et refuse de faire dans le spectaculaire : ses paysages et ses images le font à sa place !!
N’oublions pas la musique : pour la seule fois de sa carrière depuis Les dents de la mer, il ne fait pas appel à son vieux complice John Willams mais au musicien de génie Quincy Jones. Jusqu’au bout de sa logique, Spileberg ne limite pas les afro-américains à son seul casting.
Film à la fois triste et joyeux, film chorale où émerge un personnage, La couleur Pourpre est à l’image du paradoxe Spielberg : capable de terroriser la planète avec des dinosaures et de lui mettre la conscience à l’épreuve.
Dommage qu’en 86, je ne fus pas assez « grand » pour le comprendre !!
Ce n’est pas grave, la vidéo a tout rattrapé. Warner a édité, il y a quelques années un magnifique double DVD. C’est celui ci qui a remplacé ma vieille VHS enregistrée sur feu La 5 !!
Quand en 1986, Steven Spielberg décide de quitter le monde des petits aliens, des aventuriers et des requins géants, la critique s’interrogea. Comment cet homme, roi du bloc-fumeur , pouvait-il oser s’attaquer à un sujet sérieux, en l’occurrence La couleur pourpre, un roman sur la condition d’une femme noire aux USA durant le premier tiers du XXe siècle !! Le monde impitoyable du show business lui fera d’ailleurs un affront terrible : aucun Oscars en 86 malgré plusieurs nominations majeures !!
En fait, en 84, Spielberg vient de signer son film le plus noir (à l’époque) : le temple maudit où sous couvert d’aventure en Inde, il arrache des cœurs à mains nues, torture des enfants et introduit tout un folklore barbare à un public médusé. C’est à cette époque où Lucas et lui voient leur couple partir en quenouille. Le cinéaste a sûrement dû douter. La réalisation de La couleur pourpre va lui permettre de changer brusquement de trajectoire !!
Disons le tout de suite, c’est un des rares Spielberg que je n’ai jamais vu en salle. À l’époque , je me ruais plutôt vers des blockbusters comme Highlander ou Karaté Kid II et des spectacles bien « couillus » comme Rocky IV, Cobra ou Aliens. J’avoue qu’un périple dans le Sud profond ne m’intéressait pas.
Et je ne fus sans doute pas le seul puisque seuls 1,7 millions de spectateurs se rendirent voir la mue du maître !!
Grave erreur !! Je ne saurais jamais comment rendent les magnifiques paysages sur un très grand écran. Je ne saurais jamais comment rend le visage incroyable de Whoopy Wholberg sur une surface de plusieurs centaines de mètres carrés et je pourrais jamais savoir comment une salle réagissait à ces scènes folles comme la bagarre dans le cabaret, la découverte des lettres ou les retrouvailles de Célie avec les enfants.
Car Spielberg, en changeant de registre, a réussi un coup de maître, un film d’une densité extraordinaire où il aborde le racisme, la brutalité conjugale, l’inceste, la condition noire (les blancs ne sont ici que des figures passagères) et même l’homosexualité féminine (d’une manière fugace, il est vrai).
Les critiques se sont acharnés sur le caractère angélique du film, sur le fait que même l’infâme Monsieur, joué à la perfection par un Danny Glover impérial, obtient sa rédemption en offrant à la sœur de Célie son « billet » de retour aux USA.
Mais qu’en est-il ? Angélique, une séparation d’un demi-siècle ? Angélique, des existences sexuelles misérables où le viol le dispute à l’inceste ? Angélique, une plongée dans un racisme ordinaire où la parole du blanc vaut plus que celle du noir.
On accusa aussi Spielberg de misérabilisme alors que l’observateur sérieux peut voir que le quotidien matériel de Célie et de ses compatriotes évolue, que le matérialisme et le modernisme profitent aussi à la classe noire. Spielberg n’a fait que prendre la description d’un quotidien en évolution !!
Formidable cinéaste de divertissement, le réalisateur a ici appliqué ses codes à une œuvre plus terre à terre mais sans tomber dans le pathétique ou le politiquement correct. Ici, les noirs ont les mêmes défauts que les blancs, ni plus ni moins. Les ridicules accusations de racisme tombent d’elles mêmes !!
Au final, La couleur pourpre raconte l’histoire d’âmes en peine qui vont retrouver le chemin du bonheur et du pardon (voir ainsi cette scène magnifique où la chanteuse envahit l’église pour demander à son père de la reprendre dans sa vie). Spielberg filme la foi comme un spectacle joyeux et ose la mettre en parallèle avec le cabaret d’Harpo !!
Comme tout film de Spielberg , la facture technique est irréprochable et la reconstitution historique d’une maîtrise parfaite. Le cinéaste, qui adore reconstituer une époque, s’en donne à cœur joie et recrée un Sud de carte postale, finalement bien éloignée de l’idée qu’on s’en fait. Il met son art au service de son histoire et refuse de faire dans le spectaculaire : ses paysages et ses images le font à sa place !!
N’oublions pas la musique : pour la seule fois de sa carrière depuis Les dents de la mer, il ne fait pas appel à son vieux complice John Willams mais au musicien de génie Quincy Jones. Jusqu’au bout de sa logique, Spileberg ne limite pas les afro-américains à son seul casting.
Film à la fois triste et joyeux, film chorale où émerge un personnage, La couleur Pourpre est à l’image du paradoxe Spielberg : capable de terroriser la planète avec des dinosaures et de lui mettre la conscience à l’épreuve.
Dommage qu’en 86, je ne fus pas assez « grand » pour le comprendre !!
Ce n’est pas grave, la vidéo a tout rattrapé. Warner a édité, il y a quelques années un magnifique double DVD. C’est celui ci qui a remplacé ma vieille VHS enregistrée sur feu La 5 !!